Field Advisor : le R.F.K Stadium de Washington

Gros plan sur le domicile où les Redskins ont connu la gloire.

Nouvelle structure, rénovation, future implantation… qu’importe l’avancée du projet, le stade demeure l’élément de base pour chaque franchise. Il représente à la fois un véritable moyen de pression auprès des municipalités et une extraordinaire machine à cash pour les équipes. Au cours de ce tour d’horizon, TDActu vous propose de découvrir les spécificités de chaque enceinte. Cette nouvelle phase vous emmène découvrir les illustres anciens, pour la plupart, disparus à l’heure actuelle, mais qui ont abrité les plus belles heures de la discipline.  

Direction la capitale fédérale pour nous plonger dans l’histoire du R.F.K Stadium de Washington.

Informations

Nom : RFK Stadium (1969 à aujourd’hui). Il était connu à l’origine comme le D.C Stadium de 1961 à 1968. Il est situé à environ 3 kilomètres du Capitol américain, près de la rive Ouest de la rivière Anacostia.
Il suit une orientation Nord-Ouest / Sud-Est pour le football.
Adresse : 2400 East Capitol Street SE, Washington, D.C 20003
Naming :
Rénovations majeures :
2004 (18,5 millions de dollars)
Équipes résidentes NFL :
Washington Redskins (1961-1996).

Propriétaire :
District of Columbia (Events D.C). Il appartenait au gouvernement fédéral jusqu’en 1986.
Architecte : George Leighton Dahl
Constructeur : Osborn Engineering Company, McCloskey ans Co.

Surface : TifGrand Bermuda Grass.
Toit : toit couvrant les sièges des tribunes supérieures.
Capacité : 49 219 (1961-1964), 50 000 (1965-1969), 50 415 (1970), 53 041 (1971), 53 039 (1972), 54 381 (1973), 54 395 (1974), 55 004 (1975-1976), 55 031 (1977-1979), 55 045 (1980-1983), 55 431 (1984), 55 750 (1985-1991), 56 454 (1992-1996).
Parking : 12 000 places
Technique : une tribune rétractable le long de la 3ème base.

Début de la construction : 18 juillet 1960
Inauguration : 1er octobre 1961
Coût : 24 millions de dollars

Premier match : 1er octobre 1961, Washington Redskins – New York Giants : 21-24
Dernier match : 22 décembre 1996, Washington Redskins – Dallas Cowboys :  37-10
Démolition :

Le stade

Le « D.C Stadium » n’avait pas d’égal. Il s’agissait de la première installation spécialement construite pour accueillir plusieurs sports, notamment baseball et football, d’où la forme asymétrique étrange des tribunes. Ce concept a été suivi au cours des décennies suivantes par de nombreuses villes, mais n’a jamais connu un grand succès car cette polyvalence n’offrait que des solutions imparfaites pour chaque sport. Il n’en a pas été autrement pour le RFK Stadium où les changements de configuration entre les différentes disciplines se sont révélés très coûteux. Conçu par l’éminent architecte texan George Dahl, le stade avait une allure de soucoupe volante à cause de son toit en pente. Il rappelait celui de l’aéroport de Dulles, construit à la même époque. Le concepteur a certainement dû être influencé par la période de conquête spatiale que vivait le pays à cette époque.

Photo : Yahoo!

Un peu d’histoire

L’idée d’un grand stade à Washington est née en 1932 lorsque la Roosevelt Memorial Association (RMA) a proposé un stade national dont les plans ont été produits par Allied Architects, un groupe d’architectes locaux. L’idée d’un « stade national » dans la capitale était poursuivie depuis 1916, lorsque le membre du Congrès, George Hulbert, a proposé la construction d’un stade de 50 000 places à East Potomac Park dans le but d’obtenir les Jeux olympiques de 1920. À l’époque, un tel bâtiment aurait pu attirer une multitudes d’autres évènements (tennis, football, baseball…). Plus tard, le directeur des bâtiments publics et des parcs de D.C, Ulysses S. Grant III, et le membre du Congrès, Hamilton Fish, ont cherché à transformer ce projet en un mémorial de 100 000 places pour Théodore Roosevelt, capable d’accueillir des inaugurations. Les sites de National Mall ou Théodore Roosevelt Island ont ainsi été étudiés. La suggestion a attiré l’attention de la RMA, qui a proposé un emplacement à l’Est. Avec la construction du Lincoln Memorial à l’Ouest, les deux grands présidents américains auraient pu être honorés. Ces efforts se sont interrompus lorsque le Congrès a choisi de ne pas financer le stade pour aider Los Angeles dans l’organisation des Jeux Olympiques de 1932.

Le rêve de stade n’a pas été abandonné pour autant. En 1938, le sénateur de Caroline du Nord, Robert Reynolds, a remis le dossier au goût du jour au motif que « les États-Unis était le seul grand pays à ne pas posséder de stade avec des installations pour accueillir les Jeux olympiques ». L’année suivante, une maquette a été proposée et présentée au public. L’enceinte devait se situer près du futur site choisi pour le RFK Stadium. En 1941, la National Capital Planning Commission a commencé à acheter des terrains entre East Capitol, C, 19th and 21st NE. Le 20 décembre 1944, le Congrès a créé la National Memorial Stadium Commission, composée de neuf personnes, pour avancer sur ce projet. Cette commission a rédigé un rapport recommandant la construction d’un stade de 100 000 places pour aider à obtenir l’organisation des Jeux olympiques de 1948. Malgré cela, le dossier est une nouvelle fois tombé à l’eau par manque de financement.

Pour la troisième fois, l’idée a refait surface une décennie plus tard. En 1954, le membre du Congrès, Charles R. Howell, a proposé une loi pour construire un stade, toujours dans l’espoir d’attirer les Jeux Olympiques. Il a fait pression pour que le rapport préliminaire sur les sites pour le National Memorial Stadium, achevé en 1956, trouve une issue favorable. Le Griffith Stadium, situé sur Georgia Avenue à environ 6 kilomètres au Nord-Ouest, commençait à montrer son âge. Un site sur East Capitol, proche de la rivière Anacostia, a été identifié pour édifier le prochain bâtiment sportif. Comme D.C. n’aurait pas d’autonomie avant 16 ans, le Congrès a décidé de fournir aux habitants du District de Columbia un stade adapté à l’organisation d’événements sportifs. Le District of Columbia Stadium Act de 1957 a donné à l’Armory Board, créé précédemment, la capacité de construire, d’entretenir et d’exploiter un stade de 50 000 places sur le terrain de National Park Service. Le bâtiment devait être capable d’accueillir à plein temps les Redskins (NFL) et les Senators (MLB). Le 29 juillet 1958, l’entente a été validée par le président Eisenhower. Le bail du stade a lui été signé entre l’Armory Board et le Département de l’intérieur le 12 décembre suivant. Le chantier a été confié à George Dahl, Ewin Engineering Associates et Osborn Engineering. La première pelletée de terre a eu lieu le 8 juillet 1960 au cours d’une cérémonie. La construction s’est poursuivie de manière accélérée pendant les 14 mois suivants. Montant des travaux : 24 millions de dollars pour l’installation baptisée District of Columbia Stadium (D.C Stadium) pour son ouverture.

Photo : USA Today.

Le stade était de forme circulaire, essayant de s’adapter à la fois pour le football et le baseball. Il a été le premier à utiliser le concept dit « emporte-pièce », une approche également utilisée à Philadelphie, New York, Houston, Atlanta, St. Louis, San Diego, Cincinnati, Oakland et Pittsburgh. Alors que le périmètre extérieur était circulaire, l’intérieur des tribunes formait un « V » nécessaire pour insérer un terrain de baseball. Cette différence permettait d’intégrer plus de sièges le long des couloirs de base qu’au marbre ou en champ extérieur. La hauteur du mur extérieur montait et descendait par vagues, ce qui se répercutait sur le toit, donnant une apparence de « papillon » lorsqu’on observait la tribune au niveau du sol depuis l’Ouest. Une caractéristique unique parmi les stades circulaires des années 1960. Pour son ouverture, il représentait un nouveau niveau de luxe. Il offrait 50 000 places assises réparties sur deux niveaux, chacune d’une largeur de 56 cm (à une époque où le siège type ne faisait que 38 à 41 cm). Il disposait de vestiaires climatisés, d’un salon pour les femmes des joueurs, et même des cellules de détention pour les supporters les plus violents ou les plus éméchés. Le terrain pouvait être couvert par une bâche qui était actionnée par une machine. Les larges allées et les rampes d’accès permettaient de vider les tribunes en 15 minutes seulement. La capacité de la tribune de presse restait modulable en fonction des évènements organisés.

Cependant, le RFK Stadium n’était pas idéal pour l’une ou l’autre des disciplines, en raison des différentes géométries des terrains de jeu. Compte tenu des variations importantes des dimensions, les sièges devaient pouvoir s’adapter à des surfaces de jeu plus grande. Il représentait le problème majeur dans presque tous les stades polyvalents de cette époque. En configuration baseball, il était l’un des rares à ne pas avoir de sièges dans la tribune basse de son champ extérieur. Selon le Sporting News, plus de 27 000 sièges (soit environ 60 % de la capacité disponible pour la discipline) se trouvaient à l’étage dans les années 1960. Cette proportion s’améliorait pour le football, avec des places disponibles au niveau de la end-zone. Cependant, les dix premières rangées se trouvaient presque au niveau de la pelouse, ce qui rendait la vue difficile au-dessus des joueurs. L’aire de jeu suivait également un alignement différent. Est-Ouest pour le baseball, Nord-Ouest / Sud-Est pour le football. Autre souci, le coût des transformations. 40 000$ étaient dépensés pour chaque conversion.

Le premier évènement organisé a eu lieu le 1er octobre 1961. Devant seulement 36 767 personnes présentes (le stade pouvait en contenir 56 000), dont le Président John F.Kennedy, les Redskins se sont inclinés 24-21 face aux Giants. Comme le Washington Post l’a noté à l’époque, le stade n’était pas tout à fait terminé pour cette rencontre. Les sièges manquaient, il y avait des problèmes de pression d’eau dans les toilettes et d’électricité dans les stands de vente ambulante. L’inauguration officielle s’est déroulée le 7 octobre lors d’une rencontre universitaire, le « Dedication Game », où George Washington s’est imposé 30 à 6 contre VMI. Le 23 novembre, le stade a affiché complet pour la première fois lors d’un match de high school organisé à Thanksgiving entre les champions de l’école publique, Eastern, et les champions de l’école catholique, St. John’s. Un match remporté par ces derniers 37 à 14. Les Senators ont dû attendre 1962 et le début de la saison de baseball pour découvrir les lieux. Le 9 avril, le président Kennedy a effectué le premier lancer honorifique devant 44 383 fans qui ont vu les Senators battre les Tigers de Detroit 4-1 et l’arrêt-court Bob Johnson frapper le premier home run sur place. L’affluence ce jour-là était la plus élevée pour un évènement sportif dans la capitale fédérale.

Photo : Football Stadium Digest.

Améliorations

Si le propriétaire des Redskins, George Preston Marshall, était satisfait du stade, le propriétaire des Senators, Calvin Griffith, ne l’était pas. Ne souhaitant plus évoluer dans la capitale, il devait payer un loyer sans tirer profit des revenus générés par le stationnement et les concessions. La fréquentation de son équipe a également souffert après l’arrivée des Orioles à Baltimore en 1954. Six ans plus tard, la MLB a accordé une franchise d’expansion à la ville de Minneapolis, Griffith a sauté sur l’occasion. Il a proposé à la ligue de déménager son organisation à Minneapolis-Saint Paul, laissant la place vacante à Washington pour la nouvelle équipe. La proposition a été acceptée et le transfert s’est effectué après la saison 1960. Les « nouveaux » Senators ne sont restés que 10 ans sur place, déménageant en 1971 à Arlington pour devenir les Texas Rangers. Leur dernier match s’est tenu le 30 septembre 1971 devant une foule clairsemée (moins de 15 000 personnes présentes), ne laissant plus que les Redskins comme seul locataire à plein temps. Une victoire sur le terrain (7-5) qui s’est transformée en défaite sur tapis vert (9-0) face aux Yankees, suite à l’indiscipline des fans qui ont envahi la pelouse.

Au fil des années, le bâtiment n’a que très peu changé à l’exception du remplacement des sièges. Pendant les années où il n’y avait pas de baseball à temps complet (1972-2004), les tribunes sont restées en configuration football. Si un match d’exhibition était toutefois prévu, le mur du champ gauche n’était qu’à 76 mètres du marbre, où un grand écran était installé. Il a reçu l’appellation de RFK Stadium huit ans plus tard (18 janvier 1969) pour rendre hommage à Robert F.Kennedy, sénateur américain et candidat à la présidence qui avait été assassiné sept mois plus tôt à Los Angeles. La cérémonie officielle ne s’est quant à elle tenue que le 7 juin suivant. Robert Kennedy n’était pas sans lien avec le stade. En tant que procureur général au début des années 1960, son ministère de la Justice a joué un rôle dans l’intégration raciale au sein des Redskins. Il avait menacé de révoquer le bail de l’équipe appartenant au gouvernement fédéral jusqu’à ce que le propriétaire accepte de signer des joueurs afro-américains.

Les principaux bouleversements sont intervenus après 1996, suite aux succès des Coupe du Monde 1994 de soccer et Jeux Olympiques d’été de 1996. Mais c’était déjà trop tard pour les Redskins, qui ont quitté les lieux après une dernière victoire 37 à 10 contre les Cowboys le 22 décembre 1996. Depuis la fin des années 1980, le propriétaire, Jack Kent Cooke commençait à faire pression pour que son équipe ait de nouvelles installations. Le RFK Stadium manquait de nombreux équipements que les stades plus récents possédaient. Il n’avait pas de suites de luxe, ni d’espaces haut de gamme. La tribune de presse, ouverte aux quatre vents, faisait le malheur de la profession. Pendant près d’une décennie, il a lutté avec les instances gouvernementales et locales pour trouver l’emplacement idéal au futur domicile de son équipe. Il a finalement trouvé le graal du côté de Landover (Maryland), à proximité de l’Interstate 495, en décembre 1995 pour un édifice de 78 000 places dans lequel ils ont emménagé dès la saison 1997.

Le bâtiment est ainsi devenu le siège d’une des nouvelles formations (D.C United) de la nouvelle ligue majeure américaine (MLS) qui a profité seule des installations jusqu’au retour de la petite balle blanche près d’une décennie plus tard. Après une interruption de 33 ans, le baseball est en effet revenu au RFK Stadium en avril 2005, après la délocalisation des Expos de Montréal dans la capitale fédérale pour devenir les Nationals. Le bâtiment a été rénové à hauteur de 18,5 millions de dollars pour l’occasion. Les travaux comprenaient de nouveaux bancs de touche, l’amélioration des espaces VIP, du tableau d’affichage, de la tribune de presse, et la possibilité d’escamoter les sièges des parties basses pour que l’équipe de soccer puisse continuer à jouer sur place. Le 14 avril 2005, juste avant les débuts des Nationals, la commission des sports et des divertissements de Washington a annoncé la conclusion d’un accord avec le ministère de la Défense en vertu duquel l’armée paierait à la ville environ 6 millions de dollars pour les droits de dénomination et le droit de placer des espaces de recrutement dans le stade. En retour, le stade serait baptisé « Armed Forces Field at RFK Stadium ». Ce plan a finalement été abandonné quelques jours plus tard, après que plusieurs membres éminents du Congrès aient remis en question l’utilisation de fonds publics pour le parrainage du bâtiment. Des propositions similaires visant à vendre les droits de dénomination à la Garde Nationale, à ProFunds (une société d’investissement de Bethesda, dans le Maryland) et à Sony ont été formulées, puis rejetées en 2005 et 2006.

Photo : Ballpark Digest.

Les Nationals ont joué leur premier match le 15 avril 2005 contre les Arizona Diamondbacks. La configuration pour le baseball était presque identique à celle des Senators trente ans auparavant avec, encore une fois, aucun siège de disponible en tribune inférieure au-delà du champ extérieur. Absent à l’époque, le grand tableau d’affichage manuel se trouvait derrière la clôture du champ droit. Les Nationals y ont évolué pendant trois ans, le temps nécessaire au Nationals Park de sortir de terre le long de la rivière Anacostia, avant de faire leurs adieux le 23 septembre 2007. Dans sa version finale, les sièges présents au niveau de la troisième base glissaient vers l’intérieur le long d’un rail enterré pour créer un rectangle parfait. Le monticule du lanceur était positionné sur une plateforme à vérin hydraulique qui rentrait de 90 centimètres dans le sol en configuration football ou soccer, et du gazon était plaqué sur les parties habituellement recouvertes de terre. Ce système a été conçu de manière à ce que la transformation puisse être modifiée plus rapidement et à moindre coût car plus fréquente pendant l’ère Nationals/D.C. United (une vingtaine de fois par an) que pendant le bail commun des Senators et Redskins (1962-71). Une fois le baseball définitivement parti, les sièges escamotables ont définitivement été supprimés, laissant la capacité à environ 46 000 places disponibles, largement suffisant pour les seules rencontres de soccer.

Fermeture

Events D.C., l’agence de la ville qui gère désormais le RFK Stadium, a lancé une étude stratégique en novembre 2013 afin d’évaluer les options pour l’avenir du bâtiment et de son campus de 32 hectares. Elle est ainsi arrivée à deux conclusions possibles : la démolition dans les dix ans, ou le statu quo. Finalement, le choix s’est fait naturellement. L’agence a déclaré que les revenus générés s’élevaient à hauteur de 4 à 5 millions de dollars par an depuis 1997, ce qui ne couvraient pas les dépenses de fonctionnement. En parallèle, les derniers locataires allaient bientôt plier bagages pour s’installer dans une enceinte plus petite et mieux adaptée aux affluences de la MLS. Avec le nouveau Audi Field qui a ouvert ses portes le 9 juillet 2018, D.C United a disputé son dernier match le 22 octobre 2017. Le stade avait connu le plus de rencontres de soccer de toute la ligue et il était le dernier de la saison inaugurale encore utilisé. La franchise continuait encore à exploiter les terrains extérieurs pour l’entraînement, tout en y louant les vestiaires et des espaces au sous-sol.

Le National Park Service est toujours propriétaire du terrain, le bail actuel courant jusqu’en 2038. Celui-ci prévoit que l’espace doit être utilisé soit comme un stade, soit comme des « installations de loisirs, des espaces ouverts ou des possibilités de loisirs publics en plein air ». Début 2019, la ville en a profité pour transformer un ancien parking en terrain de sport et en aire de jeux. Les prochaines étapes proposées à court terme comprenaient un complexe sportif couvert, un espace pour les repas, des ponts piétonniers au-dessus de l’Anacostia, et un mémorial en l’honneur de Robert F. Kennedy, avec l’espoir de le terminer dans les trois à cinq prochaines années. Mais le bureau du maire et la déléguée, Eleanor Holmes Norton, estimaient tous deux que le bail était trop restrictif. Les appels se sont multipliés pour que le bail soit renégocié afin de supprimer la clause récréative, ou pour que le terrain soit acheté. En mars, Norton a proposé un projet de loi demandant au Congrès de vendre au district le terrain sur lequel se trouve le RFK Stadium à une « juste valeur marchande ». Le maire Muriel Bowser, qui n’a pas caché son désir de ramener l’équipe de football sur le site, a soutenu ce projet de loi. Mais la démarche n’est pas allée plus loin. Finalement, le 5 septembre, Events D.C a annoncé son intention de démolir le stade d’ici 2021. Les responsables ont déclaré que cette décision permettrait d’économiser 2 millions de dollars par an sur la maintenance et 1,5 million de dollars par an sur les services publics. Alors que la peinture s’écaille et que la rouille menace de devenir la couleur dominante, l’ancienne enceinte sportive de East Capitol Street montre bien son âge.

Si la fin semble acquise, la question de sa succession (logements, parc, développements à usage mixte ou nouveau stade NFL) est un débat qui divise. L’autorité en charge a révélé il y a quelques années trois séries de plans qui montraient comment le site pourrait être utilisé :  soit un nouveau stade de 65 000 places, soit une salle de 20 000 places, ou d’autres utilisations culturelles.

Photo : CNBC.com

Évènements organisés

Football : domicile des Redskins (NFL) entre 1961 et 1996. Domicile des Washington Federals (USFL) en 1983 et 1984.

Football universitaire : domicile de l’université George Washington entre 1961 et 1966. Domicile permanent de l’université d’Howard entre 1974 et 1976, de manière sporadique entre 1970 et 2016. U.S Bowl en 1962, Freedom Bowl All-Star Classic en 1986, All-America Classic en 1993 (“All-Star Game” universitaire). Timmie Football Classic en 1974 et 1975 entre Grambling et Morgan State. Capitol Classic 1978 (Tennessee State – North Carolina-Central). Nation’s Capital Football Classic 1991 (Delaware State – Jackson State). Military Bowl entre 2008 et 2012. Le site a également accueilli plusieurs rencontres sur terrain neutre.

High-School : Le RFK Stadium a parfois organisé des rencontres lycéennes, mais jamais de manière régulière. Le D.C Events Kickoff Classic (avec trois rencontres au programme ce jour-là) s’y tient depuis 2018.

Baseball : domicile des Washington Senators (MLB) entre 1962 et 1971. Domicile des Washington Nationals (MLB) entre 2005 et 2007. All-Star Game MLB en 1962 et 1969

Soccer : domicile des Washington Whips (USA, NASL) en 1967 et 1968. Domicile des Washington Diplomats (NASL/ASL/APSL) en 1974, entre 1977 et 1981, et entre 1988 et 1990. Domicile de Team America (NASL) en 1983. Domicile du D.C United (MLS) entre 1996 et 2017. Domicile des Washington Freedom (WUSA, féminines) entre 2001 et 2003. Plusieurs rencontres amicales internationales. U.S Cup en 1992, 1995, 1996, 2000. Rencontres qualificatives pour la Coupe du Monde 1998, 2002, 2006, 2010. Rencontres de la Coupe du Monde 1994, du tournoi olympiques 1996, de la Gold Cup 2009 et 2011. Match du centenaire de la fédération entre les États-Unis et l’Allemagne en 2013.

Autres : Boxe (Riddick Bowe – Jesse Ferguson et Roy Jones – Bernard Hopkins) le 22 mai 1993. Grand Prix of Washington D.C en 2002 et Global Ralycross Championship en 2014 (sports mécaniques). Dernière étape du tour DuPont en 1992 (cyclisme). Irlande – États-Unis en 1995 et 1996, Pays de Galles – Afrique du Sud en 2018 (rugby). Concerts. Le stade a servi de décor pour une scène du film X-Men : Days of Future Past (2014).

Rencontres notables

. Semaine 12, saison 1966 : Redskins – Giants : 72-41
Cette fusillade est devenue le match le plus prolifique de l’histoire de la NFL. Les quarterbacks new-yorkais Tom Kennedy et Gary Wood ont combiné cinq interceptions et trois touchdowns.  Pour Washington, Sonny Jurgensen a lancé 3 touchdowns sur ses 10 passes captées (10/16) pour 145 yards. Ce match était surtout une revanche pour Sam Huff (LB) qui avait été lâché par les Giants trois ans auparavant. À 69-41 et quelques secondes encore à jouer, il a insisté pour que son équipe tente un field goal pour passer la barre des 70 points inscrits et humilier un peu plus son ancienne formation. Les locaux ont inscrit sept touchdowns au cours du match, tandis que les Giants ont concédé quatre sacks et six pertes de balle.

. Finale NFC, saison 1972 : Redskins – Cowboys : 26-3
L’entraîneur de Washington, George Allen, a tout donné pour ce match.  Allen a créé psychologiquement la rivalité entre les Redskins et les Cowboys, en disant à ses joueurs que tout ce que Dallas faisait était « arrogant » et « prétentieux ». De leur entraîneur Tom Landry, à Roger Staubach (quarterback), jusqu’à cette étoile bleue sur le casque, l’entraineur voulait instiller une haine anti Cowboys. Après avoir battu les Packers au RFK Stadium, son souhait a été exaucé. Son équipe allait retrouver Dallas en finale de conférence et dans un ultime discours motivateur, il a lâché dans les vestiaires un « Allons chercher ces foutus Cowboys ! ». Le match a été serré et âprement disputé jusqu’au dernier quart-temps. Avec une avance de 7 points, Washington a subitement ouvert le jeu pour l’emporter 26 à 3. Les locaux ont quitté le terrain avec une foule en liesse, portant sur leurs épaules leur entraineur ravi.

. Semaine 4, saison 1973 : Redskins – Cowboys : 14-7
Goal Line Stand. Roger Staubach avait gagné son poste de quarterback titulaire des Cowboys, après avoir raté la saison 1972 en raison d’une blessure à l’épaule. Bien qu’il ait permis à son équipe de prendre les devants au troisième quart-temps (7-0), le légendaire entraîneur Tom Landry l’a sorti après qu’il ait manqué un signal important. Craig Morton a pris sa place, mais ce changement s’est retourné contre les Cowboys. Washington a égalisé par l’intermédiaire de Charles Taylor sur une réception d’un yard vers la fin du quatrième quart-temps, avant de prendre soudainement l’avantage dans les dernières secondes grâce à une pick-6 de Brig Owens de 26 yards. Morton et les siens ont réussi un drive éclair pour atterrir sur la ligne des 1 yard adverse, mais la défense locale a réussi le plaquage décisif sur Walt Garrison à quelques centimètres de la ligne pour valider la victoire (14-7).

. Divisional Round, saison 1982 : Redskins – Vikings : 21-7
En 1982, les Redskins n’avaient perdu qu’une seule partie, et c’était contre l’ennemi Dallas. Mais avant d’avoir une chance de retrouver les texans au tour suivant, ils devaient se défaire des valeureux Vikings. C’est ce qu’ils ont fait, grâce à une performance remarquable du running back John Riggins. Il a littéralement porté son équipe sur son dos avec ses 185 yards en 37 portés. Alors qu’il saluait la foule à sa sortie du terrain, le public s’est remis à chanter « We want Dallas ! ». Un chant qui a commencé pendant l’échauffements et ne s’est pas arrêté.

. Finale NFC, saison 1982 : Redskins – Cowboys : 31-17
La revanche 10 ans plus tard, que les fans attendaient avec impatience, entre les deux équipes les plus titrées du début des années 1980. Il ne s’agissait pas seulement d’un ticket pour le Super Bowl, mais d’une rivalité élevée jusqu’au plus haut niveau possible.  Les deux équipes se sont rendues coup pour coup jusqu’à ce sack de Dexter Manley qui a blessé le quarterback de Dallas, Danny White. La première équipe qui commettrait une erreur le paierait immédiatement. Dallas serait celle-ci quand Daryl Grant a intercepté Gary Hogeboom pour un touchdown décisif. 31-17 pour Washington à 12 secondes de la fin, quand le public s’est précipité sur le terrain pour féliciter leurs joueurs et, accessoirement, essayer de faire tomber les poteaux de but. Les visiteurs ont été contraints de quitter le terrain provisoirement, le temps de vider la pelouse de ses assaillants. Une fois le calme revenu, la fin de match a pu se jouer. Les Cowboys ont simplement mis un genou à terre, et une nouvelle fois, le bâtiment a hurlé sa joie. Cette victoire a propulsé Washington vers son deuxième voyage au Super Bowl, et celui-ci serait victorieux.

. Finale NFC, saison 1983 : Redskins – 49ers : 24-21
Le choc des Titans. La finale NFC 1983 a opposé les vainqueurs des deux derniers Super Bowls, avec en tête d’affiche le duel de quarterback entre les deux anciens de Notre Dame, Joe Theisman et Joe Montana. Mais l’histoire retiendra surtout une pénalité controversée contre Ronnie Lott et les visiteurs pour un holding, plaçant idéalement Washington sur le terrain. En difficulté jusque-là (0/4), Mark Mosley n’a pas tremblé au moment décisif. Un coup de pied victorieux de 25 yards pour envoyer Washington défendre son titre contre les Raiders à Tampa Bay (24-21). Le RFK Stadium venait de vivre sa deuxième finale de conférence victorieuse successive. Malheureusement, la saison ne s’est pas terminée comme la précédente, avec une défaite nette 38-9 en finale, dans un match à sens unique.

. Semaine 11, saison 1985 : Redskins – Giants : 23-21
L’un des plus tristes moments. Devant une audience nationale un lundi soir, le linebacker des Giants, Lawrence Taylor, a sacké Joe Theismann, qui s’est cassé une jambe sur l’impact. Jay Schroeder est entré en jeu, menant Washington à la victoire (23-21). Au-delà du résultat, cette action a surtout mis un terme à la carrière du quarterback qui n’a jamais pu se remettre.

. Finale NFC, saison 1987 : Redskins – Vikings : 17-10
Cette finale de conférence NFC 1987 s’est résumée à une seule action. La dernière. Tombeurs des 49ers, tête de série numéro 1, au tour précédent, les Vikings se sont alignés pour une 4ème tentative & 4 yards à parcourir sur la ligne des 6 yards adverses. Joe Gibbs ne pouvait rien faire, se tenant à genoux et priant pour que sa défense puisse tenir le coup une dernière fois. Minnesota a tenté une passe en direction de Darren Nelson, mais celui-ci n’a pu s’en emparer, bien mis sous pression par Darrell Green. Celui-ci était bel et bien présent alors que certains le jugeait trop blessé pour jouer. Green a couru les bras en l’air en criant « Je vais au Super Bowl ! ».

. Divisional Round, saison 1991 : Redskins – Falcons : 24-7
Les Redskins ont dominé de la tête et des épaules cette saison 1991, s’adjugeant l’avantage du terrain jusqu’au Super Bowl. Lors du premier tour de playoffs, ils ont vaincu assez facilement les Falcons sous un temps pluvieux et venteux. Suite au dernier touchdown de la rencontre de Gerald Riggs à 6 minutes 32 du terme, les supporters ont jeté sur le terrain des coussins jaunes qui leurs avaient été donnés ce jour-là. La semaine suivante, Washington a démantelé les Lions 41-10 dans la dernière finale de conférence disputées dans l’enceinte. En tout, le stade a accueilli cinq fois la finale NFC, avec autant de victoires pour les locaux.

. Semaine 6, saison 1992 : Redskins – Broncos : 34-3
Ce 12 octobre 1992, lors d’un match du lundi soir contre les Broncos, Art Monk a battu le record NFL du plus grand nombre de réceptions, détenu jusqu’ici par Steve Largent avec 819 prises. À sa 820e, tout le stade était debout pour ovationner le meilleur receveur de l’histoire de la franchise. Le commentateur, Sonny Jurgensen, a déclaré que « cela n’aurait pas pu arriver à un joueur plus dévoué ».  Tous ses coéquipiers ont ignoré le match pendant quelques instants pour porter Monk en triomphe. Le receveur deviendrait quelques années plus tard membre de la famille du Hall of Fame.

. Semaine 15, saison 1992 : Redskins – Cowboys : 20-17
Toujours les champions. En cette quinzième semaine, les champions en titre, Washington, accueillait Dallas dans ce qui semblait être une passation de pouvoir. Les Cowboys arrivaient dans la capitale fédérale avec le titre de division déjà en poche, fort de leur succès inaugural 23-10 en semaine 1 contre ce même adveraire. Lancés dans une saison de rêve où ils finiront titrés, les texans se sont heurtés ce jour-là à l’orgueil du champion, qui ne comptait pas abandonner si facilement sa couronne, d’autant plus face à un rival direct. En fin de match, ils ont récupéré un fumble dans la end-zone de Troy Aikman pour l’emporter 20 à 17. Il s’agissait également du dernier match de l’entraineur Joe Gibbs au RFK Stadium.

. Semaine 17, saison 1996 : Redskins – Cowboys : 37-10
Le dernier match au RFK Stadium. Ce 22 décembre 1996, Washington a fait ses adieux au RFK Stadium avec une victoire 37 à 10 contre les Cowboys. La rencontre s’est déroulée devant la plus grande affluence jamais accueillie pour une rencontre de football. À la mi-temps, plusieurs anciennes vedettes locales ont été présentées au public, portant chacun des répliques de maillots qu’ils utilisaient pendant leurs carrières. Dès le coup de sifflet final, les supporters ont pris d’assaut le terrain et ont arraché des morceaux de pelouse en guise de souvenirs. Ils savouraient ainsi leurs derniers moments dans le bâtiment et personne ne voulait partir.

En chiffres

Matchs joués : 278, entre 1961 et 1996.

Bilan : Saison régulière : 266 matchs (162 victoires – 101 défaites – 3 nuls). Playoffs : 12 matchs (11 victoires – 1 défaite).
Premier match : 1er octobre 1961, défaite contre les New York Giants 21 à 24.
Dernier match : 22 décembre 1996, victoire contre les Dallas Cowboys 37 à 10.

Leader à la passe : Sonny Jurgensen : 69 matchs, 999/1697, 12 985 yards, 108 touchdowns, 61 interceptions.
Leader à la course :
John Riggins : 56 matchs, 906 courses, 3448 yards, 32 touchdowns .
Leader à la réception : Art Monk : 103 matchs, 470 réceptions, 6329 yards, 36 touchdowns.

Meilleur match à la passe : Boomer Esiason (Cardinals, 10 novembre 1996) : 35/59, 522 yards, 3 touchdowns, 4 interceptions.
Meilleur match à la course :
Gerald Riggs (Redskins, 17 septembre 1989) : 29 courses, 221 yards, 1 touchdown.
Meilleur match à la réception : Anthony Allen (Redskins, 4 octobre 1987) : 7 réceptions, 255 yards, 3 touchdowns.

Record d’affluence : 65 464, le 22 décembre 1996 : Redskins – Cowboys.

Fun Facts

Les fans et les joueurs appréciaient le stade. La grande section de gradins mobiles était moins stable que les autres tribunes, ce qui permettait aux spectateurs de sauter en rythme pour faire rebondir toute la zone. De plus, malgré sa petite taille (il n’a jamais accueilli plus de 58 000 personnes), l’ambiance était très bruyante en raison de la conception des lieux et de la proximité des fans avec le terrain.

Une légende raconte que l’entraîneur en chef, George Allen, ordonnait l’ouverture d’une grande porte coulissante sur le côté du bâtiment lorsque les visiteurs tentaient un field goal à un moment crucial. Le but étant de faire pénétrer le vent tourbillonnant provenant des rivières Potomac et Anacostia pour qu’il puisse gêner la trajectoire du ballon.

Comme le stade est en ligne de mire directe avec le Washington Monument et le Capitole américain, les tours d’éclairage n’ont pas été autorisées. À la place, les lampes ont été positionnées sur son toit incurvé et incliné.

Contrairement aux terrains actuels bien entretenus, le gazon était souvent en mauvais état à la mi-saison. Pour apparaitre présentable à la télévision, les techniciens avaient l’habitude de peindre en vert la surface de jeu pour « boucher » les trous visibles à l’œil.

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