Tous les vendredi, la rédaction de TDActu vous propose le portrait d’un joueur. Son parcours sportif, ses succès et ses échecs, son parcours de vie. Aujourd’hui un portrait d’un joueur prometteur nous donnant l’occasion de mettre l’accent sur la relation entre religion et sport ainsi que sur les traditions présentes en football universitaire.
Bryce Hall
Né le 5 novembre 1997 à Harrisburg, Pennsylvanie
1m85 pour 91 kilos
Cornerback, Virginia, senior
Position estimée à la draft (à ce jour) : 2e tour
L’ombre du receveur
24 passes défendues en 2018. 24, le meilleur résultat NCAA en 2018. Bryce Hall a donc non seulement des mensurations convoitées pour jouer cette position à l’échelon supérieur mais en plus, il est un vrai pot de colle pour les receveurs adverses. Faut dire qu’il connait cette position, ses tracés et feintes de tracés : en 2016 il est recruté par la fac de Charlottesville (160 km au sud-ouest de Washington DC) pour jouer en tant que receveur.
Sa dernière année au lycée Bishop McDevitt, il capte 54 ballons donnant 1108 yards à son attaque. Quinze touchdowns. Un seizième est inscrit en défense car il y joue également comme cornerback mais c’est bien comme receveur, sa position principale, qu’il est recruté par les Cavaliers de Virginia. Pourtant lors des camps d’entrainement, avant sa première saison universitaire, il est aligné en tant que cornerback en raison de blessures à ce poste. Son talent faisant le reste, il ne bougera plus du coté défensif du ballon. Changer ? Pas un souci pour lui qui a déjà changé de sport. Le basketball est sa passion initiale, le sport auquel il s’adonne en priorité dans sa jeunesse puis au lycée.
« Je rêvais de basket, j’ai même essayé d’arrêter le football après mon année sophomore pour me consacrer au basket. », dit-il à virginiasports.com
Il a essayé. L’attrait du turf et de ce jeu, ainsi que la compagnie de ses coéquipiers, ont finalement raison de sa première intention et il continue à pratiquer les deux sports au lycée. Alors quand ses entraineurs lui demandent de jouer en défense, il décide de relever le challenge : c’est à dire travailler, beaucoup travailler, mentalement surtout.
« L’état d’esprit est différent pour ces deux postes. Receveur, lorsque que tu relâches un ballon alors tu retournes dans le huddle et tu taches de l’attraper sur le jeu suivant. Defensive-back, tu sais que si tu fais une erreur, ça peut coûter six points. », dit t’il à pennlive.com
Dès sa première saison il est nommé dans la Freshman All-ACC Team, dans une conférence avec pourtant des universités qui chaque saison séduisent moult recrues 4 et 5 étoiles à ce poste comme Clemson, Florida State ou Miami. Il se décrit lui-même comme un press-man en couverture, c’est à dire aligné sur la ligne d’engagement en face de son receveur et de là, le duel est lancé. Et souvent, depuis quatre saisons il est remporté par ce chrétien convaincu.
La lumière de Dieu
« Ma foi est tout pour moi », déclare t’il au site officiel de l’université de Virginia. Pourtant durant ses jeunes années, il ne s’intéresse pas à la religion, la foi est quelque chose d’abstrait pour lui. La révélation vient lors de sa seconde année sur le campus de Virginia. Il se fait même baptiser le six mai 2018 en compagnie de quatre coéquipiers. Il confesse à virginiasports.com :
« Et cela m’a aidé à progresser car désormais j’ai conscience de jouer pour quelque chose de plus grand que moi. Le football est juste le média par lequel Dieu veut que j’opère. »
Situé dans ce pays parfois qualifié de puritain, l’université de Virginia a bien entendu un aumônier propre aux équipes sportives et Bryce Hall est proche de George Morris : « C’est mon mentor, il me donne beaucoup de sagesse et d’énergie aussi » dit-il en parlant de lui. Étant donné cette mentalité majoritairement faite de spiritualité, il n’est pas étonnant de le voir occuper ses dimanches en les consacrant à l’autre.
« J’adore aider la communauté, les ‘week-ends volontariats’. Avec mon église je m’occupe plus particulièrement d’un groupe de jeunes. », virginiasports.com
Cette attitude altruiste est valorisée outre-manche par le milieu sportif : le Walter Payton Trophy en NFL ou le Ronnie Lott Impact en college football. Lott cet ancien safety d’un niveau exceptionnel, introduit au Hall of Fame depuis l’année 2000. Le terme IMPACT après son nom sur ce trophée signifie Intégrité, Maturité, Performance, ACademics (résultats scolaire) et Ténacité. Bien entendu, Bryce Hall fait parti des 42 nominés 2019 (Lott portait le numéro 42) dont le vainqueur sera désigné au mois de décembre. Josh Allen, drafté par les Jaguars au 1e tour 2019, en est le lauréat 2018.
Quant au mariage football-religion dans les rangs universitaires, demandez donc à Sammy Watkins ou DeAndre Hopkins, tous deux baptisés devant entraineurs et coéquipiers lors de leurs passages à Clemson. Deux exemples parmi tant d’autres. Dans de nombreuses universités et notamment celle de Clemson. L’entraineur Dabo Swinney, fervent croyant, en fait d’ailleurs un argument pour recruter certains des meilleurs talents : et le message passe bien auprès de jeunes, et de leurs familles, notamment dans ce sud du pays où la foi est si importante.
Demandez le programme
Depuis le début de la saison 2019, Bryce Hall a pu briser 4 fois une roche. Comme une rubrique façon le fanion bleu, une nouvelle tradition est en place dans le programme conduit par l’entraineur Bronco Mendenhall, celle de casser une pierre après chaque victoire.
« En gros, la saison représente une montagne qu’il faut déplacer pierre après pierre. Donc après chaque victoire on en détruit un morceau. », nous dit le directeur du football à Virginia, Shawn Griswold, via 247Sports
Hoos Win = Break the Rock pic.twitter.com/fDEYqrvNVB
— Virginia Football (@UVAFootball) September 16, 2018
Tradition. Le mot est lâché. Le football universitaire, qui fête ses 150 ans cette saison, en est remplie. Passons sur les confrontations où en jeu se trouve une hache (Wisconsin-Minnesota) ou un chapeau en or (Texas-Oklahoma). Passons sur la traversée de terrain, tenu par cinq courageux, de Ralphie le bison lors des matchs de Colorado ou, sur l’honneur fait à un joueur à l’état d’esprit exemplaire, de revêtir le numéro 18 dans la fac de LSU. (Foster Moreau, Raiders, en 2018).
À l’université de Miami, lorsqu’un défenseur récupère un ballon après une interception ou un fumble, de retour sur la touche, celui-ci peut enfiler la turnover chain. Un collier avec de gros maillons d’or et la mascotte des Hurricanes en saphirs de couleurs. Bien sur il parade avec et prend des poses. Cependant, aucun ne joueur ne peut la conserver à son cou une fois le match terminé : elle coûte 98 000 dollars.
Du coté de Morgantown, à 120 kilomètres au sud de Pittsburgh, on préfère chanter. Et tel le You’ll Never Walk Alone entonné à Liverpool, Dortmund et Glasgow, les fans de West Virginia reprennent en chœur un Take Me Home, Country Roads. Une tradition plus paisible que celle d’une partie de leurs fans, aimant brûler matelas et canapés après une belle victoire des Mountaneers. Une chanson qui, évidemment, parle de la Virginie de l’ouest. Chacun ses goûts et nul doute que certains préfèreront l’entrée des joueurs de Virginia Tech sur le Enter Sandman de Metallica (Interdiction de passer à coté de ses 2,44 minutes).
Enfin, comment ne pas évoquer une nouvelle tradition qui, de par son caractère, serait fortement appréciée par Bryce Hall et son abnégation. Depuis 2017 avec la création d’un hôpital pour enfants tout proche du stade dans l’Iowa. La Iowa wave où à la fin de chaque premier quart-temps, joueurs, entraineurs et fans se tournent, en direction des derniers étages de l’hôpital de l’université, pour saluer les enfants. Maquillés et soutenus par leurs familles et le personnel soignant, les enfants prennent plaisir à regarder les matchs des Hawkeyes. Un peu de réconfort.
Donner un peu de soi à son prochain : Bryce Hall pratique cela quotidiennement, sauf pour les receveurs les jours de match. Malheureusement pour lui, son statut pour la prochaine draft est désormais incertain suite à sa blessure contre Miami. Considéré comme un des trois meilleurs joueurs à son poste avant la saison, il ne reste qu’à lui souhaiter un bon rétablissement et qu’une équipe misera tout de même un choix du vendredi sur lui (2e et 3e tours). Si Dieu le veut.