[Fiches draft] Carson Strong (QB), le bras sans les jambes

Carson Strong – Quarterback – 22 ans – Redshirt Junior – Nevada

Taille : 1m90

Poids : 102 Kg

Position estimée dans la draft : 3^e tour

Stats 2021 : 12 matchs, 366/522 (70,1 % de passes complétées), 4175 yards, 36 touchdowns, 8 interceptions + 13 réceptions, 89 yards, 1 touchdown

Comparaison NFL :  Philip Rivers

Points forts

– Gabarit
– Puissance du bras
– Jeu dans la poche
– Précision
– Anticipation
– Lecture pré-snap

Si la taille prototypique est un facteur important chez certains recruteurs, alors Carson Strong remplit sa part du contrat. 1m90 pour 102 kg, il a le gabarit idéal pour le poste. Il se tient bien droit dans sa poche et sa taille lui permet de voir au-delà de la ligne de scrimmage.

Il fait d’ailleurs un travail de lecture remarquable, ce qui lui permet de changer les appels de jeu, modifier les parcours de ses receveurs ou ajuster la protection. Il scanne tout le terrain et reste patient sur les premières tentatives, acceptant de prendre ce que l’adversaire lui laisse pour avancer. Il sait également reconnaitre les blitz et lancer vers les zones libres. Le prospect de Nevada cherche toujours à anticiper les tracés de ses receveurs, relâchant son ballon avant la séparation. Il veut ainsi donner à ses partenaires les meilleures chances en un contre un, à la fois en profondeur ou en zone rouge. Et dans ces moments-là, il a montré qu’il pouvait mettre plus de toucher afin d’ajuster ses passes.

Pocket passeur traditionnel, son plus grand atout reste la force de son bras. Strong possède une mécanique de lancer nette, et peut générer de la vitesse avec facilité. Il maximise cette puissance grâce à un bon effet de levier entre le haut et le bas du corps et des hanches fluides. Attention toutefois au placement de ses pieds, un peu proche l’un de l’autre, et sa tenue de balle post-snap un peu basse.

Il peut ainsi effectuer tous les lancers qu’on lui demande et envoyer le ballon n’importe où sur le terrain. Il est particulièrement précis sur les zones courtes et intermédiaire, où il arrive à placer le cuir pour des yards après réception. Il a assez de puissance pour allonger la distance et trouver ses cibles en profondeur, ou de vélocité pour faire des passes dans des fenêtres étroites contre une couverture de zone. Son placement de balle vers la ligne de touche est également excellent.

Le jeune homme se déplace bien dans sa poche. Grâce à son jeu de jambes, il sait comment manipuler l’espace et trouver des couloirs de passe. Il n’est pas négligeant dans ses mouvements, mais reste calme et précis dans sa gestuelle. Il arrive aussi à lancer en mouvement s’il est contraint de s’échapper vers le bord du terrain.

Points faibles

– Capacité athlétique
– Improvisation
– Antécédents médicaux
– Jeu sous pression
– Prise de risque

Bien que la taille ait un certain rapport avec la durabilité, son importance a pâli ces dernières années par rapport à d’autres caractéristiques physiques comme l’athlétisme. Sur ce point, une grave blessure au genou subie au lycée a considérablement réduit sa mobilité. Il manque de vivacité et n’est pas en mesure de gagner du temps ou de terrain. Il est susceptible de concéder des sacks si les actions s’éternisent car son absence d’agilité et de souplesse l’empêchent d’éviter les défenseurs.

Face à la pression, Strong fait preuve de calme, mais peut parfois se figer prématurément et se rendre vulnérable. Il a la fâcheuse tendance à vouloir se débarrasser de la balle alors qu’il est sur de mauvais appuis, ce qui nuit à sa précision et à sa puissance. Comme il est incapable d’improviser, il prend parfois de mauvaises décisions en se concentrant sur un seul défenseur, sans voir l’anticipation du safety qui a lu dans son regard. Celles-ci surviennent lorsqu’il force les choses en 3^e et 4e tentative. Cela peut poser un problème au niveau professionnel avec la complexité des schémas. À Nevada, le système offensif était basé sur des lectures rapides et beaucoup de passes écran.

Strong n’a pas peur de prendre des risques, mais il y a des situations où il croit trop en son bras. Lanceur assez précis sur chaque niveau, il peut se dérégler lorsqu’il essaie de forcer en profondeur. Il essaie alors de placer le ballon dans des fenêtres très étroites, ce qui entraîne parfois des pertes de balle.

Les stats

29 % de passes de plus de 10 yards inattrapables en 2021 (PFF)

Avec ce pourcentage, il était le 5^e quarterback qui a connu le moins de déchet sur cet exercice durant la saison 2021. Il se classe même 2^e derrière Kenny Pickett (26%) parmi les autres joueurs se présentant à la draft cette année. Il précède Bailey Zappe (16^e au général avec 32%), Matt Corral (22^e avec 34%), Sam Howell (34^e avec 36%), Desmond Ridder (50^e avec 38%) et Malik Willis (61^e avec 40%)

Destinations possibles

New York Giants, New Orleans Saints, Washington Commanders, Pittsburgh Steelers

L’évaluation des quarterbacks évolue chaque année. Au cours de la dernière décennie, les équipes ont commencé à favoriser les quarterbacks qui peuvent en faire plus, tant avec leur bras qu’avec leurs qualités athlétiques. Le concept de pocket passeur pur devient lentement dépassé, mais cela ne signifie pas qu’il va échouer.

Les jeunes quarterbacks ont toujours des défauts, et Carson Strong n’est pas différent. Il est plus avancé que son âge ne le suggère, mais il n’est pas non plus un produit fini. Il doit travailler ses lectures et réduire ses prises de risque. Les safeties NFL pourraient exploiter sa tendance à fixer ses cibles durant ses premières années. Néanmoins, grâce à son travail dans la poche et son bras puissant, il peut devenir une solution viable d’ici quelques années à condition d’avoir une bonne protection.

À Washington, Carson Wentz est arrivé, mais retrouvera-t-il un jour le niveau de ses premières années ? En attendant, il part comme le titulaire du poste. Si Strong débarque dans la capitale fédérale, cela lui laisserait le temps de rectifier ses défauts tout en se familiarisant avec la vitesse de jeu NFL, avant de pourquoi pas obtenir sa chance. 2022 est peut-être la dernière année de Daniel Jones à la tête de l’attaque new yorkaise. Les Giants pourraient être tenté de récupérer le jeune homme afin de préparer l’avenir et donner à leur nouvel entraîneur Brian Daboll un talent à façonner. Même son de cloche à la Nouvelle Orleans où Jameis Winston ressemble plus à une rustine qu’une solution viable sur le long terme. Pittsburgh a tourné la page Ben Roethlisberger, mais les différents quarterbacks dans l’effectif ne respirent pas la sérénité. Strong a encore du travail à fournir mais il offrirait aux Steelers la verticalité dans le jeu qui faisait défaut l’an dernier. Il rejoindrait ainsi une attaque composée de jeunes talents qui ne demande qu’à exploser.