Comme chaque année, Touchdown Actu vous propose une série d’articles pour tout savoir du Super Bowl. Du stade aux oppositions en passant par les coachs ou les clés du match, vous saurez tout sur l’évènement football américain de l’année.
Après les représentants de la NFC hier, direction le centre des États-Unis pour nous plonger dans l’histoire des Kansas City Chiefs.
Quelques chiffres
63 saisons entre 1960 et 2022.
Record : 521 victoires – 433 défaites – 12 nuls.
Playoffs : 24 apparitions, 16 victoires – 19 défaites.
Super Bowl : 2 victoires (1969, 2019) en 4 participations (1966, 1969, 2019, 2020).
Titre AFL (avant 1966) : 1962
Titres de division : 14 (1966, 1971, 1993, 1995, 1997, 2003, 2010, 2016, 2017, 2018, 2019, 2020, 2021, 2022).
Leader à la passe : Len Dawson (2115/3696, 28 507 yards, 237 touchdowns, 178 interceptions).
Leader à la course : Jamal Charles (1332 courses, 7 260 yards, 43 touchdowns).
Leader à la réception : Tony Gonzalez (916 réceptions, 10 940 yards, 76 touchdowns).
Un peu d’histoire
L’ogre en AFL
En 1959, un texan de 26 ans, ne parvenant pas à obtenir les Chicago Cardinals en NFL s’est lancé dans une quête folle qui allait changer radicalement le visage du football professionnel. Ce jeune homme était Lamar Hunt, fils d’un riche magnat du pétrole. En un an, il a non seulement créé son équipe (Dallas Texans) mais également la ligue dans laquelle elle évoluerait (AFL) avec sept autres équipes (Boston, Buffalo, New York, Houston, Denver, Oakland, San Diego) tout en assurant la présidence de deux entités.
Initialement basés à Dallas, les Texans devaient faire face à la concurrence des Cowboys, franchise d’expansion de la NFL, en partageant notamment le même terrain (Cotton Bowl). Malgré cette « rivalité » géographique, l’équipe d’AFL s’est rapidement imposée comme l’une des équipes la plus forte de la nouvelle ligue. Après des refus de Bud Wilkinson et Tom Landry, Hunt a engagé Hank Stram de l’université de Miami au poste d’entraineur en chef. Lors de leur troisième saison, les Texans, emmenés par le quarterback Len Dawson, ont remporté le championnat après une victoire 20-17 face aux Houston Oilers au terme du plus long match de football professionnel jamais joué jusque là (77 minutes, 54 secondes et 2 prolongations).
Ce titre a marqué la fin de la période texane de la franchise. Bien qu’il se soit bien débrouillé à Dallas, Hunt a décidé de transférer sa franchise à Kansas City dès la saison suivante. Et ce pour le bien de la ligue. L’équipe a été rebaptisée Chiefs et continuait de connaître le même succès qu’à ses débuts. Ils ont remporté un second titre AFL en 1966, synonyme de qualification pour le premier Super Bowl, où ils se sont inclinés face aux Packers 35-10 lors de ce rendez-vous baptisé initialement « championnat du monde AFL-NFL ».
En 1969, Kansas City a remporté un troisième titre AFL pour devenir l’équipe la plus victorieuse de cette ligue. Dans la foulée, ils ont battu les Vikings 23-7 lors du Super Bowl IV pour s’adjuger leur seule et unique bague. Ce sera également le dernier match joué par un représentant de l’AFL suite à la fusion des deux ligues en 1970. Les Chiefs ont été placés en AFC, dans la même division que les Broncos, Chargers et Raiders.
En 10 saisons d’AFL, les Chiefs ont battu tous les records avec un bilan de 92 victoires, 50 défaites, 5 nuls, avec à sa tête Hank Stram, unique entraineur de l’équipe sur cette période. Grâce au recrutement de Hunt, l’équipe possédait des superstars dont cinq ont terminé au Hall of Fame : le quarterback Len Dawson, le defensive tackle Buck Buchanan, le linebacker/defensive end Bobby Bell, le linebacker Willie Lanier et le kicker Jan Stenerud. Pour son rôle central dans la formation de la NFL moderne, Hunt a également eu le droit à cet honneur en 1972. Le trophée récompensant le vainqueur de l’AFC porte également son nom.
Les montagnes russes
Après une première décennie victorieuse, la suite de l’histoire est faite de quelques hauts mais surtout beaucoup de bas. Une seule apparition en playoffs en 1971 puis 9 saisons négatives entre 1972 et 1985, avant de retrouver les joies d’un match à élimination directe en 1986. Après quelques années passées dans le stade municipal de 49 002 places, les Chiefs ont emménagé en 1972 dans leur maison actuelle, l’Arrowhead Stadium situé dans le complexe sportif Truman, à l’extérieur du centre-ville de Kansas City.
Entre 1989 et 1998, Marty Schottenheimer avait en main les rênes de l’équipe qu’il a guidé en playoffs dès sa seconde année avec sept participations en huit ans. À son crédit, une finale AFC perdue face à Buffalo en 1994 (30-13). Les stars de l’époque se nommaient Joe Montana (quarterback), Derrick Thomas (linebacker) ou bien encore Neil Smith (defensive end).
Après cinq ans d’attente et deux changement d’entraineur, Kansas City a retrouvé les phases éliminatoires. Sous la houlette de Dick Vermeil, K.C a remporté sa division en 2003 avec l’aide du running back Priest Holmes et tight end Tony Gonzalez, avant de chuter une nouvelle fois d’entrée de jeu. Les montagnes russes sportives étaient associées à des changements multiples au niveau du front office et du staff, avec à chaque fois le même résultat : aucune victoire en playoffs. Comme un malheur n’arrive jamais seul, Lamar Hunt décède dans cette période tumultueuse le 13 décembre 2006 des suites de complications liées à un cancer de la prostate. Les Chiefs et la ligue ont honoré ce grand monsieur qui a tant œuvré pour l’expansion du football. À sa mort, son fils Clark a été nommé président de la franchise.
Les heures de gloire
Depuis 2013, l’équipe est entre les mains expérimentées d’Andy Reid, réputé pour sa faculté à développer les quarterbacks. Dès sa première saison, il a conduit l’équipe en Wild Card, mais a connu le même sort que ses prédécesseurs avec une nouvelle défaite, poussant la série négative à 20 années de disette en playoffs. La malédiction s’est finalement brisée en 2016 avec une victoire 30-0 face à Houston, avant d’être éliminé au tour suivant par les Patriots, champions en titre. Les trois saisons suivantes, les Chiefs ont remporté à nouveau l’AFC Ouest avec des bilans prometteurs et une bonne qualité de jeu affichée. Mais à chaque fois, ils ont trébuché quand la route s’est élevée, notamment l’année dernière en tombant à domicile en finale de conférence malgré un Patrick Mahomes stratosphérique pour sa première saison en tant que titulaire (5 097 yards, 50 touchdowns, 12 interceptions, 113.8 d’évaluation statistiques).
En 2019, le vent a tourné. La formation du Missouri est arrivée en forme au bon moment, avec des joueurs décisifs à des postes clés, et malgré l’absence de leur franchise quarterback pendant quelques semaines. Les Chiefs ont terminé avec 12 victoires en 16 matchs, suffisant pour rafler la 2ème place en AFC lors de la dernière semaine de saison régulière. Sur leurs terres, ils sont venus à bout des Texans (51-31), en dépit d’un départ catastrophique et 24 points de retard au début du second quart-temps. Mahomes a été le grand bonhomme de la soirée avec 5 passes de touchdowns à son actif. Pour la seconde année consécutive, ils ont eu la chance de recevoir la finale de conférence. Et cette fois, ils n’ont pas laissé passer l’occasion face à de surprenants Titans, tête de série numéro 6, tombeurs des Patriots et Ravens aux tours précédents. Un succès 35-24 et les voilà qualifiés pour leur premier Super Bowl en 50 ans. Le 2 févier 2020, au Hard Rock Stadium de Miami, l’adversaire se nommait San Francisco. Après une première mi-temps équilibrée (10 partout), le numéro 15 a lancé deux interceptions sur deux drives consécutifs, permettant aux californiens de prendre 10 points d’avance à 12 minutes du terme (20-10). Kansas City a alors enclenché la seconde en inscrivant 3 touchdowns (Travis Kelce et Damien Williams par deux fois) sans encaisser le moindre point. Une victoire finale 31-20, avec un Mahomes nommé MVP. C’était la première fois de l’histoire qu’une équipe confrontée à un déficit de 10 points sur 3 matchs consécutifs réussissait à s’imposer avec des marges à deux chiffres. Kansas City a enfin mis fin à un demi-siècle de disette, le dernier triomphe remontant aux premières heures de la fusion AFL-NFL. Peut-être le premier d’une longue série avec un maitre à jouer qui n’en est qu’à ses prémisses.
L’extension de contrat record signée pendant l’intersaison (10 ans pour 503 millions de dollars, le plus important jamais signé dans les sports nord-américains) ne lui ont pas fait tourner la tête. Bien au contraire. Une seule défaite en 15 titularisations, et voilà de nouveau les Chiefs en playoffs, au terme d’une campagne maitrisée de bout en bout. Numéro 1 de la conférence, ils ont profité de la semaine de repos pour recharger les batteries et éliminer Browns et Bills à domicile pour se hisser en finale. Le Super Bowl LV contre les Buccaneers était le 5e affrontement entre Mahomes et Tom Brady (2 victoires partout). Ce qui était censé être une bataille de génération s’est plutôt transformée en une domination sans partage. Les Chiefs n’ont rien pu faire, ne marquant pas un seul touchdown dans le match, une première dans la carrière du jeune quarterback. La défaite 31-9 a privé Kansas City de doublé, chose qui n’est plus arrivée depuis les saisons 2003-2004 avec les Patriots de… Brady, adversaire du soir.
La saison 2021 s’est de nouveau soldée par un titre en AFC Ouest. Les Steelers balayés en wild card (42-21), ils ont ensuite délivré une prestation de haute volée pour venir à bout de redoutables Bills en divisional round. Une victoire 42-36 après prolongations au terme d’un match de légende. Pour la 4e fois de suite, les Chiefs ont accueilli la finale AFC (encore une première). Ils pensaient bien avoir fait le plus dur en 1re mi-temps en ne laissant que quelques miettes à leurs adversaires (21-10). Mais ils n’allaient plus marquer que 3 petits points sur le reste du match. Et les rêves d’un 3e Super Bowl consécutifs se sont envolés lorsque Evan Mc Pherson a passé son field goal de 31 yards en prolongations, qualifiant les Bengals pour le Big Game (défaite 27-24).
L’intersaison a été marquée par le départ de Tyreek Hill vers les Dolphins. La division s’est aussi renforcée avec les arrivées de Russell Wilson aux Broncos, Davante Adams aux Raiders et un recrutement important de la part des Chargers. Cela ne les a pas empêchés de dérouler, sans être forcément toujours dominant ou impressionnant. Cependant, ils ont su se sortir des pièges que constituent les matches contre leurs rivaux ou face à des équipes qui n’avaient rien à perdre. À la clé, un bilan de 14 victoires – 3 défaites et une place de numéro 1 dans la conférence. En s’appuyant sur leurs stars dans les moments cruciaux, les Chiefs ont écarté les Jaguars de Trevor Lawrence (27-20), avant de prendre l’ascendant sur leur bête noire, Joe Burrow et ses Bengals (23-20). Pour la 3e fois en 4 ans, le Super Bowl est de nouveau atteint, cette fois face à Philadelphie. Un match à la saveur particulière pour Andy Reid qui retrouvera une franchise où il a connu ses premières heures de gloire en tant qu’entraîneur en chef.
Pourquoi les Chiefs ?
Lorsque Hunt a pris la décision de quitter Dallas, il a eu plusieurs propositions entre les mains. Atlanta ou Miami étaient envisagés comme solution de repli, mais il s’est laissé convaincre par le discours du maire de Kansas City, Harold Roe Bartle, le 22 mai 1963. Celui-ci a fait plusieurs promesses afin de conclure l’accord. Celui-ci reposait sur la vente de 35 000 abonnements au public et une augmentation de la capacité du stade. Le maire a convoqué 20 propriétaires de grandes entreprises pour les inciter à en vendre autant. Ils ont été surnommés les « Gold Coats ». Le public savait qu’une équipe de football allait s’établir en ville, mais il en ignorait l’identité. Les habitants de Kansas City étaient tellement excités par cette perspective qu’ils se sont empressés d’acquérir un précieux sésame.
Hunt voulait à l’origine conserver les nom « Texans » mais son bras droit Jack Steadman l’a convaincu du contraire, arguant que cela ne conviendrait pas pour la région. Un concours a été lancé pour que les fans nomment l’équipe. Sur 4 866 bulletins et 1020 noms différents, Chiefs l’a emporté avec 42 voix devant Mules, Royals et Stars. Le propriétaire a déclaré que ce nom était localement important car les Amérindiens vivaient autrefois dans la région. Il a peut-être également été influencé par Bartle dont le surnom était « The Chief ». Un sobriquet datant de sa période scout, où 35 ans auparavant il avait fondé localement la tribu Mic-O-Say.
Les glorieux anciens
Hall of Famers : Marcus Allen (RB, 1993-1997), Morten Andersen (K, 2002-2003), Bobby Beathard (contributeur, 1963, 1966-1967), Bobby Bell (LB, 1963-1974), Buck Buchanan (DT, 1963-1975), Curley Culp (DT, 1968-1974), Len Dawson (QB, 1962-1975), Tony Gonzalez (TE, 1997-2008), Lamar Hunt (propriétaire, 1960-2006), Willie Lanier (LB, 1967-1977), Ty Law (CB, 2006-2007), Marv Levy (entraineur, 1978-1982), Joe Montana (QB, 1993-1994), Warren Moon (QB, 1999-2000), Bill Polian (contributeur, 1978-1982), Willie Roaf (T, 2002-2005), Johnny Robinson (S, 1960-1971), Will Shields (G, 1993-2006), Jan Stenerud (K, 1967-1979), Hank Stram (entraineur, 1963-1974), Derrick Thomas (LB, 1989-1999), Emmit Thomas (CB, 1966-1978), Dick Vermeil (HC, 2001-2005), Mike Webster (C, 1989-1990).
Numéros retirés : 3 – Jan Stenerud (K, 1967-1979), 16 – Len Dawson (QB, 1962-1975), 18 – Emmit Thomas (CB, 1966-1978), 28 – Abner Haynes (RB, 1960-1965), 33 – Stone Johnson (RB, 1963), 36 – Mack Lee Hill (RB, 1964-1965), 58 – Derrick Thomas (LB, 1989-1999), 63 – Willie Lanier (LB, 1967-1977), 78 – Bobby Bell (LB, 1963-1974), 86 – Buck Buchanan (DT, 1963-1975).
Récompenses individuelles : Coach de l’année : Hank Stram (1968).
Rookie défensif de l’année : Bill Maas (NT, 1984), Derrick Thomas (LB, 1989), Dale Carter (CB, 1992), Marcus Peters (CB, 2015).
Joueur offensif de l’année : Priest Holmes (RB, 2002), Patrick Mahomes (QB, 2018).
Comeback player of the year : Eric Berry (S, 2015).
MVP : Patrick Mahomes (QB, 2018).
MVP du Super Bowl : Len Dawson (QB, 1969), Patrick Mahomes (QB, 2020).
MVP du Pro Bowl : Len Dawson (QB, 1969), Jan Stenerud (K, 1972), Willie Lanier (LB, 1972), Derrick Johnson (LB, 2014), Travis Kelce (TE, 2017), Patrick Mahomes (QB, 2019).
Walter Payton man of the year : Willie Lanier (LB, 1972), Len Dawson (QB, 1973), Derrick Thomas (LB, 1993), Will Shields (G, 2003), Brian Waters (G, 2009).
All-star Team : retrouvez une sélection des 53 meilleurs joueurs de l’équipe en cliquant sur ce lien.
Stades : Cotton Bowl (Dallas, 1960-1962), Kansas City Municipal Stadium (Kansas City, 1963-1971), Arrowhead Stadium (1972 à aujourd’hui).