La NFL est puissante aujourd’hui, mais croyez-le ou non, elle a connu des débuts bien modestes. À l’approche des dernières heures de cette centième saison, TDActu vous propose de découvrir les origines de la ligue sportive la plus riche du monde.
Après les premières dynasties et les bases du système actuel, place aujourd’hui à la montée en puissance de la ligue et l’extraordinaire machine à cash qu’elle représente.
Extension et remodelage
Au début des années 1990, la NFL a révisé son système de playoffs pour inclure une équipe supplémentaire par conférence via les wild cards, portant le total à 6 franchises qualifiées de part et d’autre. La World League of American Football a également fait son apparition. C’était la première ligue sportive a organisé des rencontres la même semaine, sur deux continents séparés (1991). Elle a ensuite été remplacée par la NFL Europe en 1996. En 1992, les 16 matchs de saison régulière se sont étalés sur 18 semaines pour la seule et unique fois, et la conversion à deux points a fait son retour en 1994. La fin de la décennie a été marquée par de nombreux mouvements d’équipe au sein du territoire et de la ligue. Au niveau expansion, Carolina et Jacksonville ont obtenu des franchises en 1994, Houston en 1999. En 1996, Baltimore a récupéré la place de Cleveland avec toute son organisation sportive, mais sans avoir le droit d’utiliser ni le nom ou le patrimoine. Les Browns ont fait leur retour dans l’Ohio trois ans plus tard. Quelques autres déménagements sont à noter. Los Angeles a perdu ses deux franchises en 1995, les Rams partant pour Saint Louis et retour à la case Oakland pour les Raiders. En 1998, les Oilers ont déménagé de Houston pour atterrir à Nashville. Dès la saison suivante, l’équipe a été rebaptisée Titans et l’appellation d’origine retirée par la NFL, une première dans l’histoire. Avec l’arrivée des Texans à Houston à partir de la saison 2002, les propriétaires ont entériné le changement de répartition des équipes dans la ligue : 2 conférences, 8 divisions en tout et 4 équipes par division. Sept franchises ont changé de division, et les Seahawks de conférence, migrant de l’AFC à la NFC. Pour éviter des trous de plusieurs décennies sans affrontement entre deux formations, un nouveau calendrier a été adopté. Toujours en vigueur aujourd’hui, il garantit qu’une équipe puisse rencontrer toutes les autres au moins une fois tous les quatre ans.
Sur le terrain, Jim Kelly (quarterback) et Thurman Thomas (running back) ont emmené Buffalo quatre fois consécutivement au Super Bowl (1991-1994). Sans aucun succès, notamment battu par Dallas deux fois. Sous l’impulsion de leur trio magique Troy Aikman (quarterback), Emmitt Smith (running back) et Michael Irvin, les Cowboys ont glané 3 bagues en quatre ans (1993, 1994, 1996) faisant d’eux la dynastie des années 1990. San Francisco s’est intercalé en 1995 grâce au gaucher Steve Young, qui a notamment été le lanceur le plus prolifique de NFC pendant cinq saisons (1991 à 1994, et en 1996). Cette décennie a été marquée par des talents qui n’ont jamais réussi à décrocher une victoire finale. Barry Sanders, légendaire coureur des Lions, est devenu le premier à courir plus de 1 000 yards pendant 10 saisons d’affilée. Dan Marino des Dolphins a battu en son temps le record du plus grand nombre de yards gagnés dans les airs avec 61 361 yards et 420 touchdowns. Un petit nouveau, Brett Favre, est arrivé dans le Wisconsin après une petite année passée à Atlanta. Il allait redonner ses lettres de noblesses à Green Bay. Des prestations hallucinantes lui ont permis de glaner trois titres de MVP trois années de suite (1995, 1996, 1997), et de s’emparer de plusieurs records à la passe à la fin de sa carrière.
L’emprise des Patriots
Les années 2000 ont vu l‘émergence des Patriots, équipe qui continuent de dominer la NFL 20ans après leur première victoire au Super Bowl. Avant le XXIème siècle, ils n’avaient participé qu’à deux finales, perdant contre les Bears en 1986 et Packers en 1997. Nommé en 2000, Bill Belichick a récupéré une franchise dernière de sa division pour la porter au sommet de la ligue en deux saisons. Pourtant New England n’était pas censé dominer. Une blessure du quarterback titulaire Drew Bledsoe en deuxième semaine a poussé un petit jeune de deuxième année sur le devant de la scène, un certain Tom Brady. De 0 victoires – 2 défaites, l’équipe a gagné 11 des 14 rencontres suivantes. Ils se sont qualifiés pour les playoffs, puis ont remporté le première titre de leur histoire à la surprise générale face aux Rams de Saint Louis et son « greatest show on turf ». La saison 2001 a surtout été marquée par les attentats du 11 septembre qui ont forcé les officiels a modifié le calendrier. La seconde semaine de compétition a ainsi été placée en toute fin d’exercice, obligeant le décalage de l’intégralité des phases finales d’une semaine.
La légende était née un soir de février 2002. Une équipe superbement coachée, un quarterback décisif dans les moments clés et une défense redoutable, les Patriots ont trouvé les ingrédients du succès. Aujourd’hui, la recette n’a pas changé et a permis au duo de participer à 9 Super Bowls en 19 ans, dont les 3 dernières éditions, avec 6 victoires à la clé. Exploit rare en 2007. Une saison invaincue qui aurait pu être parfaite sans une défaite contre les Giants en finale. Un match rendu célèbre par la réception miraculeuse de David Tyree (Helmet Catch).
L’ère Roger Goodell et la pluie de records
L’autre changement a eu lieu dans les hautes sphères. En mars 2006, le commissionnaire Paul Tagliabue a pris sa retraite. La fin de son mandat a été affecté par le scandale du Nipplegate lors du concert du Super Bowl 2004. Lors de son duo avec Janet Jackson, Justin Timberlake a arraché une partie du bustier de celle-ci. Cela faisait partie du spectacle, mais Timberlake a tiré trop fort, laissant apparaître le sein droit de la chanteuse. Outrage outre-Atlantique. Depuis les plus grands évènements sont retransmis en très léger différé afin de remédier à un éventuel débordement.
Approuvé par le vote des propriétaires, un employé de la NFL depuis 1982, Roger Goodell, a été nommé à la tête de la ligue en aout. Le nouveau patron a hérité d’un poids lourd de la culture et des médias. Pendant le mandat de son prédécesseur, la NFL a connu une croissance exponentielle et la seule tentative de création d’une nouvelle ligue durant son mandat, la XFL, n’a duré qu’une seule année faute de résultat.
Depuis sa prise de fonction, la ligue a continué de s’épanouir et de prospérer, même si les audiences ont baissé, comme pour toutes les chaines de télévision de manière générale. Tout n’est pas parfait, loin de là. Il a du faire face à plusieurs controverses et cauchemars de relations publiques qui ont écorné l’image de la ligue. Une grève des joueurs en 2011 a duré 18 semaines, suivie d’une seconde des arbitres l’année suivante, qui ont obligé des remplaçants à officier. Les nombreux appels litigieux annoncés au cours des trois premières semaines de compétition ont fait accélérer leur retour, avec une revalorisation salariale à la clé. Un des derniers en date, le scandale des ballons dégonflés (Deflategate), a vu la NFL suspendre Tom Brady pour 4 rencontres. Le quarterback a été pénalisé car il savait que des employés de la franchise dégonflaient volontairement des ballons de match.
Ces dernières années, ce sont surtout des affaires de violence domestique (Ray Rice, Tyreek Hill) ou l’utilisation de produits interdits qui ont malheureusement occulté le sportif. En 2016, l’affaire Colin Kaepernick a secoué la ligue et la société américaine dans sa globalité. Pour protester contre les brutalités policières et l’inégalité raciale, le quarterback a commencé à s’agenouiller pendant l’hymne national en compagnie du safety Eric Reid lors de la présaison. Le mouvement a pris de l’ampleur au fil des semaines, de plus en plus de joueurs rejoignant sa cause. Le président des Etats-Unis, Donal Trump, a vivement critiqué la position de l’ex 49er au moyen de déclarations incendiaires, ce qui n’a fait qu’enflammer un peu plus le débat. Kaepernick et Reid se sont retrouvés sans équipe à la fin de leur contrat respectif, avec les plus grandes peines du monde à retrouver un emploi. Les deux compères ont porté l’affaire devant les tribunaux, arguant que la ligue faisait tout pour qu’ils ne retrouvent pas d’équipe. La situation s’est réglée confidentiellement et un accord financier a été trouvé. Reid a retrouvé un poste chez les Panthers en 2018. Au contraire de Kaepernick, qui continue de s’entrainer et espère toujours une opportunité.
Les années 2000-2010 sont surtout synonymes de records battus d’année en année, dans une ligue de plus en plus portée vers le jeu offensif, et la passe en particulier. Le 27 octobre 2002, Emmitt Smith des Cowboys a dépassé Walter Payton. Il est devenu le running back le plus productif de l’histoire. Il a terminé sa carrière deux ans plus tard avec 18 355 yards au compteur sous les couleurs des Cardinals. Le 19 novembre 2006, le légendaire Jerry Rice a pris sa retraite après 20 ans dans la ligue et 22 895 yards réceptionnés. En 2002, le receveur des Colts Marvin Harrison a battu le record de passes réceptionnées sur une saison avec 143 unités, soit 20 de plus que la précédente marque. Un record qui est désormais la propriété de Michael Thomas (Saints) depuis quelques semaines. En 2012, Calvin Johnson des Lions a dépassé Jerry Rice en devenant le receveur le plus prolifique sur une saison avec 1 964 yards gagnés. Au petit jeu du quarterback le plus productif, plusieurs prétendants ont surclassé Dan Marino. Tour à tour, Brett Favre, Peyton Manning et Drew Brees, toujours en activité, se sont appropriés la référence. Brees qui aussi en passe de détrôner le Shériff dans d’autres catégories statistiques. Il devra toutefois se méfier d’un autre quadragénaire, Tom Brady, toujours actif et qui défie toute les lois de la nature. Ce ne sont là que les principaux exemples. La liste est longue et les pages d’histoire continue de se noircir saison après saison.
La santé des joueurs et futur de la ligue
En dehors des pelouses, les officiels prêtent désormais plus d’attention à la santé des joueurs. Pour lutter contre les problèmes de commotion cérébrale ou graves blessure, des changements de règles ont abondé en ce sens, notamment sur les coups portés vers la tête ou les contacts côté aveugle. En matière de scoring, le système de transformation après un touchdown a été revu en 2015. Sur les transformations à un point au pied, le ballon est désormais placé sur la ligne des 15 yards. Pour deux points à la main, la position de départ est fixée sur les 2 yards. Dans cette situation, la défense a désormais la possibilité de marquer deux points au tableau d’affichage si elle retourne la transformation jusque dans la end-zone adverse. Soit en contrant la tentative de coup de pied, soit en récupérant le ballon sur un fumble ou une interception lorsque l’attaque tente les deux points à la main.
Parmi les nouveautés apportées, le match du jeudi soir a fait son apparition en prime time le 5 septembre 2002. Ce jour-là, les Giants ont perdu à domicile face aux 49ers 16 à 13. Les rencontres de saison régulière ont commencé à être délocalisées hors des frontières américaines. Le 2 octobre 2005, 103 467 personnes ont assisté au tout premier match officiel hors des Etats-Unis, où les Cardinals ont battu les 49ers 31 à 14 à l’Estadio Azteca de Mexico. Deux ans plus tard, le premier match à Londres a vu la victoire des Giants 13 à 10 sur les Dolphins. Depuis, au moins une rencontre a lieu chaque année dans la capitale anglaise où seuls les Packers n’ont pas encore fait le déplacement. Sur ces trois dernières années, quelques équipes ont déménagé. En 2016, les Rams sont retournés à Los Angeles, rejoints par les Chargers l’année suivante. Les deux franchises font pour le moment stade séparé en attendant la sortie de terre du futur bijou à Hollywood Park qu’ils se partageront normalement à partir de la saison 2020. Toujours en 2017, les Raiders ont été autorisés à migrer vers Las Vegas où il devrait prendre possession de leur nouvel écrin également en 2020.
Aujourd’hui, l’hégémonie de la National Football League n’est plus à prouver. Avec près de 17 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2018, elle est la ligue sportive qui génère le plus de revenus dans le monde, grâce notamment aux contrats signés avec les grands diffuseurs américains (CBS, NBC, FOX, ESPN, DiretctTV) ou les géants de l’internet (Twitter, Amazon Prime). Le podium est complété par la vente de produits dérivés et la billetterie. La ligue a fait face à une perte d’affluence au début du millénaire, elle y a remédié en pressant les propriétaires de mettre aux normes ou construire de nouveaux stades avec tout le confort et les technologies modernes. Un pari réussi. Nous assistons depuis 2009, et l’inauguration du AT&T Stadium de Dallas, à une surenchère, avec des bâtiments de plus en plus somptueux, aux dernières tendances technologiques, mais surtout très onéreux.
L’Alliance of American Football (AAF) a tenté de se tailler une part du gâteau en 2018. En vain, elle a explosé en pleine saison, après seulement quelques semaines de compétition. La XFL 2.0 verra le jour d’ici quelques jours, juste après le Super Bowl de Miami. Personne ne peut prédire de son futur, même si elle semble mieux armée financièrement. Bin évidement, l’argent reste le véritable nerf de la guerre. À l’horizon 2030, l’objectif fixé par Roger Goodell pour sa NFL est d’atteindre les 25 milliards de dollars de revenus. Et vous pouvez parier sans risque que ce seuil sera atteint dans un milieu où aucun dollar ne se perd.