Nouvelle structure, rénovation, future implantation… qu’importe l’avancée du projet, le stade demeure l’élément de base pour chaque franchise. Il représente à la fois un véritable moyen de pression auprès des municipalités et une extraordinaire machine à cash pour les équipes. Au cours de ce tour d’horizon, TDActu vous propose de découvrir les spécificités de chaque enceinte. Cette troisième phase vous emmène découvrir les stades qui ont récemment perdu une rencontre officielle ou une franchise.
Dernier détour à Londres avec le Twickenham Stadium.
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Twickenham Stadium, terre de rugby
Détenu et exploité par la fédération anglaise de rugby à XV (RFU), Twickenham est le deuxième plus grand stade du Royaume-Uni derrière Wembley, le cinquième d’Europe et le plus grand stade du monde dédié au rugby. Considéré comme la cathédrale de la discipline, il renferme en ses murs le siège de la RFU, le seul musée du pays en la matière (World Rugby Museum), ainsi qu’une boutique dédiée. Domicile du XV de la rose lors de ses rencontres internationales, il accueille en plus les grands rendez-vous musicaux de la capitale anglaise. Cependant, en raison de la logistique (contraintes de localisation et de capacité pour les concerts, avec 55 000 personnes autorisées), il n’a jamais eu le même succès que Wembley sur l’organisation d’autres évènements.
Plus qu’un simple stade, « Twickers » est un lieu mythique pour tous les passionnés de rugby, une visite incontournable pour beaucoup de fans qui ne viennent à Londres que pour vivre une expérience unique dans ce stade légendaire. Le bâtiment a été conçu pour ses utilisateurs, pensé pour que les spectateurs puissent profiter autant de la visite que des matchs. Et quand il n’y a pas de rencontre, il ouvre ses portes à bien d’autres évènements.
L’histoire du football sur les terres de l ‘ovalie est récente, mais a été de courte durée. Le 3 novembre 2015, la fédération anglaise de rugby et la NFL ont conclu un accord d’une durée de trois ans qui prévoyait l’organisation d’au moins trois rencontres sur les terres du rugby anglais. Pour la première le 23 octobre 2016, les Giants ont battu les Rams 17-10 devant 74 121 spectateurs. L’année suivante, les Rams ont pris leur revanche face aux Cardinals (33 à 0) le 22 octobre. Sept jours plus tard, les Vikings prenaient le dessus sur les Browns 33 à 16. Le quota minimum étant atteint et le nouveau stade de Tottenham initialement prêt pour 2018, Twickenham n’a plus accueilli de nouvelles oppositions depuis.
Le stade
Depuis son ouverture en 1909, Twickenham a été réaménagé au fil des années pour devenir le stade de classe mondiale qu’il est aujourd’hui, l’un des sites les plus emblématiques du sport mondial. Niché dans un quartier agréable du Sud-Ouest de Londres, à proximité de l’aéroport d’Heathrow et de la Tamise, il bénéficie de plusieurs solutions de transport qui facilitent son accès. Richmond se trouve à 10 minutes en bus, Londres à 20 minutes de train. Le quartier est calme mais regorge de petits lieux qui méritent un détour : Eel Pie Island, petite île sur la Tamise uniquement accessible à pied ou en bateau, Twickenham Stoop, stade des Harlequins qui évoluent en Premiership, Richmond Park, un énorme parc de 9,5 km2, York House Gardens, là où se trouve la mairie de district et ses jardins magnifiques.
Les sept remaniements importants de son histoire ont porté la capacité totale à 82 600 personnes. Désormais, il y a trois niveaux de places assises, dont le second étage accueille les suites de luxes et espaces VIP. Le tout est surmonté d’un toit qui couvre l’ensemble. Les quatre tribunes sont reliées entre elles par des angles arrondis, sans ouverture vers l’extérieur. Les côtés Est et Ouest s’élèvent le long des lignes de touche; Nord et Sud sont derrière les zones d’en-but. L’aire de jeu est un gazon hybride Desso GrassMaster, mélange d’herbe naturelle et de fibres artificielles. Depuis le dernier réaménagement de 2006, il abrite le siège de la fédération, un musée sous la tribune Est et un hôtel 4 étoiles dans la tribune Sud, dont certaines chambres donnent directement sur le terrain. Les gradins sont raides et proche de l’aire de jeu, permettant de bonnes lignes de vue, aussi bien près de la pelouse qu’au dernier niveau. Un vaste hall parcourt l’enceinte à chaque niveau, offrant ainsi la possibilité de faire le tour complet du bâtiment. L’accès s’effectue par un mélange d’escaliers, escalators et ascenseurs.
La construction
Aussi étonnant que cela puisse paraître, le temple anglais du rugby à XV a été construit sur l’emplacement d’un champ de choux, donnant son surnom de « Cabbage Patch » (parcelle de chou). Au début du XXème siècle, les membres du comité de la Rugby Football Union ont décidé de construire leurs propres installations pour l’équipe nationale, convaincus qu’un stade privé pouvait générer des bénéfices. En 1906, William Williams, sportif et entrepreneur dans l’immobilier, a été chargé de trouver un terrain pour répondre à cette requête. Accompagné du trésorier William Cail, leur choix s’est porté en 1907 sur un jardin maraicher dans le district de Twickenham, dans le Sud-Ouest de la capitale. Montant de la transaction, 5 500 £ (soit un peu plus de 6 000 € actuels) pour 43 hectares de terre.
L’année suivante, malgré d’énormes difficultés, deux tribunes couvertes ont été construites à l’Est et l’Ouest du terrain. Après des dépenses supplémentaires pour élaborer des routes, le bâtiment a officiellement ouvert ses portes devant 2 000 spectateurs le 2 octobre 1909 lors de la victoire des Harlequins 14 à 10 face à Richmond. Le 15 janvier 1910, anglais et gallois s’y sont retrouvés pour la première rencontre internationale sur place. Ce jour-là, les locaux ont gagné pour la première fois depuis 1898 face à leurs voisins, mettant fin à une série de 12 défaites consécutives.
La Première Guerre Mondiale allait mettre un terme provisoire à l’histoire en cours. Pendant cette période les installations étaient délaissées au profit des animaux; le sol servant de pâturage pour bétail, chevaux et autres moutons. Deux ans après la conclusion de la Grande Guerre, le rugby était de nouveau au programme des joueurs et des fans. Par la suite, Twickers a accueilli le premier Middlesex Sevens (tournoi de rugby à 7) en 1926 et le Varsity Match (Oxford – Cambridge) un an plus tard.
Les rénovations
Après un retour au calme au début des années 1920, l’enceinte a pu poursuivre son développement. Dès 1921, une tribune au Nord du terrain a été érigée selon les plans du légendaire architecte Archibald Leitch, suivie par une extension de la tribune Est en 1927, portant la capacité à 12 000 places. En 1932, la nouvelle tribune Ouest a été achevée, fournissant des bureaux pour le siège de la RFU. Le « Twickemham Look » est ainsi apparu. Cela comprenait une énorme dalle de béton au Sud pour recevoir des spectateurs debout, la tribune Nord de Leitch et les deux grandes tribunes Est et Ouest à double étages, qui coupaient la vue sur Richmond Hill. L’achèvement du West Stand a permis au stade de diffuser la première partie de rugby à la télévision en 1938. Le 19 mars, la BBC retransmettait la Calcutta Cup, rencontre opposant l’Angleterre à son voisin écossais.
Au début de la Seconde Guerre Mondiale, le stade est devenu un dépôt de la défense civile, doté de responsabilités particulières en tant que centre de décontamination en cas d’attaque chimique sur Londres. En juillet 1944, le bâtiment a été touché de plein fouet par l’ennemi. Une bombe V1 est tombée devant une maison située en face de la porte Ouest, blessant 16 personnes. L’après-guerre a été plus compliqué à gérer du fait des dégâts importants, Twickenham était à la traine en terme de développement. En 1965, la terrasse Sud a été fermée en raisons de défaillances structurelles. La construction d’une nouvelle tribune coûtait moins cher que la rénovation, mais les résidents s’y sont sont opposés, retardant l’autorisation de construction jusqu’en 1978.
Une période de reconstruction de grande envergure a eu lieu au début des années 1980 et s’est poursuivie pendant une quinzaine d’années. Vieux de plus de 70 ans et après deux guerres, le bâtiment avait besoin d’un réaménagement majeur. En 1981, la tribune Sud a été achevée. Détruite en 1989, la nouvelle tribune Nord a ouvert l’année suivante. Au cours des cinq années suivantes, les ailes Est et Ouest ont aussi eu droit à une refonte complète avec des travaux menés par Mowlem. La capacité des installations est passée à 75 000 places, incluant des zones d’hospitalité pour les hôtes de marque et le musée du rugby.
Un permis de construire a été déposé en 2002 pour un réaménagement de la tribune Sud. Celle-ci comprendrait un hôtel Mariott 4 étoiles de 200 chambres, des salles de conférence et un centre des arts et de la scène;. Niveau capacité, plus de 82 000 personnes pourraient désormais assister aux rencontres. La demande a reçu l’approbation du conseil municipal de Richmond le 2 décembre 2004. L’entreprise Carillon, ayant absorbé Molwen, a hérité du projet pour prolonger le travail déjà effectué dans les années 1990. L’architecte Ward McHugh se chargeant des plans d’aménagement, dont les travaux ont débuté le 10 juillet 2005 par la démolition de la zone Sud à deux niveaux.
À partir de cet instant, le temps était compté, le stade devait être prêt pour le match d’ouverture du Tournoi des 6 nations contre le Pays de Galles en février 2006. Grâce au travail en amont, le niveau inférieur d’une capacité de 7 600 places a été terminé et à disposition pour ce match. Une grande partie de l’acier a été commandée et assemblée à l’avance hors du site, et des unités de béton préfabriqué ont été utilisées. Une fois le tournoi achevé, le chantier a pu reprendre son rythme de croisière, avec l’opposition face à la Nouvelle-Zélande le 5 novembre suivant en ligne de mire. Ce jour-là, les trois étages de la tribune étaient achevés pour permettre à une foule record de 82 076 spectateurs d’assister à la défaite 41-20 des sujets de sa majesté. Cependant, cette date n’a pas marqué la fin des travaux. En décembre, la structure du toit a commencé à être installée, les aménagements de l’hôtel et du centre de conférence n’ont été terminés qu’au cours de l’été suivant. Depuis lors, le chantier de 80 millions de livres sterling a converti l’ancien terrain en l’immense stade que nous connaissons tous.
Dans les années 2010, des améliorations, principalement d’un point de vue technologique, ont été apportées. Elles avaient pour but de moderniser le stade afin de le maintenir viable pendant au moins les 25 années suivantes, en plus de faire partie du processus préparatoire de la Coupe du Monde de Rugby en 2015. En 2012, des rubans vidéo LED encerclant les 4 tribunes sur chaque niveau ont été installés. L’année suivante, les vestiaires ont été complètement repensés. À l’été 2014, les travaux se sont poursuivis, notamment avec le remplacement des écrans vidéos existants et du système d’éclairage. Les principales zones VIP ont fait l’objet d’une remise à neuf et le Wi-Fi installé.
Évènements organisés
. NFL : Rams-Giants le 23 octobre 2016, Rams-Cardinals le 22 octobre 2017 et Browns-Vikings le 29 octobre 2017.
. Rugby à XV : domicile de l’équipe nationale anglaise depuis 1910. Plusieurs rencontres des Coupes du Monde 1991, 2015 (dont la finale) et 1999 (dont les deux ½ finales). Finale de la Coupe d’Europe en 2000, 2004, 2007, 2012, 2015. Plusieurs finales de coupe anglo-galloise. Finale du championnat anglais. Une sélection de rencontres de Coupe d’Europe ou de Championship, notamment celles des Harlequins ou des Wasps. Un double-header en ouverture du championnat. Varsity Match entre les universités d’Oxford et Cambridge. Finale de la NatWest Schools Cup des écoles, allant des U15 aux U18 avec un match par catégorie.
. Rugby à XIII : Finale de la Rugby League Challenge Cup en 2001 et 2006.
. Rugby à 7 : Middlesex Sevens de 1926 à 2011, tournoi sur invitation à l’origine, il s’est transformé en compétition à 12 équipes avec uniquement des équipes de Guinness Premiership. Il est ensuite revenu à 16 équipes en 2008. Une étape des World Rugby Sevens Series, tournoi international annuel.
. Divers : lieu de tournage d’un épisode de Top Gear, la célèbre émission automobile outre-Manche. Conventions des témoins de Jéhovah dans les années 1950. Concerts.
Comment s’y rendre ?
. En voiture : la majorité des conducteurs emprunteront la M25 au Sud de la capitale. Poursuivre sur la M3 et prendre la sortie 12. Continuer sur l’A316 jusqu’au rond point de Whitton Road (près du concessionnaire automobile Lexus/Toyota) à proximité du stade.
Du quartier de Westminster : Prendre l’A4 et Great West Road sur 14 kilomètres en direction de Staines/Hounslow. À Brentford, prendre Twickenham Road/A310 sur 4 kilomètres jusqu’au stade.
Le stationnement peut être réservé à l’avance mais la demande est élevée. Les parkings alentours sont principalement réservés aux résidents.
. En transports en commun : solution à privilégier, la plupart des habitués utilisent le train qui offrent plusieurs options.
La gare de Twickenham se trouve à 15 minutes à pied du stade. Elle est desservie par des liaisons régulières entre London Waterloo et Reading. Il s’agit de la ligne la plus prisée et encombrée.
La gare de Richmond est une alternative plus éloignée (30 minutes de marche) qui est desservie à la fois par le train et la ligne verte (District Line) du métro.
La gare de St Margarets est la dernière option qui se situe géographiquement entre les deux précédentes, donc desservie par des trains au départ de Waterloo.
En métro : arrêt Hounslow East sur la Picadilly Line ou arrêt Richmond sur la District Line. Il existe un service de navette pour rejoindre le stade au départ de ces deux stations. Le service est gratuit avant le match (si le départ est effectué plus de deux heures avant la coup d’envoi) et après le match. Des frais de 3£ par personne sont facturés si le départ se fait moins de deux heures avant le coup d’envoi.
En bus : les lignes 267, 281, 481, 681 et H20 possèdent des arrêts à proximité. La compagnie National Express propose des services de bus à partir de différentes destinations.
. À pied ou en vélo : possible.
Fun facts
Le chant « Swing Low, Sweet Chariot » a résonné pour la première fois lors de la victoire anglaise sur l’Irlande 35-3, au cours du Tournoi des 5 nations 1988. Un groupe d’élèves de Douai a célébré le premier essai de l’ailier d’origine nigériane Chris Oti en entonnant les paroles de ce chant originaire du Sud des Etats-Unis. Quand Oti a marqué son deuxième essai, d’autres spectateurs se sont joints à ce petit noyau. Au troisième, synonyme de coup du chapeau, tout le stade s’est écrié en son honneur. Depuis, la chanson est reprise à chaque match par les supporters anglais.
Twickenham abrite plusieurs lieux de divertissement. Le World Rugby Museum couvre l’histoire ce sport au niveau mondial avec plus de 25 000 objets uniques. Divisé en cinq sections (The Spirit of Rugby, Rugby’s Story, Play Rugby, Rugby Moments et les expositions), il utilise des techniques d’affichage interactives et propose un programme d’expositions qui traitent des sujets d’actualité. De nombreuses pièces uniques de collection sont présentées à l’image de la Coupe du Monde (Coupe Webb Ellis) obtenues par l’équipe d’Angleterre, ou du premier maillot porté par les sujets de sa majesté en 1871 face à l’Ecosse. L’England Rugby Store propose une large sélection de vêtements et de souvenirs à l’effigie de l’équipe nationale, de quelques clubs et d’autres sélections nationales. Le London Marriott Hotel avec quelques suites donnant sur le terrain, et un club de fitness Virgin Active (qui comprend notamment une piscine intérieure) se trouvent au niveau de la tribune Sud.
Des visites sont également disponibles via le musée. Elles se déroulent quatre fois par jour du mardi au samedi, et deux fois le dimanche. Certains horaires ne seront pas disponibles les jours de match. Elles se font toujours en présence d’un guide assermenté par le musée et le prix varie de 12 à 20£. Elles comprennent un tour des zones les plus sélectives avec la découverte du tunnel d’accès à la pelouse, le terrain en lui-même, un passage par les tribunes, vestiaires ou encore la loge réservée aux membres de la famille royale.
Parmi les 20 normes que vous devez connaître et accepter avant de prendre place pour un match, la 11ème stipule que le bruit, les comportements violents qui viendraient déranger les joueurs ou les autres spectateurs sont interdits. Ainsi que tout type de langage jugé offensant. Au niveau culinaire, une chose est sûre, vous n’aurez pas faim ni soif, avec des stands de nourritures et de boissons installés un peu partout et couvrant tous les goûts. Au pays de la bière, le liquide coule à flot avec plusieurs variétés.
Sources : Twickenham, Info-Stades, Stadium DB, Stadiums of Pro Football, Stadium Journey, Football Stadium Digest, Football Ballparks, Pro Football Reference, Thrillist, Sports Pro Media, Go Banking Rates.
Visuels : Ben.
Logo : Romain Therasse.