San Francisco 49ers : 13 victoires – 4 défaites, champions NFC Ouest, deuxièmes en NFC
Au sortir d’une saison 2022 où San Francisco échouait en finale NFC, les observateurs extérieurs pensaient les californiens à bout de souffle et partis sur une année de transition. Que nenni ! Symbolisés par une défense dominante, une attaque qui est monté en rythme au cours de la saison, et – il faut le dire – l’écroulement de ses principaux rivaux, les 49ers sont passés d’outsiders à poil à gratter, pour enfin apparaître comme l’un des ogres de NFC à l’amorce des play-offs.
Pourtant, nombreuses sont les incertitudes et les paradoxes pour la franchise de la Baie. À commencer par les ambitions : sur le papier, l’équipe est peut-être la plus complète de la ligue, mais jusqu’où peut aller une équipe avec un quarterback rookie ?
Comment sont-ils arrivés là ?
Le début de saison fut laborieux pour les californiens. Une défaite d’entrée face aux Bears, la perte du quarterback titulaire Trey Lance pour la saison dès la deuxième semaine, des blessures en cascade, et des résultats en dents de scie : victoires contre les rivaux Rams et Seahawks, mais défaites contre les très abordables Broncos et Falcons. Surtout, une gifle infligée par les Chiefs (44-23) en semaine 7, révélatrice du fossé entre le niveau de l’équipe et des cadors de la ligue.
À 3 victoires pour 4 défaites à presque mi-saison, San Francisco n’est pas dans le coup. Pourtant, les hommes de Kyle Shanahan n’ont pas baissé les bras, jusqu’à voir les planètes enfin s’aligner. Entre un Jimmy G. en pleine possession de ses moyens et une défense aux allures de mur de fer, les 49ers grapillent les victoires les unes après les autres.
En semaine 13, patatras : Garoppolo se blesse à son tour pour le reste de la saison régulière. Patatras ? C’était sans compter sur l’émergence de l’anonyme rookie Brock Purdy, affublé du sobriquet de Mister Irrelevant (Monsieur Inutile, surnom donné au joueur drafté en dernière position de la draft). Pas effrayé par l’ampleur de la tâche, Purdy reprend le flambeau et mène les siens à une fin de saison idyllique : 10 victoires consécutives, série en cours : personne ne fait mieux dans la ligue.
Le joueur clé : Christian McCaffrey (RB)
Souvent, Kyle Shanahan a été flatté pour sa capacité à obtenir une production honnête de running backs inconnus (Matt Breida, Raheem Mostert, Jeff Wilson Jr). Alors, à quoi bon mettre de précieuses ressources dans un cador ? CMC a donné une réponse claire à cette question.
Acquis aux Panthers contre quatre tours de draft à la mi-saison, McCaffrey est l’un des tournants de la saison de San Francisco. En 11 matchs, l’ex-joueur de Stanford (université de la banlieue de… San Francisco) a amassé 1210 yards et inscrit 10 TD, se payant même le luxe de lancer un touchdown à la passe lors de sa première titularisation.
Si dangereux dans le backfield, l’apport de CMC a surtout rejailli sur ses coéquipiers. Forçant les défenses à jouer plus proche de la ligne d’engagement de part sa seule présence, CMC a ouvert des espaces dans les zones intermédiaires pour le reste du casting offensif cinq étoiles des 49ers, les « YAC Brothers » (la « Fratrie des yards après réception ») : Brandon Aiyuk (1038 yards, 8 TD), George Kittle (765 yards, 11 TD) et Deebo Samuel (864 yards, 5 TD).
Pourquoi vont-ils aller au bout ?
Sur le papier, l’équipe de San Francisco n’a pas de véritable point faible. L’attaque roule sur les défenses adverses (7 des 10 derniers matchs avec 30 points marqués ou plus), et la défense cadenasse les attaques adverses. Pour preuve, San Francisco est leader de la ligue à la différence de turnovers : 30 ballons récupérés, 17 perdus, soit +13, devant les Cowboys (+10) et les Eagles (+8).
Sur toutes les lignes, San Francisco possède des joueurs figurant parmi les meilleurs à leur position. Si les playmakers offensifs ont déjà été cités, sur la ligne Trent Williams (LT) est peut-être le meilleur tackle de la ligue.
De l’autre côté du ballon, pas de doutes pour Nick Bosa (DE) : avec 18,5 sacks, Smaller Bear (surnom en référence à son frère Joey « Big Bear » Bosa) est le meilleur chasseur de quarterbacks de la ligue et devrait même décrocher le titre de défenseur de l’année. Fred Warner est toujours l’un des meilleurs linebackers de la ligue, tandis que Talanoa Hufanga (S) vient d’être sélectionné pour son premier Pro Bowl.
Du côté de la concurrence, tout pousse à l’optimisme pour San Francisco. La NFC souffre d’un déficit de gros concurrents. Exit les Packers du redouté Aaron Rodgers, les Rams du génie McVay, tandis que les Buccaneers de la légende Brady sont bien mal en point. Seuls les Eagles et les Vikings semblent pouvoir se mettre sur la route de San Francisco, alors pourquoi ne pas rêver d’accéder au match suprême ? Avec cette équipe, tous les rêves sont permis.
Pourquoi ils n’iront pas ?
C’est simple : jamais un quarterback rookie n’a gagné le Super Bowl. Pire : jamais un quarterback rookie n’est allé au Super Bowl, les rookies Ben Roethlisberger (2004), Joe Flacco (2008) ou Mark Sanchez (2009) échouant en finale de conférence.
Brock Purdy doit donc écrire l’Histoire, rien de moins. Et avec seulement six matchs au compteur, dire que le jeune rookie d’Iowa State a encore beaucoup à apprendre est un euphémisme.
Sur le terrain, des failles en défense sont aussi apparues en fin de saison. À deux reprises, San Francisco a pris un touchdown sur la première passe du match (75 yards pour Trent Sherfield de Miami en semaine 13, 77 yards pour AJ Green d’Arizona en semaine 18). Le genre d’erreurs mentales rédhibitoires contre des cadors en playoffs.
Les californiens ont aussi été trainés en prolongations par les Raiders (semaine 17) d’un Jarrett Stidham qui jouait le premier match de sa carrière pro, lançant pour 365 yards.
Plus précisément, quand le pass rush est mis en échec, les lignes arrières sont régulièrement prises à défaut. Si Charvarius Ward est un bon cornerback, les autres joueurs des lignes arrières (Deommodore Lenoir, Talanoa Hufanga, Tashaun Gipson) sont plus que perfectibles sur la couverture aérienne.
Joueurs blessés
Historiquement peu épargnés par les blessures, les 49ers se présentent pourtant à effectif quasi complet à l’aune de ces play-offs. On en oublie presque que San Francisco joue pourtant avec son troisième quarterback, Trey Lance étant forfait pour la saison, et Jimmy Garoppolo étant proche d’un retour.
Les pertes sensibles, c’est du côté des cornerbacks qu’elles se font sentir : Jason Verrett (un habitué de l’infirmerie) mais surtout Emmanuel Moseley ne reviendront pas sur les terrains.
Enfin, l’armada offensive de San Francisco ne comporte presque que des joueurs fragiles et susceptibles de se blesser à tout moment durant cette campagne de play-offs : Elijah Mitchell (12 matchs manqués cette saison), Deebo Samuel (4 matchs manqués), George Kittle (aucune saison complète depuis 2018), ou encore Christian McCaffrey (10 matchs joués en cumulé en 2020 et 2021), aucune assurance tout risque de ce côté là.
Pronostic
Selon toute logique, les Niners devraient passer le premier tour, disputé contre des Seahawks qu’ils ont facilement maitrisé lors de leurs deux confrontations cette saison.
Ensuite, les Vikings pourraient se dresser sur leur chemin, et la tâche pourrait se compliquer face à un Justin Jefferson taille MVP. Des Vikings souvent placés mais jamais vainqueurs, bénis d’une baraka que ne renierait pas Didier Deschamps.
Victoire en Wild Cards, défaite en Divisional Round.