[Playoffs 2022] Green Bay Packers : l’année ou jamais

Toutes les planètes semblent aligner pour permettre à Aaron Rodgers de décrocher une seconde bague.

Green Bay Packers : 13 victoires – 4 défaites, premiers de la NFC

Les ambitions sont légitimes et Green Bay nourrit de sérieux espoirs. Offensivement, l’escouade reste une mécanique bien huilée, qui impressionne plus dans sa régularité que par ses coups d’éclats. Les groupes de receveurs ou de coureurs sont solides, mais ne figurent pas parmi les plus clinquants de la ligue. La différence est faite par l’homme qui dirige tout ce petit monde. À 38 ans, Aaron Rodgers étonne encore par la propreté de son jeu et l’efficacité de ses passes. Alors qu’il se dirige vers un nouveau titre de MVP, la possibilité de décrocher une 2e bague n’a jamais été aussi grande. L’équipe a continué d’engranger les victoires malgré les nombreuses absences pour cause de blessure. Surtout, elle peut enfin se reposer sur une bonne défense, capable de créer la perte de balle au moment opportun.

Comment sont-ils arrivés là ?

Si la présaison existe, c’est pour permettre aux joueurs de reprendre doucement le rythme de la compétition. Les Packers ne partagent pas ce point de vue. Pratiquement aucun titulaire n’a pris part aux joutes du mois d’août, se contentant des seuls entrainements pour retrouver la forme. Mauvaise pioche, le réveil a été brutal. La première semaine s’est soldée par une cinglante défaite face aux Saints.

38-3, deux interceptions lancées par Aaron Rodgers, une bonne claque qui a remis les esprits à l’endroit et les égos de côté. Avec un calendrier compliqué, où les équipes d’AFC Nord et NFC Ouest étaient au programme, beaucoup leur prédisaient une campagne compliquée. Que nenni ! La machine s’est progressivement mise en route pour enchainer 7 succès consécutifs. À la clé, des victoires importantes, arrachées en fin de match sur les terres des 49ers, Bengals et Cardinals.

Avec une alternance défaite à l’extérieur – victoire à domicile, le mois de novembre a été plus compliqué sur le plan comptable (2-2). Les blessures et joueurs absents pour cause de COVID ont commencé à peser sur le rendement de l’effectif. Touché, Aaron Rodgers a ainsi dû renoncer au choc face à Patrick Mahomes et les Chiefs, le tout sur fond de polémique vaccinale. Résultat, un revers avec un Jordan Love un peu tendre pour sa première.

La semaine de repos tardive (semaine 13) est arrivée à point nommé et a permis de recharger les batteries. Les absents ont progressivement fait leur retour et Green Bay est reparti sur une série positive. Grâce à 4 victoires de suite, ils ont empoché la division, puis la première place de la conférence à une semaine de la fin, bénéficiant pour cela des coups de moins bien de leurs adversaires. Exempté de tour de Wild Card, Matt LaFleur s’est offert le luxe de faire tourner une partie de son effectif lors de la défaite face à Detroit en clôture.

Les joueurs clés : Aaron Rodgers – Davante Adams

Quand on essaie de déterminer les prétendants, il faut regarder les certitudes. À Green Bay, le duo Aaron Rodgers-Davante Adams forme certainement la connexion quarterback-receveur la plus sûre de la ligue.

Sur la lignée de la saison dernière, Adams a survolé les débats. Capable de courir n’importe quel type de tracé, des mains fiables, une capacité rare à se démarquer, le numéro 17 a encore décroché une place dans la première équipe All-Pro. 1553 yards en 123 réceptions (deux records de franchises), ses statistiques parlent pour lui. Son attitude sur le terrain également. Cible prioritaire de son équipe (1040 yards de plus que le 2e, Allen Lazard), il a mis au supplice tous les cornerbacks alignés face à lui.

Tout ceci n’a pu se faire sans un passeur du calibre d’Aaron Rodgers. Derrière un caractère compliqué se cache un joueur d’une extrême intelligence. Mais surtout d’une efficacité et d’une propreté à toute épreuve. Avec un turnover constant, forcé par les blessures, sa ligne offensive a eu du mal à le protéger pendant la majeure partie de l’année. Mais cela ne l’a pas empêché de performer. 4115 yards, 68,9 % de passes complétées, 37 touchdowns pour seulement 4 interceptions, le trentenaire est proche de décrocher un 4e titre de MVP.

Pourquoi vont-ils aller au bout ?

Malgré une infirmerie bien chargée, Green Bay a engrangé les victoires, s’adjugeant le meilleur bilan en NFC mais aussi de la ligue. La spirale négative semble s’être inversée au bon moment, beaucoup de titulaires habituels sont annoncés sur le retour et non des moindres. En perpétuel ajustement, la ligne offensive peut compter sur le retour de David Bakhtiari (LT), Josh Myers (C) et possiblement Billy Turner (RT) pour récupérer une assise stable et protéger efficacement leur maitre à jouer. L’escouade offensive devrait aussi récupérer Randall Cobb, toujours très utile dans le slot. En défense, Za’Darius Smith (DE), Jaire Alexander (CB) et Whitney Mercilius (DE) sont réapparus sur les terrains d’entrainement et prétendent à une place dans l’effectif. De quoi donner un coup de pouce salvateur dans la dernière ligne droite.

Les défenses gagnent les championnats, et avec ces éléments en plus sur la pelouse, le groupe entrainé par Joe Barry peut espérer élever son niveau de jeu. 9e au classement, le groupe a surtout brillé dans la récupération des possessions (18 interceptions, 18 fumbles recouverts). Et comme l’attaque est précautionneuse avec le cuir, les Packers ont terminé la saison régulière avec un ratio de +13, 3e meilleure équipe en NFL. L’arrivée du quinquagénaire a transformé cette unité, bien plus solide que l’an passé et capable de s’ajuster en fonction des difficultés rencontrées. Les ajouts des vétérans Rasul Douglas (CB) et De’Vondre Campbell (LB) ont été les bons coups signés Brian Gutekunst (GM). Point central du dispositif et auteur d’une saison monstrueuse, le linebacker est  même parvenu à décrocher une sélection dans la première équipe All-Pro.

Le jeu aérien, avec la connexion Rodgers-Adams et le chouchou du patron Allen Lazard (WR), reste la base de la réussite offensive des Packers. Mais il ne faut pas oublier la doublette de running backs, qui dans le froid, aura son importance pour maitriser l’horloge. Par chance, Green Bay dispose de deux coureurs complémentaires, capables d’évoluer dans des styles différents. Aaron Jones, redoutable sur les courses en débordement ou comme soupape de sécurité à la passe. A.J Dillon, beaucoup plus massif, véritable bulldozer sur les courses plein centre. Les deux compères ont d’ailleurs terminé à plus de 1000 yards cumulés et 7 touchdowns chacun. Le danger peut donc venir de partout avec un cerveau comme Aaron Rodgers à la baguette.

Enfin, la route du Super Bowl passera par le Lambeau Field et son climat glacial. Un facteur important lorsque l’on sait que Green Bay est resté invaincu sur ses terres en 2021, et qu’ils devront affronter des équipes provenant toutes d’état où la température n’est pas un problème (Californie, Floride). Même s’il est vrai que depuis le début du XXIe siècle, les résultats sont plus mitigés en phases finales (8 victoires, 6 défaites).

Pourquoi ils n’iront pas ?

Depuis le 6 février 2011, date du dernier Super Bowl, la réussite a rarement été au rendez-vous. Les playoffs n’ont été manqués qu’à deux reprises (2017, 2018) mais Aaron Rodgers n’a jamais réussi à hisser son équipe au-delà de la finale de conférence (4 défaites), échouant à ce stade ces deux dernières années. On peut aussi s’interroger sur la capacité d’adaptation de Matt LaFleur. Depuis sa prise de fonction, il a toujours eu du mal à modifier ses schémas en cours de match lorsque la situation ne lui était pas favorable et a manqué de créativité dans ses schémas en 2021.

Les matchs à élimination directe se jouent sur des détails. À ce stade de la compétition, les Packers pourraient payer cher leur manque d’efficacité et de créativité dans la zone rouge. Selon Pro Football Reference, 58,60% des passages dans cette zone se sont soldés par un touchdown (19e de la ligue), contre 76,81% en 2020 (numéro 1 NFL). Mais c’est surtout en défense qu’ils n’ont pas su faire la différence où 67,30% des tentatives adverses ont abouti à un touchdown (30e de la ligue).

Les entames de match ont aussi été un problème majeur. Souvent dans la réaction, Green Bay a eu du mal à faire démarrer la machine. Une seule série inaugurale s’est soldée par un touchdown, et c’était face à Detroit en dernière semaine. Le constat est encore plus frappant lorsque l’on se penche sur les points inscrits en moyenne par quart-temps. 3,0 points dans le premier (25e NFL) contre 10,1 dans le 2e (1er NFL) selon teamrankings.com.

Secteur souvent négligé mais qui peut avoir son importance en cas de match serré, les équipes spéciales ont été un désastre d’une ampleur apocalyptique. Seul rayon de soleil dans ce champ de ruine, Corey Bojorquez et ses 50,8 yards de moyenne par dégagement (numéro 1 en NFL), capable de repousser l’adversaire très loin dans son camp. Hormis le punter, l’encéphalogramme est plat. Aucun retourneur potable n’a pu émerger, et Mason Crosby, pourtant si fiable ces dernières années, a vécu un calvaire. Avec 73,5 % de réussite sur field goals, le kicker a connu sa 2e plus mauvaise saison en carrière sur le plan de l’adresse. Une grosse épine dans le pied lorsque les rencontres qui arrivent peuvent se décider sur un coup de pied.

Joueurs blessés

Le moins que l’on puisse dire c’est que la franchise du Wisconsin a connu une saison compliquée sur le plan médical. David Bakhtiari, Za’Darius Smith, Jaire Alexander, Robert Tonyan, Whitney Mercilius, Elgton Jenkins, Randall Cobb, Billy Turner, Aaron Jones, Marquez Valdes-Scantling, Josh Myers … Il ne s’est quasiment pas passé une semaine sans qu’un titulaire ne passe par la case infirmerie.

Au moment d’attaquer la dernière ligne droite, seuls Tonyan et Jenkins sont d’ores et déjà forfaits pour la suite de la compétition. Bakhtiari et Myers ont effectué leur retour en compétition lors du dernier match. Smith et Cobb ont repris le chemin de l’entrainement et devraient être en mesure de tenir leur place. Un doute subsiste sur la participation de Mercilius (biceps gauche déchiré le 14 novembre) dont la reprise rapide a surpris tout le monde, Alexander (épaule) et Turner (genou), qui a raté les 4 derniers matchs. Même si tous ne sont pas à 100%, ils restent des ajouts d’expérience non négligeables pour les dernières joutes de la saison.

Pronostic

C’est l’année ou jamais et Rodgers n’a qu’une idée en tête : le titre. Il n’a pas gagné de Super Bowl depuis une décennie et reste sur deux échecs consécutifs en finale de conférence. Avec l’avantage du terrain, le retour des blessés et une défense retrouvée, il n’a jamais été aussi bien placé pour remporter une nouvelle bague.

De tous les prétendants, les Packers ont peut-être le moins de défauts marquants. Ce n’est pas l’équipe la plus explosive en attaque, ni la plus imperméable défensivement, mais le collectif est difficile à prendre à défaut. Attention tout de même à l’excès de confiance, le mois de janvier sera pavé d’embuche.

Une sortie de piste prématurée n’est pas du tout à exclure, surtout avec un adversaire en Divisional comme San Francisco. Green Bay va mieux, mais n’est pas guéri de tous ses maux. Ils éprouvent encore beaucoup de difficultés face à aux équipes qui affectionnent particulièrement le jeu au sol, les mouvements pré-snaps et la vivacité de ses skill players. Mais pas le choix s’ils veulent aller au bout. Une victoire leur permettrait d’engranger la confiance nécessaire pour éventuellement s’offrir une revanche face aux Buccaneers de Tom Brady. Voire plus.

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