Tous les vendredi, la rédaction de TDActu vous propose le portrait d’un joueur. Son parcours sportif, ses succès et ses échecs, son parcours de vie. Neuf saisons déjà que ce joueur sous-médiatisé laisse son talent parler pour lui.
Patrick Ryan Kerrigan
Né le 16 aout 1988 à Muncie, Indiana
1m93 pour 120 kilos
Outside Linebacker, Washington Redskins, 9e saison
Pas d’erreur d’inattention ni de faute de frappe ici, le véritable prénom de Kerrigan est Patrick et pourtant tout le monde l’appelle Ryan.
« Mes parents ont voulu me nommer par rapport à mon père et son second prénom est Patrick mais en fait, pour éviter toute confusion à la maison, on m’a toujours appelé Ryan. », rapporté par homermcfanboy
Ryan ou Patrick, dans tous les cas vous n’entendez pas souvent son nom. Injustice !
Efficacité et simplicité
86 sacks. 13 en 2018 (7e total NFL). Quatre fois en huit saisons, Ryan Kerrigan est dans le top 10 en nombre de sacks. Et pourtant qui en parle ? La faute tout d’abord à une franchise remportant 53 matchs pour 81 défaites depuis qu’il y porte le numéro 91. Deux apparitions en playoffs pour deux défaites au 1e tour. Pas de quoi faire unes et manchettes. La faute aussi à une personnalité pas des plus vendeuses alors que voitures de luxe, résidences telles des palais, tatouages et bijoux sont de sortis pour la plupart des joueurs de son niveau.
En 2011, alors qu’il vient de signer un contrat rookie avec huit millions de dollars garantis, il n’achète pas de villas mais loue un trois-pièces dans une tour. Il y emménage avec Andrew Walker, un ami d’enfance qui travaille pour le site internet des Redskins. Et il y est bien.
« J’aime Arlington et DC mais je préfère être ici, c’est bien plus proche du centre d’entrainement et comme j’ai horreur des embouteillages, je suis bien mieux là. »
Cette déclaration, il l’a fait en 2016 à washingtonlife.com. Vous avez bien lu, en 2016. Alors qu’à l’intersaison 2015 il signe une extension de contrat de 57 millions de dollars, il habite toujours dans cet appartement de 60m2. Il se sent bien comme ça alors pourquoi changer ?
« Vivre plus ? Comment ? Je ne sais pas faire. Ça veut dire quoi, acheter un bateau ? », dit-il au Washington Post
Un lieu de vie surprenant car inhabituel d’un sportif de si haut niveau, d’un multimillionnaire. La version en ligne du journal permettant les commentaires, un certain Nats_Forever écrit :
« Hey! il loge à Reston Town et il n’est même pas divorcé? Je ne savais pas que c’était permis ça. Coucou voisin. »
Non la tour de Reston Town ne ressemble pas au domicile type d’un probowler NFL. Il y est cependant resté six ans, avec un ami donc puis avec sa petite-amie devenue depuis sa femme. Le couple a ensuite déménagé avant que deux ans plus tard naissent Lincoln, leur fille.
Les actes sont plus parlants que les mots
Expansif, fêtard, geek des réseaux sociaux ? Ryan Kerrigan n’a aucune de ces qualités. Il préfère laisser son attitude parler pour lui. Incontestable leader de la franchise, il fait l’unanimité parmi des fans qui peuvent en d’autres occasions se montrer plus caustiques. Les supporteurs aiment avant tout un joueur qui chaque année répond présent sur le terrain. Ses entraineurs eux, profitent de sa personnalité toute entière dévouée à la pratique du football. Alors qu’il doit parfois gérer des situations classées « fait divers » avec certains joueurs, Dan Snyder le propriétaire des Redskins est tranquille avec lui.
Trent Murphy, aujourd’hui aux Bills, l’a cotoyé pendant trois saisons chez les peaux-rouges :
« Il ne parle pas beaucoup mais ses actes sont très parlants, criants même. Il est extrêmement respecté dans le vestiaire. », Washington Post
Il est également respecté dans la communauté avec ses œuvres de charité. Il est le président d’une association nommée « Ryan Kerrigan’s Blitz for the Better Foundation« . Avec, il s’occupe d’enfants handicapés.
« Mon cousin est autiste, j’ai vu de mes yeux combien c’est difficile non seulement pour la personne mais aussi pour la famille. », confie-t’il au Washington Life
Lui-même a un handicap, bien plus léger cependant : il entend très peu de l’oreille gauche et ce depuis ses huit ans. Est-ce la raison pour laquelle il s’aligne le plus souvent à gauche de la ligne défensive ? Au site ProFootballTalk il déclare :
« C’est seulement quand une personne est vraiment sur ma gauche sinon ça ne me gène pas. »
Surpris que cela puisse intéresser autant les « gens » lorsque brièvement il sort avec la joueuse de tennis Caroline Wozniacki, il se sert de sa notoriété pour donner un peu de réconfort. Comme après une victoire en octobre 2018 face aux Cowboys de Dallas où il offre son maillot, avec lequel il vient de signer deux sacks et une victoire, à Tyler Trent : un jeune fan de Purdue luttant contre un cancer des os. Un petit gars de l’Indiana. Comme lui.
Home sweet home
Ryan (ou Patrick, on ne sait plus) grandit dans l’Indiana, à Muncie. Petite ville de 70 000 habitants à 80 kilomètres d’Indianapolis et ses Colts.
« C’était sympa pour moi de grandir là car je connaissais tout le monde. Je n’appellerai pas ça un coin pour touristes mais moi j’y ai pris du bon temps et j’ai encore de la famille et pas mal d’amis là-bas. », dit-il à redskins.com
Autrefois industrielle, Muncie a su se réinventer depuis le passage au 21e siècle en devenant un pôle dynamique du monde des affaires de l’état. Cependant, difficile de trouver une raison de s’y rendre, autre que la famille ou pour affaires. Mais pour le jeune Ryan c’était parfait.
« Comme tous les enfants, je voulais jouer dehors alors j’ai pratiqué tous les sports en extérieur : baseball, lacrosse, vélo etc Habitant près d’une piscine municipale j’ai beaucoup nagé par exemple. », homermcfanboy
Il y joue aussi au basketball. Avec Muncie il a affronté Greg Oden et Mike Conley lors de rencontres de leurs lycées respectifs. Il définit cependant son jeu sur les parquets davantage constitué de « dirty work » avec écrans et rebonds que par ses qualités offensives.
Incassable
Confortable dans cet environnement, il choisit à 19 ans de rejoindre une université à seulement 130 kilomètres de chez lui : Purdue. Avec les Boilermakers il produit 14 fumbles (un record) et 33,5 sacks en quatre saisons. 48 matchs, douze par saison. Il n’en rate aucun. D’ailleurs depuis que les Redskins l’ont drafté en 2011, il n’a pas raté un match, pas un seul ! 135 possibles et 135 joués.
Difficile de ne pas faire le lien entre sa solidité et le sérieux de sa préparation. Il ne boit jamais d’alcool pendant la saison, si vous voulez trinquer avec lui, un smoothie carotte-avocat-framboise lui conviendrait mieux dit-il à nflgirluk.com. Et s’il a tenu à habiter près du centre d’entrainement pendant des années, ce n’était pas pour y arriver en retard. Pour un état-major NFL, Ryan est le parfait soldat.
En 2015, le Washington Post publie un article avec comme titre » Ryan Kerrigan est sans doute la star des redskins la plus ennuyeuse qui soit mais ça lui va comme ça ». Boring le Patrick ? Il est clair que si quelqu’un veut faire du putaclic, Kerrigan n’est pas le nom le plus vendeur. Et pourtant. Que demande t’on avant tout à un joueur de football ? En cinq matchs de la saison 2019, Kerrigan compte pour 6 QB hits et 7 plaquages dont 1,5 sacks. Depuis quelques années, il les célèbre à la façon de la star du catch Shawn Michaels.
« Je suis fan depuis longtemps, avant même qu’il ne devienne une telle star. », dit-il à propos de Michaels à nfl.com
Les raisons d’avoir le sourire sont rares, cette saison encore plus, pour les fans des Redskins. Alors qu’ils espèrent que Dwayne Haskins le deviendra bientôt, Ryan Kerrigan est LE visage de la franchise de la capitale. Un joueur fiable, exemplaire et bon sur le terrain. En coulisses, il est un homme simple. Et il compte bien le rester.