[portrait] Super Bowl 54 – Mitchell Schwartz : le Golem des Chiefs

Si Patrick Mahomes fait parler son bras c'est parce que Mitchell Schwartz protège son coté droit.

Les participants au Super Bowl finalisant la saison 2019 sont connus. La rédaction de TDActu vous propose de découvrir plus particulièrement deux joueurs, deux acteurs au rôle décisif pour en arriver jusque là. Aujourd’hui, rencontre avec Mitchell Schwartz.

Mitchell Schwartz

Né le 8 juin 1989 à Pacific Palisades, Californie
1m96 pour 145 kilos
Tackle offensif, Kansas City Chiefs, 8e saison

Indestructible

Zéro. Zéro sack concédé pour Mitchell Schwartz en 2019. Alors si Patrick Mahomes éclabousse la NFL de son talent, il peut le faire en étant le quarterback jouant les 16 matchs de saison régulière le moins sacké de la ligue (17). Hommes de l’ombre, les joueurs de ligne offensive sont pourtant indispensables au succès d’une équipe. Nommé dans l’équipe All-Pro en 2018, Mitchell Schwartz est le maillon fort de celle des Chiefs.

51. Soit le nombre de matchs démarrés avec l’université de California. Il aurait du être 52 fois titulaire mais un lacet mal serré l’oblige à sortir du terrain avant l’engagement lors d’un match. En quatre saisons universitaires, il ne rate aucun match. Une durabilité remarquable, plus encore pour un joueur luttant dans les tranchées. Et en NFL, il remet ça : 128 matchs joués sur 128 possibles.

En huit saisons professionnelles, il est présent sur 7894 jeux offensifs, consécutivement. Et cette série d’être interrompue en novembre 2019.

« Ca craint. C’était vraiment cool mais désormais je suis comme tout le monde, ils ont du arrêter le jeu pour que je puisse sortir du terrain. », pour The Athletic après le match contre les Titans en semaine 10.

Mitchell Schwartz est fiable et surtout, il est bon. Dès sa saison rookie avec les Browns de Cleveland, il est nommé dans la 1e équipe rookie de l’année. Une performance que son frère ainé, Geoff, n’a pu réaliser avec Carolina. Lui qui a passé sa première saison dans l’équipe d’entrainement des Panthers.

Les deux frères

Geoff et Mitchell grandissent en Californie, non loin du campus de UCLA à l’ouest de Los Angeles. Avec son ainé de trois ans, Mitchell Schwartz partage la même position de lineman offensif. Un de ceux chargés de protéger le quarterback et d’ouvrir des brèches pour le jeu au sol. Pourtant, Mitchell ne peut jouer au football avant le lycée, les ligues de jeunes lui refusant l’accès en raison d’un gabarit trop imposant pour son âge : 1m96 pour 110 kilos alors qu’il n’a pas encore 15 ans. Et puis, le football, ce sport violent effraye leur mère.

« J’avais interdiction de répondre aux attaques. Ma mère me disait que je devais agir comme un homme bien qu’encore adolescent. Car physiquement je ressemblais déjà à un homme. », Geoff Schwartz pour Tablet Mag.

Et pour éviter tout débordement possible, les deux ne sont autorisés à pratiquer le football qu’à partir de l’âge de 16 ans. Baseball et Basketball seront donc leurs sports avant le lycée.

« J’avais peur qu’ils soient blessés. Et puis j’ai réalisé que c’était pour les autres que je devais m’inquiéter : mes deux fils étaient comme des camions frappant de petites voitures ! Après tout, le football était peut-être leur destin ? », sa mère pour Tablet Mag

Et si ses résultats scolaires lui ouvre grand les portes de la prestigieuse université de Stanford, c’est pour les rivaux de l’école publique de Berkeley que Mitchell Schwartz s’engage après le lycée. En quatre saisons avec California, il bloque pour des coureurs connaissant ensuite un parcours en NFL : Jahvid Best (Lions) et Shane Vereen (Patriots). Il y joue également avec Cam Jordan (Saints), Keenan Allen (Chargers) ou Mychal Kendricks (Seahawks).

Et si en NFL comme en NCAA, la foi et les joueurs se réunissant pour prier sont monnaie courante, la plupart du temps ces pratiques le sont par le biais du catholicisme. Bien plus rares sont les exemples de joueurs issus de la communauté Juive.

Jamais sans mon Menorah

Depuis l’enfance, les deux frères évoluent au sein d’une famille pratiquant la religion Juive de façon conservatrice : respect des fêtes comme des préceptes de vie, aucun des deux n’a pu sortir avec une fille qui n’était pas de la même confession. Et si leur mère s’inquiétait de blessures potentielles et interdisait donc la pratique du football, leur père lui pensait que ces distractions ne pourrait qu’interférer négativement sur leurs études en vue de leurs Bar Mitzvah respectives. Le football attendra.

Si cette façon de percevoir le monde peut parfois interpeller les non-initiés, les deux frères eux n’en retiennent que du positif.

« J’aime comment le Judaïsme se concentre sur le positif. Tu ne fais pas le bien par peur que quelque chose de mal t’arrive, tu fais le bien pour faire le bien. », Geoff Schwartz pour Tablet Mag

Geoff et Mitchell Schwartz (photo de famille)

Ce à quoi son jeune frère enchérit :

« Cette foi vous enseigne à être une bonne personne, que ce soit avec votre famille ou la communauté. », Mitchell Schwartz pour Tablet Mag

Sportifs professionnels, Mitchell comme Geoff ont du faire certaines concessions à la tradition pour respecter leurs contrats. Mais lors de leurs carrières respectives, les deux ont toujours pris soin de s’enquérir de la proximité d’une synagogue lors de chaque déplacement de leurs équipes. Et d’emporter un Menorah dans leur valise pour respecter, tant que faire ce peut, la tradition du Shabbat.

La carrière sportive ne dure que quelques années alors que les années « de service » seront là le reste de leurs vies. Alors comme Julian Edelman (Patriots), Josh Rosen (Dolphins) ou Ali Marpet (Buccaneers), Mitchell Schwartz s’adapte pour concilier les deux mondes. Et ce qui dure toute une vie aussi, lorsque athlètes sur le terrain et après, pour des personnes de ce gabarit (et les autres) : l’amour de la nourriture.

Mange mon Schwartz

Les deux frères ont co-écrit un livre, « Eat my Schwartz » dans lequel ils proposent leurs recettes, la plupart basées sur leurs souvenirs d’enfance. Extrait :

« Dès que nous en avons eu l’âge, Mitchell et moi aidions à la préparation des repas de fêtes. Je me souviens de devoir éplucher toutes ces pommes de terre pour aider notre grand-mère à préparer les latkes (galettes de pommes de terre). »

Des recettes traditionnelles de la culture Juive mais pas que. Mitchell Schwartz aime manger et ses valeurs spirituelles lui ont fait aimer cuisiner pour les autres. Sa prochaine recette ? Tout en saveur Cubaine, Miami oblige : des pancakes épicés distribués à la ligne défensive des 49ers de San Francisco. Tiens Nick Bosa, c’est pour toi. Tu en veux un aussi Dee Ford ? Prends, ça me fait plaisir, c’est ma Tsedaka.

Et pour ce faire, le lineman peut compter sur les conseils avisés du plus culinaire des fans des Chiefs : Gordon Ramsay (ci-dessous, 2e minute).

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