Tous les vendredi, la rédaction de TDActu vous propose le portrait d’un acteur NFL. Son parcours sportif, ses succès et ses échecs, son parcours de vie. Avant de le voir martyriser la ligne offensive des Titans, rencontre avec Chris Jones.
Christopher Deshun Jones
Né le 3 juillet 1994 à Houston, Mississippi
1m98 pour 140 kilos
Defensive tackle, Kansas City Chiefs, 4e saison
Promiscuité et nature
Christopher Deshun Jones est natif de Houston. La mégalopole de 2 millions d’habitants du Texas ? Non. Une bourgade de 2500 âmes dans le Mississippi. C’est là qu’il grandit, qu’il se forge un caractère tenace et positif. Pourtant les conditions n’étaient pas optimales : il vit chez sa grand-mère. Ils sont onze et parfois douze à vivre ensemble dans 90m².
« Ma grand-mère, ma tante et ses deux enfants, moi et ma mère, mon grand-père, mon père, deux soeurs, mon oncle et parfois le mari d’une autre tante. Moi je dormais sur un canapé et mes pieds dépassaient de l’accoudoir. », dit-il à chiefs.com
La famille est unie, modeste mais travailleuse. Son père travaille dans le bâtiment et hormis lors d’un bref passage en prison (conduite en état d’ivresse), il est très proche de son fils. Le jeune Chris passe le plus clair de son temps libre à l’extérieur, dans les grands espaces environnants. Et plus que tout, il adore jouer au basketball.
Michael Jordan et Ray Lewis
Il ne jouera pas de football organisé avant sa seconde année de lycée car la famille n’a pas les finances pour la licence et les crampons. Il joue donc au basketball et il y joue plutôt bien. 14,8 points de moyenne son année junior (3e) au lycée de Houston. Il envisage même d’en faire une carrière. Faut dire que ce sport représente quelque chose de particulier pour lui. Plus que du sport, une leçon de vie :
« Mon père m’a toujours dit que la vie pourrait être bien pire. Petit, il m’avait acheté un poster de Michael Jordan sautant par dessus des aliens (Space Jam). Il me disait, Michael Jordan passe toutes les difficultés, il saute même par dessus les aliens pour atteindre son but. J’ai vu ce poster toute mon enfance, jusqu’à ce que je parte à l’université. », pour chiefs.com
En 2012, sa dernière année de lycée, il est le leader d’une équipe de football terminant sa saison avec un bilan de 11-3 et surtout, remportant le tout premier match de playoffs de son histoire. L’équipe s’incline alors au second tour contre Louisville High cependant Jones laisse son empreinte sur ce match : une interception retournée sur 74 yards pour un touchdown. Sur la saison, ses statistiques démontre son importance et sa domination : 160 plaquages dont 14 sacks et 10 passes contrées (tiens tiens déjà, lui qui en a contré trois contre les Colts lors du match de playoff NFL le 12 janvier 2019).
Sur le terrain, il est plus fort que les autres. S’il n’a pu jouer dans les ligues de jeunes, le jardin devant la maison de sa grand-mère se transformait parfois en terrain de foot et là, c’était contre des hommes qu’il devait se frotter. 12 ans ou pas, il n’avait pas d’autre choix que d’encaisser les coups, avant de savoir les parer puis de les mettre à son tour.
Dans les vestiaires, il est également le leader de l’équipe. Lui qui a toujours un large sourire lui barrant le visage, les jours de matchs il est un colonel menant les troupes. Ty Hardin, entraineur du lycée, rapporte que Chris Jones avait pris l’habitude de faire écouter à ses coéquipiers des discours d’avant-match de Ray Lewis. Puis c’était son tour de prendre la parole.
« Avant le match contre Louisville High, un des entraineurs a même pleuré en l’entendant. En 30 ans il n’avait jamais entendu un jeune gars parler ainsi. », Ty Hardin pour arrowheadpride.com
S’il reçoit des offres de bourses de nombre d’universités prestigieuses, il se contente de visiter seulement deux campus. Lui le kid du Mississippi, il visite donc les installations de Ole Miss et celles de Mississippi State.
Le successeur et le clown
Et c’est avec les dogues de Starkville qu’il s’engage. Deux ans plus tôt, un autre enfant du Mississippi quittait cette université pour rejoindre les professionnels : Fletcher Cox (Eagles). Certaines universités sont reconnues pour former des joueurs à certaines positions : LSU et les arrières défensifs, Notre Dame, Iowa ou Stanford et les tight-ends ou encore Wisconsin et les linemen offensif.
À Mississippi State, l’interieur de la ligne défensive est souvent mise à l’honneur, en plus de Fletcher Cox et de Chris Jones, ce sont Denico Autry (Colts), Kyle Love (Panthers) et Jeffery Simmons (Titans) qui represente la fac en NFL dans les tranchées. Alors qu’il joue defensive-end au lycée, son gabarit correspond mieux à un poste à l’intérieur, Chris Jones glisse donc comme defensive tackle avec State.
« Lorsque vous jouez à l’intérieur vous avez constamment deux joueurs sur vous. Vous prenez donc plus de coups. ça fait plus mal », confie t’il à associatedpress
Et dès sa première saison, il est un des meilleurs joueurs de l’équipe. Il ne démarre que trois matchs sur les treize joués mais son impact est indéniable. Sacks, plaquages pour pertes, passes déviées et surtout, un moteur qui ne stoppe jamais. 3 saisons et 18 plaquages pour pertes plus tard, il décide de rejoindre la NFL et les Chiefs le sélectionnent avec le 37e choix en 2016.
Figurant parmi les 25 joueurs invités à la draft, Chris Jones passe le premier tour en espérant entendre son nom appelé (et son téléphone sonner juste avant). En vain.
« Quand vous êtes invité, vous voulez être sélectionné au 1e tour et monter sur la scène avant tout le monde. Parfois les choses ne se passent pas comme vous le souhaiteriez mais il y a sans doute une raison à cela et je sais que Dieu a un plan. », rapporté par le Clarion Ledger après le 1e tour de la draft
Il reste donc assis dans la green room de Chicago et il n’est pas le seul puisque Kevin Dodd (ex-Titans), Myles Jack (Jaguars), Reggie Ragland (par les Bills) et A’Shawn Robinson (Lions) doivent également patienter et attendre le lendemain pour devenir des joueurs NFL. Est-ce en raison de l’attente et de l’incertitude qui va avec ? Toujours est-il que l’appel de son nom libère un Chris Jones ne pouvant masquer son émotion : il danse puis enlace Roger Goodell, le commissaire de la ligue de façon tendre mais virile.
8,5 sacks, 60 plaquages et 11 passes défendues ses deux premières saisons. Il devient un joueur majeur des Chiefs en NFL. En 2018 ? Il crève l’écran en sackant le quarterback adverse au minimum une fois, durant une série de onze matchs consécutifs. Un record.
Chris Jones has recorded 1.0+ sacks in 11 straight games, the longest streak in the NFL since individual sacks have been recorded#Chiefs #KCvsSEA #SNF pic.twitter.com/owUDPaDOG5
— NFL Research (@NFLResearch) December 24, 2018
En 2019, il rate trois matchs pour une blessure à l’aine mais signe néanmoins 8 sacks, defend 4 passes et bouscule le quarterback adverse 18 fois. Redoutable sur le terrain, ses coéquipiers adorent sa joie de vivre en dehors. Jarvis Jenkins dit de lui au Kansas City Star :
« On n’entend que lui ! 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. En dehors du terrain, vous ne devineriez pas quel type de joueur il est, pas ce jeune homme faisant tout le temps le pitre. Il a comme une double personnalité, sur le terrain il est vraiment nasty ! »
Toujours de bonne humeur, venez donc passer deux minutes et trente-une seconde avec Chris Jones :
https://www.youtube.com/watch?v=wOM0d1uSNzM