500 dollars. C’est ce qu’a du débourser Tim Mara en 1925 pour devenir le propriétaire des New York Giants. Aujourd’hui, il en coûterais presque 900 millions à celui qui voudrait mettre la main sur la franchise de la grosse pomme. Une inflation due bien sûre au marché que représente New York, mais aussi au poids que l’équipe à su prendre dans le paysage de la NFL au fil des années.
Fondés en 1925 sur un investissement de 500$ de Tim Mara, les New-York Football Giants – le « véritable » nom de la franchise – sont une des premières équipes à venir grossir les rangs de la NFL. Fort d’un bilan de 8 victoires pour 4 défaites en 1925 puis 1926 et de l’une des meilleures escouades défensives de la ligue, les Giants remporteront leur premier championnat dès 1927 avec une fiche de 12 victoires, dont 10 sans encaisser le moindre point pour un total de 20 points alloués contre 197 marqués.
En 1928, ne réussissant pas à débaucher le quarterback Benny Frieman des Detroit Wolverines, Mara va au plus simple et rachète carrément toute son équipe pour 10 000 dollars. Pendant plusieurs années, Mara est le propriétaire de 3 franchises en même temps. Pour les Giants, les remaniement est payant puisque l’équipe est de retour dès la saison suivante avec une fiche de 13 victoires pour 1 défaite mais une défaite pour le titre face aux Green Bay Packers.
En 1930, les Giants enregistrent la première victoire du football professionnel sur son équivalent amateur en écrasant l’effectif All-Star de Notre-Dame 21 à 0. Knute Rockne, entraîneur de l’université de Notre-Dame, dira de ces Giants qu’ils étaient « la meilleure mécanique footballistique qu’il ait vu« . L’année suivante, la franchise recrute Steve Owen au poste d’entraîneur en chef. Ce dernier sera à l’origine de l’une des armes les plus prolifiques des années 30, la A-Formation.
Sous la direction d’Owen, les Giants remportent une première fois le championnat en 1934 contre les Chicago Bears à la conclusion du célèbre « Sneakers Game ». Menés 13 à 3 sur un terrain gelé lors du troisième quart-temps, les Giants doivent leur salut au retour d’Abe Cohen, qui s’était absenté sur demande de Steve Owen pour trouver des chaussures de basket (ou « sneakers ») au Manhattan College. Équipés de ces nouvelles chaussures, les Giants inversent la tendance en inscrivant 27 points lors du quatrième quart-temps pour une victoire finale 30 à 13.
Après une défaite aux mains des Detroit Lions en 1935, les Giants sont de nouveau sacrés en 1938 au terme d’un match les opposant aux Green Bay Packers, qu’ils battent sur un score de 23 à 17 pour devenir la première équipe à remporter à deux reprises un NFL Championship Game.
Vaincus lors du « plus grand match de l’histoire »
Après 23 ans de carrière à la tête des Giants, Steve Owen est congédié en 1953, à la conclusion d’une saison à 3 victoires pour 9 défaites. Aux côtés de Vince Lombardi et Tom Landry, de grands noms qui officieront comme entraîneur en chef des Packers et Cowboys, c’est à Jim Lee Howell que revient la charge d’offrir une seconde jeunesse à la franchise. Charge dont il s’acquitte en emportant le titre en 1956 sur un score sans appel de 47 à 7 à domicile, face aux Chicago Bears,qui subissent une nouvelle fois la terrible loi des sneakers, encore une fois utilisées au lieu des crampons.
En 1958, les Giants perdent mais participent à un tournant de l’histoire du foot US. Également connu sous le sobriquet de « Greatest Game Ever Played », le match pour le titre regroupe cette année là pas moins de 17 joueurs et entraîneurs aujourd’hui inscrits au Hall of Fame. On estime que près de 45 millions d’américains ont suivi le match, ce qui en fait la plaque tournante de la popularité du football professionnel outre-Atlantique.
Bien qu’ils aient pris l’avantage à l’ouverture du dernier quart-temps, les Giants sont dans l’incapacité de stopper l’avancée du quarterback des Colts, Johnny Unitas, qui permet à son équipe d’égaliser sur un field-goal avec 7 secondes restant au chrono. Pour la première fois de l’histoire, une finale nationale va en prolongation. « Lorsque le match s’est terminé, nous sommes restés dubitatif sur la ligne de touche en attendant de savoir ce qui se passerait. Et puis les arbitres sont arrivés et nous ont demandés de leur envoyer notre capitaine, histoire de savoir qui recevrait« , a depuis expliqué Unitas. Pour la première fois, la règle de la « mort-subite » subite est utilisée dans un match officiel. Elle est adoptée définitivement au lendemain de ce match. Les Colts l’emportent sur un score de 23 à 17, menés par un Johnny Unitas des grands soirs. Après un 3 and out des Giants sur la première série de la prolongation, Unitas a mené un drive de 80 yards pour la victoire.
Dans l’ombre de Namath au Super Bowl
Malgré les multiples succès enregistrés et de très bons bilans, plus aucun National Championship Game n’atterrira dans les locaux des Giants pendant de nombreuses années. A partir de 1964, une période de 18 ans sans playoffs débute. L’émergence des Jets et du charismatique Joe Namath entraîne le désintérêt progressif des fans à l’encontre des Giants, qui sombrent dans les profondeurs du classement NFL.
Après avoir élu domicile au Yankee Stadium, Yale Bowl et Shea Stadium, la franchise se rend dans le New Jersey, dans ce qui deviendra quelques années plus tard le Giants Stadium. George Young devient le premier General Manager de la franchise en 1978, point de départ de la conquête du titre de 1986. C’est notamment à cette époque que le quarterback Phil Simms et le linebacker Lawrence Taylor se joingnent aux Giants.
En février 1986, la franchise remporte son premier Superbowl, le XXI, contre les Denver Broncos de John Elway et sur un score de 39 à 21. Simms est logiquement désigné MVP après avoir complété 22 des 25 passes tentées pour 268 Yards et 3 touchdowns, record absolu de précision au Superbowl avec un total de 88% de passes complétées.
La chaîne du succès se poursuit pour les Giants qui se qualifient pour les playoffs jusqu’en 1988 et remportent le Superbowl XXV en 1990 contre les Buffalo Bills par 20 à 19. C’est le seul Super Bowl de l’histoire à s’être décidé par un unique point d’écart. Le héros de la soirée, le running-back Otis Anderson, est élu MVP pour avoir permis à son équipe de conserver la possession de balle durant 40 minutes et 30 secondes dont un Drive de 9 minutes au second quart-temps, records encore actifs à ce jour. Le match a surtout été marqué par le field goal manqué à la dernière seconde par Scott Norwood.
Des résultats en dent de scie
Au lendemain de ce Super Bowl, Bill Parcells et Bill Bellichick, respectivement entraîneur en chef et coordinateur défensif de la franchise, quittent Giants. Les coachs se succèdent avec plus ou moins de résultats. En 1997, c’est au tour de Jim Fassel de prendre la relève. En 2001, il mène l’équipe au Super Bowl XXXV, au cours duquel les Baltimore Ravens humilient leurs adversaires par 34 à 7.
Et c’est en 2004 que l’actuel entraîneur de la franchise, Tom Coughlin, prend les rênes et s’attache les services du jeune Eli Manning, fils cadet d’Archie et frère de Peyton, avec lequel il mènera les Giants en playoffs en 2005 et 2006, sans pour autant passer le stade des Wild Card. Sous sa juridiction, Coughlin étant réputé pour être sévère, ils créent finalement un énorme exploit en venant à bout des invaincus Patriots lors du Super Bowl de 2008.
C’est au cours du quatrième quart-temps que les Giants renversent le match, grâce à Eli Manning et David Tyree. Sous pression depuis le début de la rencontre, Manning parvient à échapper à Jarvis Green puis Richard Seymour avant de se connecter pour 32 Yards avec Tyree qui maintient difficilement le contrôle du ballon en le pressant contre son casque pour ce que l’on nomme aujourd’hui « The Helmet Catch ». Quelques instants plus tard, à 35 secondes de la fin, Manning trouve Plaxico Burress pour le touchdown de la victoire.
Depuis ce succès, les Giants enchainent le bon et le moins bon mais semblent avoir trouvé une certaine continuité avec Coughlin et Manning. Ce duo va tenter d’ajouter un deuxième trophée Lombardi à son armoire à trophée le 5 février prochain.
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Cet article a été publié une première fois le 2 octobre 2011