Comme chaque année, Touchdown Actu vous propose une série d’articles pour tout savoir du Super Bowl. Du stade aux oppositions en passant par les coachs ou les clés du match, vous saurez tout sur l’évènement football américain de l’année.
Cap sur les rives du fleuve Ohio pour nous plonger dans les aventures des Cincinnati Bengals, représentant de la conférence AFC cette année.
Quelques chiffres
54 saisons entre 1968 et 2021.
AFL, division Ouest (1968-1969) – NFL, conférence Américaine, division Central (1970-2001) – NFL, conférence Américaine, division Nord (depuis 2002).
Record : 373 victoires – 459 défaites – 5 nuls.
Playoffs : 15 apparitions, 8 victoires – 14 défaites.
Super Bowl : 0 victoire en 2 participations (1982, 1989).
Titres de division : 9 (1970, 1973, 1981, 1988, 1990, 2005, 2009, 2013, 2015, 2021).
Leader à la passe : Ken Anderson (192 matchs, 2654/4475, 32 838 yards, 197 touchdowns, 160 interceptions).
Leader à la course : Corey Dillon (107 matchs, 1865 courses, 8061 yards, 45 touchdowns).
Leader à la réception : Chad Johnson (151 matchs, 751 réceptions, 10 783 yards, 66 touchdowns).
Un peu d’histoire
Les Bengals que nous connaissons actuellement ont démarré leurs activités professionnelles en 1968, mais ils n’ont pas été la première équipe de football de la ville. Les Celts étaient les pionniers du mouvement dans la cité de l’Ohio. Entre 1910 et 1919, ils ont démarré dans l’Ohio League en tant que formation semi-professionnelle composée principalement de joueurs de l’université de Miami-Ohio. Une année en indépendant, avant d’évoluer au niveau professionnel dans l’American Professional Football Association (APFA, 1921). Incapables de rivaliser avec les autres concurrents (1 victoire, 3 défaites. 14 points marqués et 117 concédés), ils se sont retirés dès l’année suivante pour redevenir indépendants, avant de finalement disparaitre en 1923 en raison de difficultés économiques. 10 ans plus tard, le football est revenu en ville. Baptisée Reds, cette formation a évolué en National Football League pendant un peu plus d’un an. Ils ont été suspendus au cours de la saison 1934 pour non-paiement des cotisations auprès de la ligue, puis remplacés par les Gunners de Saint Louis pour les trois derniers matchs. Ils détiennent la distinction douteuse d’avoir les plus faibles totaux de points marqués officiellement reconnus dans l’histoire de la NFL (38 points inscrits en 10 matchs en 1933, 10 en 8 matchs l’année suivante). En 1937, les premiers Bengals ont vu le jour grâce à Hal Pennington. Ils n’étaient pas liés à l’organisation actuelle et ont évolué tour à tour dans l’American Football league II (1937), en indépendant (1938), dans l’APFA (1939) puis en AFL III (1940 et 1941), avant de disparaitre suite à l’entrée en guerre des États-Unis dans la Seconde Guerre Mondiale.
Le football professionnel a fait son retour le 24 mai 1967, date à laquelle la ville a obtenu une équipe dans la dernière mouture de l’AFL, créée par Lamar Hunt. La franchise a alors été attribuée à un groupe local dirigé par Paul Brown. Mais son élaboration a commencé trois années avant que l’elle ne commence à jouer en 1968. Fondateur et entraineur à succès des Browns pendant 17 ans (75,9 % de victoires, 7 titres au total), Brown n’était qu’un propriétaire minoritaire à Cleveland et n’avait pas les ressources nécessaires pour racheter les parts restantes. En 1961, Art Modell a pris le contrôle de l’équipe et a licencié de façon controversée son entraineur le 9 janvier 1963 suite à plusieurs différents. Désireux de reprendre du service après trois ans d’inactivité, il a rencontré le gouverneur de l’époque, Jim Rhodes, et l’a convaincu que l’état pouvait accueillir une deuxième équipe de football professionnel. Ils ont considéré Cincinnati comme un choix logique au vu de son positionnement géographique. En 1966, les choses se sont accélérées avec la fusion des deux ligues existantes. Composée de 9 équipes, l’AFL a été autorisée à ajouter une franchise supplémentaire car son homologue, avec bientôt 16 pensionnaires au sein de ses rangs, voulait un nombre pair de formations dans la nouvelle ligue. Les deux parties étaient satisfaites. La National Football League préférait voir une nouvelle franchise chez son rival car cela signifiait une dilution des talents, tous les autres membres de l’organisation devant fournir des joueurs à la nouvelle équipe lors d’une draft d’expansion. Pour l’American Football League, l’argent rapporté était le principal motif d’acceptation. Ils ont ainsi pu facturer les droits d’entrée à 10 millions de dollars, 400 fois plus que les 25 000$ déboursés par les huit propriétaires initiaux en 1960. La somme récoltée a fourni à l’AFL les fonds nécessaires pour payer les indemnités de fusion, comme le stipulait l’accord.
Avant l’annonce du rapprochement, Brown ne souhaitait pas rejoindre l’American Football League, la considérant ouvertement comme une concurrence inférieure (« Je ne vais pas payer dix millions de dollars pour être dans l’AFL »). Cependant, avec le regroupement acté, il a réalisé que cette solution serait probablement sa seule voie réaliste pour revenir en NFL à court ou moyen terme. La ligue s’était déjà étendue à Miami en 1965, elle se laissait le choix entre Atlanta, Seattle, Memphis et Cincinnati pour son dernier strapontin. Il a sauté sur l’occasion en acceptant la proposition, et a décidé de nommer son équipe « Bengals » en référence aux derniers représentants professionnels de la ville. La problématique du stade est alors apparue. Le Nippert Stadium était trop petit selon les standards imposés, et la franchise des Reds (baseball) avait besoin d’une installation pour remplacer le vétuste et obsolète Crosley Field, qu’ils utilisaient depuis 1912. Avec l’aide du gouverneur de l’Ohio, le comté d’Hamilton et le conseil municipal de Cincinnati ont décidé de construire un nouveau bâtiment polyvalent sur une partie abandonnée en bordure de rivière. Baptisé Riverfront Stadium, il devait être prêt pour l’ouverture de la saison 1970.
Une fois toute ces considérations actées, les Bengals ont fait leurs débuts en 1968 au Nippert Stadium, qui a servi de domicile provisoire en attendant la fin du chantier du nouveau stade. Paul Brown lui-même a dirigé l’effectif pendant les huit premières années, avant de prendre sa retraite sportive en 1975 pour endosser le rôle de président. Pour les débuts, il a fait appel à Bill Johnson, Rick Forzano et Bill Walsh pour le seconder dans sa tâche. Son fils Mike a lui rejoint le front office pour devenir son bras droit. Bob Johnson, un centre de l‘université de Tennessee, a été le premier joueur drafté par la franchise. Brown avait le don pour repérer des futurs talents. L’une de ses stratégies consistait à sélectionner des joueurs dotés d’une intelligence supérieure à la moyenne, qui ont eu des carrières fructueuses sur et en dehors des terrains. À l’image de Pat McInally (WR/P) tout droit sorti de Harvard, ou bien encore Reggie Williams (LB) de Dartmouth, qui siégeait au conseil municipal de Cincinnati pendant qu’il faisait partie de l’effectif. Sur le terrain, les débuts étaient encourageants. Après une défaite lors du premier match à San Diego face aux Chargers (29-13) le 6 septembre, l’équipe a enchainé deux succès sur ses terres face aux Broncos (24-10) et aux Bills (34-13). Ils sont ensuite redescendus sur terre en ne remportant qu’un seul des 11 derniers matchs pour clôturer l’exercice avec 3 victoires et 11 défaites au compteur. L’un des points forts de l’équipe a été Paul Robinson (RB), élu rookie de l’année en AFL avec 1 023 yards et 9 touchdowns. La saison suivante ne s’est pas beaucoup mieux passée avec une fiche de 4 victoires, 9 défaites, 1 nul avant le passage dans la nouvelle NFL. Suffisant pour que Brown soit désigné entraineur de l’année et le quarterback Greg Cook, rookie de l’année en AFL avec ses 1854 yards gagnés dans les airs et 15 touchdowns lancés.
Après la fusion, les Bengals ont déménagé au Riverfront Stadium et ont été placés dans la division Central de la conférence AFC en compagnie des Oilers de Houston, des Browns et Steelers. Ces deux derniers ont fait partie des trois équipes qui ont accepté de changer de conférence (avec les Colts de Baltimore à l’époque) afin d’offrir le même nombre d’équipes de chaque côté. La demande a été formulée par Art Modell, le but étant de faire naitre une rivalité au sein de l’état contre les Bengals. L’antagonisme est né instantanément, alimenté au départ par l’opposition entre Modell et Brown. Il a aussi invité Art Rooney, propriétaire des Steelers, à le rejoindre pour poursuivre leurs duels historiques.
Cincinnati a connu une décennie de hauts et de bas dans les années 1970. Ils ont atteint les playoffs trois fois, sans pour autant remporter une seule de ces rencontres éliminatoires. En 1970, une blessure a mis un terme à la carrière de Cook avant le début de la saison, forçant l’équipe à miser sur Virgil Carter, un remplaçant qui pouvait effectuer des passes courtes précises mais ne pouvait pas envoyer la balle comme le faisait son prédécesseur. Paul Brown et son assistant Bill Walsh ont mis au point un système offensif basé sur les limites de Carter, les prémices de la West Coast offense utilisée plus tard à San Francisco. Les premiers affrontements face à Cleveland ont marqué cette saison 1970. Le premier s’est mal passé (défaite 30-27, où Brown a refusé de serrer la main de l’entraineur adverse après la rencontre), mais il a pu prendre sa revanche lors de la seconde opposition. Une victoire 14 à 10 qu’il a qualifié lui-même de « plus grande victoire de sa carrière ». Ils ont ensuite gagné la division (8v-6d) et sont devenus la première équipe d’expansion à remporter un titre de quelque nature que ce soit en seulement 3 ans. Le parcours s’est arrêté en Divisional Round contre les Colts (défaite 17-0). L’année suivante, ils ont sélectionné Ken Anderson au troisième tour de la draft, un quarterback du peu connu Augustana College. Une saison pour apprendre les rouages du métier, avant de se voir confier les rênes de l’attaque en 1972. Un poste qu’il a conservé pendant plus de 10 ans, lui permettant d’établir de nombreux records de franchise à la passe. L’équipe a remporté une seconde fois la division en 1973, mais a été éliminée par les Dolphins d’entrée de jeu (défaite 34-16). Deux ans plus tard, ils ont enregistré le plus haut pourcentage de victoires (78,6 %) de l’histoire de la franchise avec ses 11 victoires en 14 matchs. Insuffisant pour devancer les Steelers (12-2) qui allaient remporter le Super Bowl quelques semaines plus tard. Comme les fois précédentes, le parcours s’est achevé dès le Divisional Round contre les Raiders (défaite 31 à 28). À 67 ans, et après 45 ans de coaching, Paul Brown est parti à la retraite à l’issue de la saison et les Bengals ont manqué les playoffs pendant les 5 saisons suivantes.
Dans son rôle de dirigeant, Brown a pris l’une de ses meilleures décisions en sélectionnant le tackle offensif Anthony Muñoz en 1980, pilier de la ligne des Bengals pendant 13 ans et considéré comme l’un des meilleurs joueurs de ligne offensive du football avec ses 11 Pro Bowls consécutifs (1982 à 1992). Un choix rapidement payant. Dirigé par Forrest Gregg, Cincinnati a démarré la saison 1981 sous leurs nouveaux uniformes à rayures tigrées. Un bon début (3 victoires en 4 matchs) et une bonne série de 5 victoires consécutives en milieu d’exercice leurs ont permis de décrocher la division et la place de numéro 1 en AFC (12v-4d). Grâce à ses 3754 yards et 29 passes de touchdowns, Ken Anderson a remporté le titre de MVP et de joueur offensif de la saison. La plupart de ses ballons atterrissant dans les mains du receveur Chris Collinsworth, impressionnant pour sa première saison (67 réceptions, 1009 yards, 8 touchdowns). Ils se sont ensuite débarrassés des Bills (28-21, avec un touchdown à la réception de Collinsworth en toute fin de rencontre) pour le premier match de playoffs au Riverfront Stadium. Avant de geler San Diego 27-7 en finale de conférence sous des températures polaires pour se hisser à leur premier Super Bowl. Au Pontiac Silverdome, l’affiche de cette 16ème édition voyait s’affronter deux équipes qui étaient dans les bas-fonds du classement la saison précédente avec San Francisco comme représentant NFC. Les Bengals n’ont eu aucun problème pour faire avancer le cuir (356 yards contre 275), mais trois pertes de balle en zone rouge ont aidé les 49ers à prendre le large à la mi-temps (20-0). Après la pause, ils se sont ressaisis pour recoller progressivement au score sous l’impulsion d’Anderson, mais la défense héroïque des californiens, notamment sur un goal line stand, a tenu le coup. Le touchdown à 16 secondes de la fin de Dan Ross (TE) n’a rien changé. Cincinnati n’a pas récupéré la possession sur l’engagement et les coéquipiers de Joe Montana se sont imposés 26-21. Ils sont retournés en playoffs en 1982 malgré une saison écourtée à cause de la grève. Le bon bilan de 7 victoires – 2 défaites était suffisant pour décrocher la troisième place en AFC, synonyme d’avantage du terrain contre les Jets au premier tour. Invaincus sur leurs terres cette année-là (4-0), ils n’ont pu stopper Freeman McNeil avec ses 211 yards en 22 courses, et New York s’est imposé tranquillement 44-17.
En 1984, avec Sam Wyche comme nouvel entraineur en chef, la franchise a commencé à se pencher sur le futur en sélectionnant le quarterback Boomer Esiason de l’université du Maryland. Après un départ calamiteux (5 défaites en 5 matchs) et plus aucune chance de décrocher un strapontin pour les phases éliminatoires, il s’est vu donner une chance de devenir le futur titulaire en récupérant les rênes en fin de saison. Quatre victoires en 4 matchs et Cincinnati a terminé à l’équilibre, suffisant pour décrocher le poste à plein temps dès la saison suivante. mais ses 3443 yards et 27 passes de touchdowns, ainsi que l’apport du rookie offensif de l’année Eddie Brown (942 yards, 8 touchdowns) n’ont pas été suffisants pour se hisser en playoffs (7v-9d). Tout comme les deux saisons suivantes. À l’issue de la piètre saison 1987 (4-11), Wyche s’est vu poser un ultimatum : les playoffs ou la porte. Message reçu 5 sur 5. Il a mis au point avec son coordinateur offensif de l’époque, Bruce Coslet, un système offensif rythmé, la no-huddle offense, sur l’ensemble d’une rencontre. Une tactique qui n’était jusque-là utilisée que lorsqu’une équipe était menée au score avec peu de temps restant au chronomètre. Le but était simple, fatiguer l’adversaire en accélérant le tempo, empêchant ainsi les changements. Emmené par un Esiason en mode MVP (3572 yards, 28 touchdowns), Cincinnati a surfé sur son excellent début de saison (6 victoires en 6 matchs) pour décrocher la division et la place de numéro 1 en AFC (12-4). Le running back rookie Ickey Woods a largement contribué au succès avec 1066 yards et 15 touchdowns, tous célébrés par la danse « The Ickey Shuffle », alors qu’un nouveau chant rugissait des gradins du Riverfront Stadium « Who Dey, think is gonna beat Dem Bengals. » Lors du Divisional Round, la ligne offensive menée par Anthony Muñoz a détruit les Seahawks tout au long de la rencontre. Le jeu de courses des Bengals était si dominateur qu’Esiason n’a eu besoin de lancer que 7 passes (toutes complétées) pour se qualifier en finale de conférence (21-13). Une rencontre âpre et disputée face aux Bills dont ils sont sortis vainqueurs 21 à 10 pour se hisser à nouveau au Super Bowl. Encore contre San Francisco. À Miami, ils ont subi une énorme perte dès le début lorsque le tackle Tim Krumrie s’est cassé la jambe dans le 1er quart-temps. Le match est resté serré jusqu’à la mi-temps (3-3), avant que Cincinnati ne prenne les devants à la fin du troisième quart-temps sur un retour de coup de pied de Stanford Jennings. 13-6, puis 16-13 à 3 minutes 20 de la fin grâce au field goal de Jim Breech. Sur un drive méthodique de 90 yards, Joe Montana a mangé le temps restant et dévoré le terrain. À 34 secondes de la fin, il a finalement trouvé John Taylor dans la zone d’en-but pour briser le cœur des Bengals (20-16). L’un des moments les plus dramatiques de l’histoire du Super Bowl.
À la suite d’un nouveau titre AFC Central deux ans plus tard, et d’une élimination face aux Raiders en Divisional Round, la formation a rapidement connu des moments difficiles. En fait, la victoire 41-14 face aux Oilers en wild card était, jusqu’en 2022, le dernier succès en playoffs. Peu avant le début de la saison 1991, Paul Brown est décédé à l’âge de 82 ans, laissant son fils Mike prendre le contrôle. Une lourde perte, ainsi que celle de Sam Wyche licencié après un horrible bilan de 3-13. Tout au long des années 90, ils ont été considérés comme l’une des pires équipes des quatre grandes ligues sportives professionnelles nord-américaines, avec 14 campagnes négatives consécutives. Ils ont perdu plus de matchs que toute autre équipe de la ligue au cours de cette décennie, enchainé les entraineurs sans succès (David Shula, Bruce Coslet, Dick LeBeau) et ont souffert d’une série de mauvaises décisions lors des drafts. Avant de devenir entraineur en chef, LeBeau était le coordinateur défensif de l’équipe qui a mis au point le zone blitz, un schéma capable de lutter contre les attaques de type West Coast. Leurs seuls faits d’armes ont été les sélections de Carl Pickens (WR) en 1992, élu rookie offensif de l’année, et du running back Pro Bowler Corey Dillon, même si sa présence n’a pu empêcher les Bengals de perdre au moins 10 matchs par saison entre 1997 et 2002. Hors terrain, le seul moment important a été le déménagement au Paul Brown Stadium (surnommé « The Jungle »), un stade exclusivement dédié à la pratique du football.
Ils ont alors commencé à sortir de cette période sombre pour entrer dans une nouvelle ère de constance positive en posant les premières pierres de la reconstruction. Au sortir d’une saison 2002 catastrophique (2-14), Marvin Lewis a été nommé comme entraineur en chef. Sélectionné en 2003, Carson Palmer n’a pas joué durant sa saison rookie, barré par la belle saison du comeback player of the year Jon Kitna (3591 yards, 26 touchdowns). Propulsé titulaire en 2004, il allait former un trio redoutable dans les airs avec Chad Johnson et TJ Houshmandzadeh qui arrivaient à maturité, complété par les performances de Rudi Johnson au sol. Sous la direction de Palmer, Cincinnati a fait son retour en playoffs lors de la saison 2005, qui était également la première saison positive depuis 1990. Un titre de division remporté (AFC Nord), mais une défaite dès les wild cards face aux rivaux Steelers (31-17). La première des sept éliminations consécutives à ce stade de la compétions durant les 16 années de règne de Marvin Lewis.
Entre 2006 et 2010, la franchise a connu un léger passage à vide et n’est parvenue à franchir la barre des 50% de victoires qu’une seule fois en 2009. Une saison marquée par sa présence dans l’émission de HBO « Hard Knocks » durant le camp d’intersaison, une expérience renouvelée en 2013. Durant cette campagne, qui a débouché sur le titre de division, plusieurs matchs à rebondissements leur ont valu le surnom de « Cardiac Cats ». Mais encore une fois, une élimination prématurée était au programme, un revers 24-17 face aux Jets dès les Wild Card. Seule consolation, le titre d’entraineur de l’année décroché par Marvin Lewis. Cincinnati voulait franchir un palier en signant Terrell Owens (WR) pour étoffer son attaque. Le duo Owens – Ochocinco, nouveau nom de Chad Johnson, avait de quoi faire saliver sur le papier. Il a surtout causé des maux de têtes à l’encadrement, les deux protagonistes voulant à tout prix le ballon. L’ambiance n’était pas au beau fixe, les défaites s’enchainaient (12 au total) et les leaders de l’équipe ont tous sous-performés. Premier pointé du doigt, Carson Palmer et ses 20 interceptions lancées. Frustré de la situation, il a menacé de prendre sa retraite s’il n’était pas échangé. Le coup de balai a eu lieu pendant l’intersaison. Les deux receveurs fantasques ont été priés d’aller voir ailleurs, remplacés par AJ Green de l’université de Georgia, sélectionné avec le quatrième choix général lors de la draft. En conflit avec Palmer, le front office a également pris un quarterback au deuxième tour, Andy Dalton, en provenance de TCU. Dès le début de saison, le rookie a été lancé dans le grand bain. Les premiers pas ont été prometteurs avec quelques succès au programme. Convaincu par le potentiel du jeune homme, le front office a décidé d’échanger Carson Palmer aux Raiders en cours de saison contre un choix du premier tour 2012 et un choix conditionnel du second tour en 2013. Par chance et malgré un bilan à peine positif (9-7), les Bengals ont réussi à se qualifier en playoffs lors de l’ultime semaine de saison régulière. Malgré une défaite face aux Ravens, ils ont été propulsés en Wild Card grâce aux revers cumulés des Raiders, Jets et Broncos. Les deux rookies ont connu de solides premières saisons. 3398 yards et 20 touchdowns pour Andy Dalton, 1057 yards et 7 touchdowns pour A.J. Green, suffisant pour qu’ils décrochent une sélection au Pro Bowl. Comme à l’accoutumée, le chemin s’est arrêté au premier tour contre Houston. La première des cinq éliminations consécutives en 5 ans (Texans en 2012 , Chargers en 2013, Colts en 2014 et Steelers en 2015. En coulisse, Mike Brown a acheté les actions appartenant à la succession du co-fondateur Austin Knowlton pour devenir le propriétaire majoritaire de l’équipe.
Malgré des saisons régulières avec au moins 10 victoires au compteur et deux nouveaux titres d’AFC Nord glanés (2013 et 2015), ils n’ont jamais réussi à franchir ce cap une seule fois. Les trois dernières saisons de l’ère Lewis ont été compliquées, marquées par de nombreuses blessures de joueurs clés. Cincinnati a replongé rapidement dans le ventre mou avec des bilans négatifs. Lassé de cette irrégularité, ou de cette constance dans la médiocrité, le front office l’a congédié à l’issue de la saison 2018. 16 années qui ont fait de lui l’entraineur le plus victorieux de l’histoire de la franchise (131 victoires en 256 matchs), mais incapable de gagner plus que des titres de division. Avec Zac Taylor aux manettes, la franchise a connu une année galère en 2019. La première victoire n’a eu lieu que début décembre face aux Jets, suivi d’un second succès lors de la dernière journée contre Cleveland. Égalant leur pire bilan (2-14), ils ont obtenu le premier choix général lors de la draft 2020. Une sélection qui s’est portée sur Joe Burrow, quarterback de LSU, champion et meilleur joueur universitaire du pays, pour tenter de redresser la barre. Sa première année a laissé entrevoir de sérieux motifs d’espoirs, mais ils ont été anéantis après 10 rencontres et une grave blessure au genou. L’intersaison suivante a été studieuse, preuve d’une réelle volonté d’aller de l’avant. Exit les vétérans A.J Green, Geno Atkins, Giovani Bernard, Carl Lawson, William Jackson, place à un peu de sang frais avec les arrivées de Trey Hendrickson, Chidobe Awuzie, Mike Hilton et Larry Ogunjobi pour renforcer la défense. Et alors que tout le monde s’attendait à la sélection de Penei Sewell (LT) pour protéger efficacement leur quarterback, la franchise de l’Ohio a surpris en enrôlant Ja’Marr Chase, receveur et accessoirement ancien coéquipier de Burrow à l’université. Le reste de la draft a essentiellement servi à renforcer les lignes et choisir un kicker. Paris risqués, mais paris gagnants. Au sein d’une division où les 3 autres protagonistes sortaient tous d’une participation en playoffs, les Bengals ont su tirer leur épingle du jeu avec de solides prestations à la clé et une attaque palpitante à suivre. Invaincus face aux Steelers et Ravens, ils se sont adjugés la division et le 4e strapontin en AFC. Alors que l’ombre d’une malédiction vieille de 31 ans planait au-dessus de leurs têtes, le jeune groupe a enfin vaincu le signe indien. Las Vegas ( à domicile), puis Tennessee et Kansas City (à l’extérieur), respectivement numéro 1 et 2 de la conférence, ont fait les frais de ce retour au premier plan. Une équipe pleine d’insouciance et de talent, portée par une attaque explosive, une défense besogneuse et un kicker précis, qui s’apprête à retourner au Super Bowl pour la 3e fois de son histoire.
Pourquoi les Bengals ?
Plutôt que « Buckeyes », la suggestion populaire auprès des fans, le propriétaire/manager général/entraineur en chef Paul Brown a surnommé la franchise d’expansion « Bengals » en l’honneur de l’équipe de football homonyme qui a évolué en ville de 1937 à 1942. Selon lui, ce nom « fournirait un lien avec le football professionnel passé à Cincinnati ». À l’époque des premiers Bengals, le propriétaire Hal Pennington avait pris la même décision. Quelques journalistes avaient suggéré aux fans de choisir le nom de l’équipe, mais il n’a pas aimé les propositions dont les Cincinnati Elephants. Il a opté pour ce choix un jour où il était dans la cuisine de sa mère à observer sa cuisinière, le modèle Bengal du fabricant Floyd, Wells & Co.
« J’ai regardé la vieille cuisinière et il y a avait une image d’un grand tigre avec ses dents qui grinçaient, et tout en-dessous il était écrit ‘Bengal’ », a déclaré Pennington. « J’ai dit : ‘Bengal ? Qu’est-ce qu’un Bengal ?’ «
Plus tard, ses joueurs ont porté sur la poitrine de leur uniforme un logo grimant le visage d’un tigre du Bengale rugissant. Cette même représentation était peinte sur le panneau d’affichage du Crosley Field, domicile de la franchise
Les glorieux anciens
Hall of Famers : Paul Brown (entraineur/propriétaire, 1968-1991), Charlie Joiner (WR, 1972-1975), Anthony Muñoz (OT, 1980-1992), Terrell Owens (WR, 2010).
Numéros retirés : 54 – Bob Johnson (C, 1968-1979).
Récompenses individuelles : Coach AFL de l’année : Paul Brown (1969).
Coach NFL de l’année : Paul Brown (1970), Marvin Lewis (2009).
Rookie AFL de l’année : Paul Robinson (RB, 1968), Greg Cook (QB, 1969).
Rookie offensif de l’année : Eddie Brown (WR, 1985), Carl Pickens (WR, 1992).
Joueur offensif de l’année : Ken Anderson (QB, 1981).
MVP du Pro Bowl : Carson Palmer (QB, 2007)
MVP : Ken Anderson (QB, 1981), Boomer Esiason (QB, 1988).
All-star Team : retrouvez une sélection des 53 meilleurs joueurs de l’équipe en cliquant sur ce lien.
Stades : Nippert Stadium (1968-1969), Riverfront Stadium (1970-1999), Paul Brown Stadium (depuis 2000).