Green Bay Packers : 13 victoires – 3 défaites, premiers de la NFC
Nouvelle excellente saison pour les Packers, où l’incroyable bilan de Matt LaFleur à la tête de l’équipe s’est poursuivi. Sur le plan comptable, les chiffres sont équivalents (13 victoires – 3 défaites). Mais sur le terrain, l’impression dégagée est bien différente de la saison passée. Puissance et force de frappe, le technicien a pu mettre en place son système de jeu et les résultats ont été au rendez-vous avec plus de 8 points inscrits en moyenne par match.
Avec une ligne offensive dominante, l’attaque des Packers s’est régalée toute la saison, et le trio Aaron Rodgers, Aaron Jones, Davante Adams a donné des sueurs froides à toutes les défenses rencontrées. Les chiffres le prouvent. Aucune équipe n’a marqué plus de points que les Packers cette saison. Les ambitions sont désormais plus grandes qu’un simple titre de division.
Comment sont-ils arrivés là ?
Quatre victoires et 38 points de moyenne pour démarrer, Green Bay n’a pas perdu de temps. De larges succès à la clé, une prestation aboutie face à la Nouvelle Orleans sur les terres de Drew Brees, l’équipe était lancée. La coupure a rapidement coupé l’élan. Tampa Bay (38-10), puis Minnesota à domicile (28-22) sont venus enrayer la belle mécanique en l’espace de 3 semaines. Les fantômes de l’an dernier ont refait surface, laissant les running backs s’en donner à cœur joie. À l’image de Dalvin Cook et ses 163 yards lors de l’unique revers face à un rival de division.
Depuis le dernier faux pas contre Indianapolis en semaine 11, Green Bay a enchainé les victoires. Six au total. Point d’orgue, le succès sans appel contre Tennessee (semaine 16) qui a officiellement validé le titre de division, le 2e consécutif. Ce soir-là, ils ont probablement offert leur meilleure prestation de la saison tant offensivement (142 yards, 3 touchdowns pour Davante Adams + 124 yards, 2 touchdowns pour A.J Dillon) que défensivement (seulement 98 yards accordés au sol à Derrick Henry). Avec leur destin entre leurs mains, ils n’ont pas tremblé en dernière semaine face à Chicago pour s’offrir la 1ère place en NFC, synonyme de repos.
Le joueur clé : Aaron Rodgers
Ce n’est plus le Green Bay de la saison dernière. Tête de série numéro 2, les Packers avaient été piétinés en finale de conférence par de redoutables 49ers. Après cette débâcle, on ne parlait plus que d’Aaron Rodgers et du fait qu’il était au crépuscule de sa carrière. Beaucoup pensaient que la version 2020 allait boire la tasse, suggérant que l’équipe n’aurait probablement plus la moindre chance de gagner un autre titre avec le numéro 12 aux manettes. Et la sélection de Jordan Love au 1er tour de la dernière draft n’allait pas finir de faire taire les rumeurs.
Pourtant, du haut de ses 37 ans, Rodgers a démontré qu’il n’était pas encore prêt à passer le flambeau. 48 touchdowns lancés (pour 5 interceptions) et 121,5 d’évaluation statistique globale, soit la 2e marque de tous les temps, les chiffres parlent pour lui. Son attitude également. Plus gestionnaire et tout en contrôle, il a apprivoisé le système prôné par Matt LaFleur. Il est désormais au service du collectif et non l’unique pièce sur qui tout repose. Il n’a ainsi dépassé les 300 yards dans les airs qu’à 5 reprises. Son rôle est désormais clair et bien défini : faire bouger les chaines, maitriser le tempo et n’utiliser la menace profonde qu’à bon escient. Il le fait à merveille et les résultats sont là. 5e attaque générale (389 yards par match), 1ère aux points marqués, cette équipe a inscrit 133 points de plus que l’an dernier. Avec la façon dont Rodgers joue en ce moment, il n’est pas impossible de penser que lui seul pourrait porter les Packers vers un nouveau Super Bowl.
Pourquoi vont-ils aller au bout ?
Le vieil adage dit que les défenses gagnent les championnats. Nous sommes en 2021, pourquoi les mentalités ne pourraient-elles pas évoluer ? Qui nous dit que l’attaque ne peut pas faire le travail ? Et dans ce secteur, tous les voyants sont au vert du côté de Green Bay. Leurs chances d’aller au bout ne se limitent pas simplement à la saison remarquable – statistiquement parlant – de son quarterback. Tous les secteurs ont performé. Davante Adams a affolé les compteurs (115 réceptions, 1374 yards, 18 touchdowns) alors qu’il a manqué 4 matchs. Une absence compensée par le bon rendement d’un jeune corps de receveurs que l’on n’attendait pas à pareille fête, notamment le tight end Robert Tonyan (11 touchdowns), redoutable en zone rouge. Aaron Jones a lui aussi connu une courte période d’indisponibilité (4 matchs), mais cela ne l’a pas empêché de passer la barre des 1000 yards (1104) une nouvelle fois. Surtout, le numéro 12 a pu évoluer dans un fauteuil comme jamais auparavant avec une protection de premier choix. Seulement 20 sacks concédés, son plus faible total en carrière. Bien que gêné par de nombreuses blessures et un remaniement permanant, la profondeur du groupe d’hommes de ligne a fait la différence. Selon Espn, la ligne offensive de Green Bay a dominé les classements de réussite de blocs en situation de passe et de course (74% à chaque fois). David Bakhtiari, Corey Linsley, Elgton Jenkins, Lucas Patrick et Billy Turner se positionnant chacun dans le top 10 de leur groupe de position.
S’il y a une préoccupation pour cette équipe, c’est la défense. Cependant, il y a eu quelques améliorations de ce côté du ballon tout au long de la campagne. Notamment le pass rush qui a retrouvé une partie de la forme entrevue la saison dernière en fin de campagne. Dans l’ensemble, l’escouade s’est améliorée (9e général). Et sans être dominante, elle parvient au moins à garder l’équipe dans le match avec des actions décisives ou en créant des pertes de balles aux moments opportuns. Comme a su le faire Kansas City l’an dernier.
Enfin, la route du Super Bowl passera forcement par le Lambeau Field, avec une place de numéro 1 obtenue pour la première fois depuis 2011. Un avantage selon Aaron Rodgers qui n’a jamais eu la chance de disputer une finale de conférence dans le Wisconsin depuis sa prise de fonction (4 apparitions, toutes à l’extérieur).
Pourquoi ils n’iront pas ?
La défense a souvent donné des maux de têtes à Green Bay en playoffs durant l’ère Aaron Rodgers. Il se pourrait bien que la tradition se perpétue dans le Wisconsin. Les entames sont compliquées et l’escouade laisse souvent revenir l’adversaire alors que l’équipe a le contrôle de la partie. Parviendront-ils à stopper un tant soit peu le jeu au sol adverse ? La question est encore d’actualité un après la déroute face à San Francisco. 20e défense contre la course (1805 yards encaissés), 4,5 yards parcourus par course (16e), 17 yards touchdowns concédés (17e), le secteur est une nouvelle fois dans le dur. Cela peut leur jouer un mauvais tour s’ils ne parviennent pas à stopper la base de tout système offensif en playoffs. Autre point noir, les ballons récupérés. Avec 18 ballons volés seulement, ils sont 25e ex aequo avec Chicago, et bons derniers des équipes encore en compétition. Un constat un peu similaire avec les équipes spéciales. Dans ce secteur, les Packers ne sont pas bien lotis. Hormis Mason Crosby, ils se sont souvent retrouvés en mauvaises postures, concédant deux touchdowns sur retours de coup de pied.
Dans les matchs à élimination directe, l’expérience fait la différence. Sur le terrain, les Packers ne manquent pas avec des vétérans chevronnés. Mais la réussite a rarement été au rendez-vous. À l’image du bilan d’Aaron Rodgers en finale de conférence qui ne plaide pas du tout en sa faveur (1 victoire en 4 matchs). En dehors, l’entraineur en chef interroge également. Surtout sa capacité d’adaptation. Matt LaFleur n’en est qu’à sa seconde année en tant que numéro 1 et comme Hannibal Smith, il adore qu’un plan se déroule sans accroc. Les évènements récents ont montré qu’il avait beaucoup de mal à modifier ses schémas en cours de route lorsque la situation ne lui était pas favorable.
Joueurs blessés
Contrairement à l’an dernier, le staff médical a eu de quoi s’occuper. Plusieurs titulaires, notamment sur la ligne offensive, sont passés par la case infirmerie et ont manqué quelques semaines de compétition. Rien de très sérieux. Et compte tenu de la profondeur de l’effectif et la capacité d’adaptation, leurs absences n’ont pas été préjudiciables. Au moment d’aborder le sprint final, tout le monde est sur le pont. Enfin presque tout le monde. Un seul manquera à l’appel et pas des moindres : David Bakhtiari (déchirure du ligament croisé antéro-externe du genou). Avec l’un des joueurs les plus importants indisponible au plus mauvais moment, beaucoup prédisent la catastrophe. Ce manque est préjudiciable, mais les Packers sont bien équipés dans ce secteur et ont déjà fait sans leur tackle gauche cette année. Au polyvalent Billy Turner désormais d’assurer la fonction de garde du corps attitré d’Aaron Rodgers.
Pronostic
Tout ou rien. En janvier, dans le froid, les Cheeseheads ont les armes pour retrouver les sommets. L’impression générale dégagée tout au long de la saison régulière laisse entrevoir de belles perspectives. En 2020, ils avaient atteint la finale de conférence en ayant montré moins de choses. Un an plus tard, la donne a changé. Le voyage jusqu’à Tampa Bay sera semé d’embuches mais les espoirs de participation au Super Bowl sont légitimes.
Pour cela, il faudra commencer par les Rams et leur monstrueuse défense emmenée par Aaron Donald. Le choc face à la ligne offensive de Green Bay s’annonce épique, Seattle vient d’en faire les frais. Ils devront faire preuve de patience et se creuser les méninges pour dominer probablement la meilleure escouade rencontrée jusqu’à présent. Une victoire leur donnerait la confiance nécessaire pour recroiser la route d’une autre redoutable défense, celle de Tampa Bay ou La Nouvelle Orleans, rencontrée plus tôt cette saison. Face à Drew Brees ou Tom Brady, Aaron Rodgers pourra suivre le rythme offensivement. Mais pour passer à l’étape finale, ils devront stopper l’adversaire. Et ça, Rodgers ne pourra pas y arriver sans un peu d’aide du coordinateur défensif, Mike Pettine.