Nouvelle structure, rénovation, future implantation… qu’importe l’avancée du projet, le stade demeure l’élément de base pour chaque franchise. Il représente à la fois un véritable moyen de pression auprès des municipalités et une extraordinaire machine à cash pour les équipes. Au cours de ce tour d’horizon, TDActu vous propose de découvrir les spécificités de chaque enceinte. Cette nouvelle phase vous emmène découvrir les illustres anciens, pour la plupart, disparus à l’heure actuelle, mais qui ont abrité les plus belles heures de la discipline.
Direction la Pennsylvanie pour nous plonger dans l’histoire du Veterans Stadium de Philadelphie.
Informations
Nom : Veterans Stadium (1971-2002). Nom choisi par le conseil municipal de Philadelphie pour rendre hommage aux vétérans américains de toutes les guerres.
Adresse : 3501 South Broad Street, Philadelphie, PA 19 148
Rénovations majeures : 1985-1987 (40 millions de dollars), 1995-1996 (10 millions de dollars).
Équipes résidentes NFL : Philadelphie Eagles (1971-2002)
Propriétaire : Philadelphia Department of Recreation pour la ville de Philadelphie.
Architecte : Hugh Stubbins & Associates, George M. Ewing Co., Stonorov & Haws
Constructeur : McCloskey & Co.
Surface : AstroTurf (1971-2000), NexTurf (2001-2002)
Capacité : 65 358 (1971), 65 720 (1972-1976), 66 052 (1977-1978), 71 464 (1979-1982), 72 204 (1983-1984), 71 640 (1985), 69 417 (1986), 66 592 (1987), 65 356 (1988-1991), 65 178 (1992-1993), 64 241 (1994), 64 899 (1995-1996), 65 352 (1997-2003).
Suites : 89
Parking : 16 000 places
Technique : escaliers mécaniques, ensemble d’écrans vidéo.
Début de la construction : 2 octobre 1967
Inauguration : 10 avril 1971
Coût : 63 millions de dollars.
Premier match : 26 septembre 1971, Philadelphie Eagles – Dallas Cowboys : 7-42
Dernier match : 19 janvier 2003, Philadelphie Eagles – Tampa Bay Buccaneers : 10-27
Démolition : 21 mars 2004
Le stade
Situé à l’extérieur du centre-ville de Philadelphie, à l’angle Nord-Est de Broad Street et de Pattison Avenue, le Veterans Stadium prenait place dans un immense complexe sportif, le South Philadelphia Sports Complex. Composé du Spectrum Stadium, arène couverte des 76ers (NBA) et Flyers (NHL), et du John F. Kennedy Stadium, l’endroit est devenu le point central des sports professionnels de la ville. Les vastes parkings et son emplacement à proximité des autoroutes inter-états reflétaient le besoin de fournir un accès facile aux fans de banlieue dépendants de l’automobile. Son emplacement a marqué un contraste frappant avec celui des stades et arènes antérieurs construits dans les quartiers urbains.
Pour entrer dans le stade, les fans avaient accès aux portes d’entrée par l’intermédiaire de rampes piétonnières. Une fois à l’intérieur, ils faisaient face à un gazon artificiel et une mer de sièges multicolores, où chaque niveau était matérialisé par une teinte différente. L’arrivée à l’étage supérieur s’effectuait par un escalier mécanique. Sa conception était presque circulaire, une forme connue sous le nom d’«octorad », qui tentait d’accommoder à la fois le football et le baseball. L’ancien Qualcomm Stadium de San Diego a été construit selon le même modèle. Cette double approche a été tentée dans d’autres villes (le RFK Stadium à Washington, le Shea Stadium à New York, l’Astrodome à Houston, le Atlanta-Fulton County Stadium à Atlanta, le Busch Memorial Stadium à St. Louis, le Riverfront Stadium à Cincinnati et le Three Rivers Stadium à Pittsburgh). Mais les dimensions et les formes fondamentalement différentes des terrains de jeu ont rendu le stade inadapté aux besoins de chaque discipline.
Un peu d’histoire
Ouvert le 10 avril 1971, le Veterans Stadium était la concrétisation d’un projet commun de longue haleine, poussé par le propriétaire des Phillies (MLB) et celui des Eagles. Pratiquement deux décennies s’étaient écoulées depuis les premiers pourparlers. Entre 1940 et 1958, l’équipe de football est retournée dans le Nord de la ville pour partager les installations du Shibe Park (plus tard connu comme le Connie Mack Stadium) avec non pas une, mais deux équipes de baseball. À cette époque, Philadelphie était non seulement le port d’attache des Phillies, mais aussi celui des Athletics. Mais ce stade trop petit (40 000 places) et vétuste manquait de commodités modernes, de places de stationnement et siégeait dans un quartier que de nombreux fans préféraient éviter. Dès 1953, les membres du conseil municipal de Philadelphie se sont mobilisés autour de l’idée d’un stade polyvalent pour satisfaire tout le monde. Sans parvenir à se mettre d’accord ne serait-ce que sur un point en particulier. Que ce soit sur le lieu d’implantation, l’aspect, le coût, le mode de financement et même le nom. Les coûts de construction avaient considérablement augmenté, et ni les Phillies, ni les Eagles ne possédaient le capital nécessaire pour financer un nouveau stade en privé. En parallèle, les dirigeants municipaux sont restés hésitants à fournir des fonds publics. Une multitude d’évènements va les y aider. Suite au départ des Athletics à Kansas City en 1954, les Eagles ont emboité le pas la saison suivante, migrant du côté de Franklin Field. Implanté à l’Ouest de la ville, il a été construit en 1922 par l’Université de Pennsylvanie pour ses protégés. Plus grand (70 000 places), ce bâtiment avait surtout l’avantage d’être un stade entièrement dédié à la pratique du football. Les Phillies sont donc restés seuls occupants d’un stade de près de 50 ans qui tombaient en décrépitude.
L’année 1959 a marqué un tournant avec l’interdiction de la vente d’alcool en Pennsylvanie lors des manifestations sportives. Le propriétaire de l’équipe de baseball R. R. M. Carpenter Jr. s’est alors mis en tête de construire un nouveau stade pour ses joueurs à côté de l’hippodrome de Garden State Park à Cherry Hill, dans le New Jersey. Le stade proposé aurait accueilli 45 000 supporters, avec une possibilité d’agrandissement à 60 000, plus 15 000 places de parking. Trois ans plus tard, le départ des Warriors pour San Francisco a enfin fait accélérer les choses. Finalement, après les échecs de sites potentiels à Camden, à Torresdale (dans le comté de Montgomery) et à l’Ouest de Philadelphie (au-dessus de la gare de triage de 30th Street Station) car politiquement irréalisables, la ville, les Phillies et les Eagles se sont mis d’accord sur un emplacement dans le Sud de Philadelphie. En 1964, les électeurs ont approuvé de justesse une émission d’obligations de 25 millions de dollars pour financer ce stade multisport qui devait servir de domicile aux deux entités. Alors que les différentes parties débattaient des options de conception, les estimations de coûts ont de nouveau augmenté, nécessitant une émission d’obligations supplémentaire de 13 millions de dollars en 1967. Les travaux ont finalement démarré le 2 octobre et le bâtiment devait initialement ouvrir ses portes en 1970. Mais en raison d’une grève du travail, du mauvais temps, des retards de construction à cause des dépassements de coûts, la rencontre inaugurale ne s’est déroulée que le 10 avril 1971, avec une victoire des Phillies sur les Expos de Montreal 4 à 1. Comme un lien avec le passé, l’ancien marbre du Connie Mack Stadium a été installé dans la nouvelle résidence. Avec 55 352 personnes présentes en tribune ce jour-là, l’affluence représentait, à cette époque, le plus grand rassemblement pour un match de baseball en Pennsylvanie.
Baptisé Veterans Stadium dès 1968 par le conseil municipal de Philadelphie en l’honneur des vétérans de toutes les guerres, la structure entièrement fermée en forme d’octogone a finalement coûté plus de 60 millions de dollars. L’un des stades les plus coûteux jamais sorti de terre. Il pouvait accueillir 56 371 personnes pour le baseball et 65 358 personnes pour le football. Les Eagles y ont fait leurs premiers pas le 16 aout 1971 lors d’une opposition de présaison contre les Bills. Un peu plus d’un mois plus tard, le 26 septembre, les Cowboys ont étrillé les locaux 42-7 pour les débuts officiels du Veterans Stadium en NFL. À l’intérieur, le stade était une structure compliquée avec des sièges disposés sur sept niveaux différents et deux étages. Le niveau le plus bas, ou « niveau 100 », ne s’étendait qu’entre les lignes des 25 yards environ pour les matchs de football et près des deux dugouts pour le baseball. Le « niveau 200 » comprenait des suites de terrain, et le « niveau 300 » abritait ce que l’on appelait des « Terrace Boxes ». Ces trois niveaux constituaient collectivement la partie basse du stade. Le « Niveau 400 » était réservé à la presse et aux VIP. L’étage supérieur commençait par le « Niveau 500 » (ou « loge boxes »), le « Niveau 600 » (sièges supérieurs réservés, ou individuels), et enfin, le « Niveau 700 » (admission générale pour le baseball). À l’origine, les sièges étaient dans des tons de marron, de terre cuite, d’orange et de jaune, pour ressembler à un jour d’automne. Pour que le stade puisse passer du baseball au football, des parties de tribunes modulables étaient déplacées. Les sièges utilisés pour le football étaient ainsi positionnés sous les tribunes, derrière le mur délimitant le champ extérieur lorsque le stade était en configuration baseball. L’aire de jeu, véritable point noir du lieu, était recouvert du redoutable AstroTurf. Niveau technologique, l’installation comprenait un système de sonorisation de pointe, mais surtout un ensemble de tableaux d’affichage, qualifié de « plus grand, plus cher et plus sophistiqué de tous les sports » qui a coûté pas moins de 3 millions de dollars.
Améliorations
L’injection régulière de capitaux a permis aux habitants de Philadelphie de disposer d’un stade dont ils pouvaient être fiers. 64 millions de dollars ont été investis dans des réparations structurelles, des ajouts de sièges et d’autres améliorations à partir de 1985. Entre 1985 et 1987, 89 suites de luxe (Penthouse Suites) ont été construites au sommet du stade, entrainant la suppression de plusieurs rangées du niveau 700 et la réduction de la capacité à environ 66 000 personnes. En 1995 et 1996, 10 millions de dollars supplémentaires ont été apportés afin d’améliorer l’éclairage extérieur, de remplacer la surface en AstroTurf, les ascenseurs et escaliers mécaniques. Mais aussi ainsi effectuer diverses réparations structurelles et moderniser la centrale électrique. Réalisés dans les couleurs populaires des années 70, les sièges orange, jaune et marron en plastique dur et moulé ont été changés pour des modèles bleus. Les tableaux d’affichage ont été remplacés par des versions animées, rejoignant ainsi l’écran géant « Phanavision » de 4 millions de dollars installé dans les années 80. Enfin, une réplique de la Liberty Bell a été placée sur le toit du bâtiment.
Le gazon synthétique AstroTurf, souvent critiquée pour sa dureté et sa dangerosité, a été changé 6 fois au cours de l’histoire du stade. En 2001, il a finalement été remplacé par une nouvelle surface, le NexTurf, beaucoup plus épaisse et douce. Cependant, la pose n’a pas été faite correctement, laissant les coutures visibles à plusieurs endroits. Le premier match sur la nouvelle surface devait avoir lieu le 13 août 2001, avec l’opposition de présaison entre Eagles et Ravens. Cependant, l’entraîneur de Baltimore, Brian Billick, a refusé de laisser ses joueurs s’échauffer sur le terrain lorsqu’il a découvert une tranchée autour d’une zone où se situait habituellement la 3e base de baseball. Les équipes techniques du stade ont tenté sans succès de régler le problème, forçant les officiels à annuler la rencontre. Le président des Eagles, Joe Banner, était furieux, qualifiant les conditions du stade d' »absolument inacceptables » et d' »embarrassantes pour la ville de Philadelphie ». Les responsables de la ville ont cependant promis que le stade serait prêt au début de la saison régulière. Le problème a été causé par les fortes pluies du week-end précédant le match, qui ont rendu la terre si molle que les découpes qui recouvraient les espaces en terre en configuration football sont devenues inégales. Le problème a été résolu en utilisant un mélange d’asphalte à chaud, ce qui a permis d’obtenir une surface solide et plane. Cependant, ce remblai était levé au moyen d’un marteau-piqueur chaque fois que le stade repassait du football au baseball (entre août et octobre de chaque année).
Fermeture
Malgré l’ajout de luxueuses suites en terrasse et l’entretien régulier des installations, le Vet’ montrait définitivement des signes de fatigue à l’approche du XXIème siècle. L’ouverture du stade de baseball de Baltimore a marqué le début d’une évolution vers des enceintes dédiées pour chaque discipline, généralement dotés de suites de luxe pouvant être louées à des entreprises. Les responsables municipaux à travers tout le pays ont commencé à considérer ces installations comme un outil de promotion de croissance économique et de développement, même si les économistes ont fortement contesté cette affirmation. Ainsi, les équipes sportives professionnelles ont reçu de généreuses subventions publiques pour de nouveaux bâtiments, malgré l’insuffisance généralisée des budgets municipaux pour les services de base de la ville. Cette tendance s’est rapidement étendue à Philadelphie.
À la fin des années 1990, Eagles et Phillies, lassés d’évoluer ensemble, voulaient tous deux de nouveaux stades. Ce modèle de partage n’était plus efficace sur le long terme, chaque sport se devait d’avoir des installations appropriées pour offrir aux fans une meilleure visibilité. Les Eagles ont espéré ardemment ce changement, le Veterans Stadium était considéré comme l’un des pires endroits de la ligue, en partie à cause de son terrain. Dès 1993, le propriétaire, Norman Braman, a voulu construire un nouveau stade similaire au Ralph Wilson Stadium de Buffalo. Il n’a pu aller au bout de ses projets. L’année suivante, il a vendu l’équipe à Jeffrey Lurie, qui a poursuivi la quête d’un nouveau bâtiment à Philadelphie. Le nouveau patron pensait qu’une nouvelle enceinte possédant les dernières innovations technologiques constituerait un élément clé visant à faire des Eagles une franchise d’élite de la NFL.
Pendant plus de cinq ans, il a lutté afin d’obtenir un soutien financier pour la construction. Bien que les dirigeants politiques et économiques de la ville aient initialement résisté au financement public, l’état de Pennsylvanie a accepté en 1999 de contribuer à hauteur de 200 millions de dollars dans les différents projets de stade à Philadelphie et Pittsburgh. Après un long débat local, la ville a fourni 300 millions de dollars de subventions supplémentaires pour les enceintes des Eagles et Phillies. Le financement privé, la vente de licences de siège personnel et le contrat précoce portant sur les droits d’appellation signé avec Lincoln Financial Group le 3 juin 2002 (140 millions de dollars sur 21 ans) ont permis de couvrir les coûts restants. La construction de Lincoln Financial Field a débuté le 7 mai 2001 dans l’extrémité Sud du grand complexe sportif. Le futur stade sera entouré de la salle utilisée pour le basket et le hockey à l’Ouest, du terrain de baseball à l’Est. Et un peu moins de 29 mois plus tard, le stade a accueilli son premier événement.
L’année 2003 a vu le bâtiment connaitre ses derniers évènements sportifs. Les Eagles ont fait leurs adieux dès le mois de janvier suite à la défaite en playoffs face aux Buccaneers 27 à 10 en finale de conférence (19 janvier). Les Phillies y sont restés toute la saison en attendant la fin des travaux de leur Citizens Bank Park. Le 28 septembre, ils ont joué leur tout dernier match sur place ; une défaite 5 à 2 face aux Braves d’Atlanta. Le Veterans Stadium a alors fermé définitivement ses portes le mois suivant. Les ouvriers sont entrés en action pour préparer le bâtiment à sa future destruction. La réplique de la Liberty Bell a été retirée de son perchoir et placée en stockage, avant d’être positionnée à l’extérieur du Citizens Bank Park. Le 21 mars 2004, le stade de bientôt 33 ans a finalement implosé en 62 secondes. Frank Bardonaro, président de la société de location de grues AmQuip, basée à Philadelphie, a appuyé sur le bouton « charge ». Puis Bardonaro et Nicholas T.Peetros Sr., chef de projet chez Driscoll/Hunt Construction Company, ont appuyé ensemble sur le bouton « feu » pour déclencher l’implosion. Un parking pour les installations sportives actuelles a été construit en 2004 et 2005 sur le site. Le 6 juin 2005, date anniversaire du débarquement en Normandie, une plaque, un monument rappelant l’emplacement du stade, et un mémorial à la gloire des vétérans ont été inaugurés par les Phillies avant leur match contre les Diamondbacks d’Arizona. Le 28 septembre suivant, jour du deuxième anniversaire du dernier match du stade, une seconde plaque historique a été dévoilée. En avril 2006, des plaques en granit marquant les anciens emplacements du marbre, du monticule du lanceur, des trois bases du terrain de baseball, ainsi que les emplacements des poteaux de but pour le football, ont été ajoutés sur le parking U Ouest. Même après sa destruction, les habitants de Philadelphie ont continué de payer pour le stade disparu, avec des échéances qui courraient jusqu’en 2014.
Évènements organisés
Football : domicile des Eagles (NFL) entre 1971 et 2002. Domicile des Stars (USFL) en 1983 et 1984.
Football universitaire : domicile de l’université de Temple entre 1978 et 2002. Le Vet’ a accueilli à 17 reprises la rencontre entre Army et Navy entre 1980 et 2001.
High School : finale du championnat des lycées de Philadelphie (City Tittle Game) entre 1973 et 1997, puis en 1979.
Baseball : domicile des Phillies (MLB) entre 1971 et 2003. All-Star Game MLB en 1976 et 1996. World Series 1980, 1983, 1993. All-Star Game entre la Cape Cod Baseball League et l’Atlantic Collegiate Baseball League en 1984. Les Trenton Thunder (Eastern League, ligue mineure) y ont joué deux matchs à domicile les 20 et 21 avril 1994.
Baseball universitaire : Le Liberty Bell Classic (tournoi de Division I universitaire) entre1992 et 2003. Le tournoi Atlantic 10 Conference en 1998.
Soccer : domicile des Atoms (NASL) entre 1973 et 1975, et des Fury (NASL) en 1978 et 1980. Match amical entre les États-Unis et Sheffield Wednesday (2-0) le 2 aout 1991.
Autres : le NWA/Jim Crockett Promotions The Great American Bash (lutte) le 1er juillet 1986, sermon du révérend Billy Graham en 1992, convention annuelle des témoins de Jéhovah, concerts.
Rencontres notables
. Semaine 2, saison 1971 : Eagles – Cowboys : 7-42
Pour une première officielle, les fans n’ont pas obtenu le résultat escompté. Dominés en long, en large et en travers, les Eagles ont vécu un véritable désastre face à leurs rivaux. 32 yards au sol, 160 dans les airs avec 7 interceptions à la clé et un fumble perdu. Ils ont tout de même sauvé l’honneur en fin de match avec un petit touchdown pour rendre la pilule un peu plus facile à avaler. Après 42 points encaissés consécutivement, les seuls points sont venus du retour de field goal sur 102 yards d’Al Nelson.
. Finale NFC, saison 1980 : Eagles – Cowboys : 20-7
Trois mois après la victoire des Phillies en World Series, le Vet ‘ a connu un autre grand moment avec cette finale de conférence disputée face au rival Cowboys devant 70 696 spectateurs. Comme stratagème psychologique, les Eagles ont choisi de porter leurs maillots blancs, forçant Dallas à revêtir sa tunique bleue « maudite ». Le running back de Philadelphie, Wilbert Montgommery, a donné le ton de la journée avec son touchdown au sol de 42 yards dès le premier quart-temps. Il a terminé la journée avec 194 yards en 26 portées, symbole d’une attaque au sol dominante ce jour-là (263 contre 90). Rejoints au score à la pause, les locaux ont fait la différence au retour des vestiaires pour s’imposer 20 à 7 et se hisser vers son premier Super Bowl. À la fin du match, la police de Philadelphie a encerclé le terrain avec des chevaux et des chiens, comme elle l’avait fait pour la victoire des Phillies. Malgré cela, les fans ont tout de même réussi à se précipiter sur la pelouse.
. Semaine 6, saison 1988 : Eagles – Giants : 24-13
Duel de division pour un match du lundi soir. Pour les fans, c’était un évènement incontournable. Randall Cunningham a complété 31 de ses 41 passes, pour 369 yards et 3 touchdowns sans interception dans une victoire 24-13. Au-delà de la performance statistique, c’est son coup d’éclat du deuxième quart-temps qui est resté dans les mémoires. Menés 3-0, les Eagles étaient sur la ligne des 5 yards adverses. Cunningham a pris le snap, puis s’est précipité sur sa droite, poursuivi par Carl Banks, l’un des meilleurs plaqueurs de la ligue. Banks a bien frappé le quarterback sur les 10 yards, mais celui-ci de s’est pas écroulé. Utilisant sa main gauche pour se stabiliser, Cunningham a lancé une passe de touchdown à son tight end, Jimmie Giles. Cette action étourdissante est venue couronner un drive de 80 yards et 12 actions. Même aujourd’hui, Banks n’arrive toujours pas à comprendre comment cela a pu se produire.
. Semaine 14, saison 1989 : Eagles – Cowboys : 20-10
Ce match est arrivé deux semaines après la première opposition à Dallas à l’issue de laquelle l’entraineur des Cowboys, Jimmy Johnson, avait accusé son homologue Buddy Ryan d’avoir offert des primes en cas de blessures du kicker Luis Zendejas et du quarterback Troy Aikman. CBS Sports avait ouvert sa retransmission ce jour-là en surnommant le match comme le « Bounty Bowl II », avec des affiches de recherche, des photos des joueurs concernés et les montants des primes. Pendant le match, les fans de Philadelphie ont jeté des boules de neige, de la glace et de la bière sur le terrain. Plusieurs personnes ont été touché, notamment l’arbitre Al Jury, le punter des Cowboys Mike Saxon, ainsi que Jimmy Johnson, frappé par des objets alors qu’il était escorté hors du terrain par le service de police de Philadelphie. Les journalistes Verne Lundquist et Terry Bradshaw ont également eu à subir les foudres des supporters, tout comme le joueur de ligne défensive des Eagles, Jerome Brown, alors qu’il se tenait sur la ligne de touche, demandant aux fans de se calmer. Edward Rendell, fan des Eagles, a admis plus tard qu’il était impliqué dans l’incident. L’ancien procureur du district de Philadelphie, futur maire de la ville et gouverneur de Pennsylvanie a parié 20 dollars avec un autre fan que ce dernier ne pourrait pas atteindre le terrain avec une boule de neige. Rendell a perdu. Les Eagles ont gagné le match 20-10. À la suite de cet incident, la sécurité a été renforcée et la vente de bière interdite pour les dernières rencontres de l’année.
https://youtu.be/IQ_ZM7BhPmU
. Semaine 9, saison 1990 : Eagles – Patriots : 48-20
La correction a fait très mal. L’équipe de Buddy Ryan a totalisé 514 yards en attaque ce jour-là, dont 307 au sol. Les Eagles n’avaient pas couru autant en un seul match depuis décembre 1951, avec une prestation exceptionnelle de Randall Cunningham. Il est devenu le premier quarterback de l’histoire de la NFL à courir plus de 100 yards et offrir quatre passes de touchdown dans le même match. Il a également réalisé la plus longue course de sa carrière, un sprint de 52 yards pour un touchdown à partir d’une feinte. Alors qu’il se dirigeait vers la ligne de touche pour sortir du terrain, il a brusquement changé de trajectoire et pris de la vitesse pour semer les défenseurs adverses, surpris. Philadelphie a marqué sur huit de ses dix possessions, avec deux drives de plus de 80 yards et deux autres de plus de 70. En plus des 124 yards de Cunningham, Heath Sherman a ajouté 113 yards supplémentaires en 24 portées. C’était la première fois que la franchise avait deux coureurs à plus de 100 yards dans le même match depuis 1978.
. Semaine 10, saison 1990 : Eagles – Redskins : 28-14
Le « Body Bag Game ». Dans les jours précédents la rencontre, Buddy Ryan, alors entraineur des Eagles, a déclaré en parlant de l’attaque de Washington : « Ils devront être transportés dans des sacs mortuaires ». Un message visiblement bien passé. La redoutable défense des Eagles (Green Gang), numéro 1 du pays, a marqué deux touchdowns lors de cette victoire 28 à 14. Surtout, les Redskins ont eu 9 joueurs blessés, dont les deux quarterbacks. Sans joueurs de formation disponibles ce poste, ils ont été contraints de terminer le match en faisant appel au running back Brian Mitchell (qui deviendra un joueur des Eagles plus de dix ans plus tard).
. Semaine 15, saison 1995 : Eagles – Cowboys : 20-17
« Ils l’arrêtent encore ! Ils l’arrêtent encore ! » Ce sont les mots mémorables de Merrill Reese à la radio, lorsque les Eagles ont stoppé Emmit Smith deux fois de suite, alors qu’ils essayaient de gagner un yard pour une première tentative cruciale en fin de match. Suite au second échec sur quatrième tentative, les Eagles ont récupéré la possession qui leur a permis d’inscrire quelques actions plus tard le field goal de la victoire. Après une première mi-temps compliquée et un retard de 11 points à la pause, les locaux ont décroché un succès précieux (20-17) au terme d’un deuxième acte à sens unique (14 points inscrits à rien).
. Semaine 4, saison 2002 : Eagles – Texans : 35-17
Probablement le meilleur match dans la carrière de Brian Dawkins. Il a souhaité la bienvenue aux Texans dans la ligue de différentes manières. À la fin du premier quart-temps, il a récupéré un fumble du quarterback adverse, David Carr, puis a réussi une interception juste avant la pause. En seconde mi-temps, il a inscrit un touchdown de 57 yards à la réception, sur une feinte de punt. Pour boucler la boucle, il a réalisé un sack à moins d’une minute de la fin pour définitivement sceller la victoire 35 à 17 devant près de 65 000 spectateurs.
. Semaine 11, saison 2002 : Eagles – Cardinals : 38-14
Donovan McNabb s’est cassé la cheville sur le troisième jeu du match, mais cela ne l’a pas empêché de continuer à tenir sa place le reste de la partie. Bilan de la soirée : 20/25 (80% de passes complétées), 255 yards, 4 touchdowns pour 1 interception, suffisant pour offrir une septième victoire importante pour Philadelphie cette saison-là. McNabb a ensuite manqué le reste de la saison régulière et n’est revenu qu’au second tour des playoffs.
. Finale NFC, saison 2002 : Eagles – Buccaneers : 10-27
L’un des moments les plus décevants de la carrière de Donovan McNabb. Dans ce qui restera comme le dernier match au Veterans Stadium, les Eagles – tête de série numéro 1- recevait les Buccaneers. En jeu, une place pour le Super Bowl face aux Raiders. Les deux adversaires s’étaient déjà rencontrés au cours des deux dernières saisons. Bilan : 4 victoires, 0 défaite en moins de 25 mois en faveur des Eagles, dont la dernière en date trois semaines plus tôt avec leur équipe B. Et historiquement, l’équipe numéro 1 en NFC à l’issue de la saison régulière avait toujours disputé le Super Bowl. Du côté des visiteurs, les Buccaneers n’avaient jamais gagné en playoffs à l’extérieur, et n’étaient crédités que d’un seul succès en 22 matchs lorsque la température extérieure était inférieure à 4°C. Au moment du coup d’envoi, le thermomètre affichait -6°C. Personne ne se doutait de ce qui allait se produire. Brian Mitchell a renvoyé le coup d’envoi sur 70 yards et lors de l’action suivante, Deuce Staley a marqué sur une course de 20 yards. Défensivement, ils ont coincé Tampa Bay sur leurs 4 yards, les obligeant à se dégager, et plus tard Bobby Taylor a intercepté Brad Johnson. Le match semblait ne prendre qu’une seule direction. Puis, tout s’est écroulé : la défense s’est effondrée, McNabb était inefficace, Andy Reid a ignoré son running back. Plus rien ne fonctionnait. Essayant de maintenir leurs espoirs de Super Bowl, McNabb a conduit les Eagles au plus profond du territoire adverse, accumulant 73 yards. Dans sa poche, il a mal apprécié la feinte de blitz de Ronde Barber, qui a finalement reculé en couverture. Il s’est saisi de la passe du quarterback et a remonté les 92 yards le séparant de la end-zone pour clore définitivement les débats. Une cruelle défaite pour une dernière dans le bâtiment.
En chiffres
Matchs joués : 257, entre 1971 et 2002.
Bilan : Saison régulière : 246 matchs (137 victoires – 107 défaites – 2 nuls). Playoffs : 11 matchs (7 victoires – 4 défaites).
Premier match : 26 septembre 1971, défaite contre les Dallas Cowboys 42 à 7.
Dernier match : 19 janvier 2003, défaite contre les Tampa Bay Buccaneers 27 à 10.
Leader à la passe : Ron Jaworski : 72 matchs, 984/1855, 12 724 yards, 78 touchdowns, 64 interceptions.
Leader à la course : Wilbert Montgomery : 51 matchs, 761 courses, 3471 yards, 29 touchdowns.
Leader à la réception : Harold Carmichael : 91 matchs, 297 réceptions, 4475 yards, 40 touchdowns.
Meilleur match à la passe : Joe Montana (49ers, 24 septembre 1989) : 25/34, 428 yards, 5 touchdowns, 1 interception.
Meilleur match à la course : Emmitt Smith (Cowboys, 31 octobre 1993) : 30 courses, 237 yards, 1 touchdown.
Meilleur match à la réception : Fred Barnett (Eagles, 24 octobre 1994) : 5 réceptions, 187 yards, 1 touchdown.
Record d’affluence : 72 111, le 1er novembre 1981 : Eagles – Cowboys.
Fun Facts
Le stade était connu pour offrir aux Eagles et aux Phillies un avantage sur le terrain. En particulier, l’acoustique, qui a considérablement amélioré le bruit de la foule, rendant presque impossible pour les joueurs adverses de s’entendre les uns les autres. Les fans de la section 700 étaient considérés comme parmi les plus virulents de la ligue où bagarres, ivresse, obscénités, harcèlement et miction publique (notamment sur les fans adverses) étaient monnaie courante. Leurs comportements sont devenus tellement incontrôlables qu’en 1997, un tribunal (Eagles Court) avec des cellules attenantes, ont directement été implantées dans le stade. Chaque jour de match, un juge siégeait sur place pour prononcer les sentences immédiatement.
Les chats et les rats étaient présents en nombre au sein de l’enceinte. Joueurs et employés de l’équipe ont toujours fait allusion à ce nombre important. L’ancien coordinateur offensif des Eagles, Jon Gruden, a un jour demandé pourquoi il y avait tant de chats errants dans les environs et on lui a répondu qu’ils étaient là pour se débarrasser des rats !
La Légende du judas. Des rumeurs et des accusations ont été lancées selon lesquelles il y aurait des judas entre le vestiaire des pom-pom girls des Eagles et celui adjacent de l’équipe en visite.
À l’origine recouverte d’AstroTurf, la surface comportait de nombreux trous et des zones inégales. À plusieurs endroits, les coutures étaient clairement visibles, ce qui lui a valu le surnom de « Field of Seams » (terrain des coutures). Il a souvent été classé comme le « pire terrain de la NFL » dans les enquêtes menées par l’association des joueurs de la NFL, et les joueurs visiteurs étaient souvent victimes de conditions traîtresses qui provoquaient de nombreuses blessures. L’association aurait menacé de poursuivre la ville pour ces mauvaises conditions, et de nombreux agents sportifs ont dit aux Eagles de ne même pas envisager de signer ou de recruter leurs clients. Les Eagles, pour leur part, se sont plaints à la ville à de nombreuses reprises des conditions régnant dans le stade.
Beaucoup moins drôle, ce mauvais terrain a causé de nombreuses blessures. En 1993, Wendell Davis (WR, Bears) s’est rompu les deux tendons rotuliens lors d’une seule et même action. Ses crampons se sont pris dans une couture et ses genoux ont lâché, précipitant la fin de sa carrière. Blessure similaire en 1996 pour la quarterback des Eagles, Rodney Peete, mais seulement pour un seul genou. Celle-ci est intervenue lors d’un recul classique sur un jeu de passe où son pied s’est coincé dans la moquette au moment de sa prise d’appui. En 1999, le receveur des Cowboys, Michael Irvin, a vu sa carrière s’arrêter nette suite à un plaquage qui l’a propulsé tête la première sur le gazon. Il a subi une lésion de la moelle épinière au niveau des cervicales et on lui a diagnostiqué plus tard une sténose de la colonne vertébrale cervicale (rétrécissement de la colonne vertébrale).