Field Advisor : le Soldier Field des Chicago Bears

Direction le Nord du pays cette semaine pour découvrir le domicile des Bears.

Nouvelle structure, rénovation, future implantation… qu’importe l’avancée du projet, le stade demeure l’élément de base pour chaque franchise. Il représente à la fois un véritable moyen de pression auprès des municipalités et une extraordinaire machine à cash pour les équipes. Au cours de ce tour d’horizon, TDActu vous propose de découvrir les spécificités de chaque enceinte. Dans un premier temps, place aux stades actuels accueillant une franchise à temps complet tout au long de la saison.

Escale cette semaine dans la troisième ville du pays pour découvrir le Soldier Field de Chicago.

Soldier Field, un vaisseau spatial au bord du lac

D’un point de vue architectural, Soldier Field est de loin le lieu le plus intéressant de la NFL. Troisième plus petit stade de la ligue, il est le second plus vieux bâtiment, devancé seulement par le Los Angeles Memorial Coliseum. Structure emblématique de Chicago, il a ouvert ses portes en 1924 mais il a fallu attendre 47 ans avant que les Bears ne s’y installent. Initialement connu sous le nom de Municipal Grant Park Stadium, il a changé de nom le 11 novembre 1925 pour devenir celui que l’on connaît aujourd’hui. Il a été renommé ainsi à la demande des Chicago Gold Star Mothers pour honnorer la mémoire des soldats américains morts au combat au cours de la Première Guerre Mondiale.

Son emplacement définit parfaitement le lieu. Situé dans la partie du Sud de Chicago, dans le magnifique et historique district de Park, au bord du lac Michigan, l’enceinte est littéralement construite dans un parc avec des sentiers, aires de pique-nique, plages le long du lac, une marina pour bateaux, un musée et un aquarium adjacents. L’architecture était monumentale dès le début, correspondant aux autres bâtiments du bord du lac. Les murs extérieurs en forme de U, signature du lieu, ont été construits dans un style néoclassique, avec de hautes colonnes doriques s’élevant au-dessus des tribunes Est et Ouest. Ces deux zones servent en quelque sorte de hall d’extérieur avec de nombreuses portes d’entrée étroites permettant d’accéder à l’intérieur du bâtiment. De loin, il ressemble à un gigantesque vaisseau spatial : mélange de design futuriste des dernières rénovations, et de classicisme, avec la configuration originale. Les choses ont cependant étaient bien faites, cet arrangement se fondant bien dans le paysage.

Photo : Sports Mockery.

Ce très joli cadre a connu des améliorations de grandes ampleurs au début des années 2000, y compris le stade, pour améliorer le quartier. Les citoyens étant habitués à l’apparence du stade, la proposition de reconstruire Soldier Field a suscité de vives critiques. Malgré une forte opposition, le plan a été mis en œuvre de manière unique : les murs extérieurs ont été laissés intacts, mais l’intérieur a été en grande partie démoli et reconstruit. La capacité a été ramenée de 74 280 à 61 500 places. Les fans peuvent désormais profiter du confort du XXIème siècle avec des tribunes plus proches du terrain et un meilleur champ de vision. Autrefois imposant et dépassé, il a été transformé en un étrange mélange entre passé et futur, avec d’élégants ponts en acier surplombant d’anciennes colonnes gothiques. Ombre au tableau, il a perdu son statut de monument historique en 2004 à la suite de ces travaux.

À l’intérieur, de nombreux vestiges de l’ancienne structure sont encore présents comme les énormes colonnes, les halls larges, une partie de la tribune Sud, mais des ajustements ont été nécessaires pour relier les différentes parties entre elles. Des labyrinthes de passerelles et de rampes ont été ainsi installés pour faire naviguer les spectateurs d’un niveau à l’autre. Pendant la rénovation, l’idée d’une dénomination sociale a été suggérée pour rebaptiser le lieu. Face à la controverse de l’annonce, l’idée a été vite oubliée. Non seulement le nom a été conservé, mais deux monuments ont été mis en place pour commémorer les hommes et femmes qui ont servi dans l’armée. Sur le côté Nord se trouve une statue qui salue les soldats avec un passage pour entrer dans le stade et une fontaine saluant chaque branche des forces armées. Le symbolisme et le patriotisme se font ressentir avec la présence de nombreux drapeaux américains.

Le stade

Positionné juste au Sud du centre-ville, avec un accès depuis l’I-94 et l’I-55 via Lake Shore Drive, le stade se trouve dans Grant Park, à proximité de nombreuses attractions telles que l’aquarium Shedd, le planétarium Adler, le musée Field. Grant Park comprend des attractions touristiques populaires comme le Millennium Park et l’Art of Institute of Chicago. Michigan Avenue (« The Magnificient Mile ») s’étend parallèlement à Grant Park et propose un grand nombre de boutiques, restaurants, musées.

Depuis les travaux de mise à niveau, il compte 61 500 sièges bleus répartis sur trois niveaux, dont 133 suites de luxe et 8 600 sièges VIP qui entourent une aire de jeu en gazon naturel Kentucky Bluegrass. Seule la tribune Est s’élève au-dessus des trois autre et donne un aspect dissymétrique peu commun. Deux écrans vidéos géants prennent place au delà des tribunes Nord et Sud, accompagnés de deux rubans LED entourant les gradins et délimitant les différents niveaux. Un système sonore JBL Surrond compose la partie audio du bâtiment.

Pour préserver l’authenticité et le passé, les colonnes classiques sont restées intactes et servent de promenade autour des installations. Malgré les rénovations, le lieu a tenu à conserver ses minuscules entrées qui laissent passer peu de personnes à la fois. Mieux vaut arriver en avance pour éviter les embouteillages au tourniquet.

Photo : Choose Chicago.

Arrivée des Bears

Recevant fréquemment plus de 100 000 personnes, Soldier Field a été utilisé comme site pour de nombreux évènements sportifs ou expositions comme le match Army-Navy de 1926 ou la revanche épique Jack Dempsey-Gene Tunney, en boxe, le 23 septembre 1927 avec son compte long. Devant 104 000 personnes, Tunney était au sol et Dempsey est allé dans le mauvais coin. L’arbitre l’a dirigé vers le bon mais cinq secondes se sont écoulées avant qu’il ne commence à compter. À la dernière seconde « officielle », le champion s’est relevé et a fini par gagner le combat alors qu’il aurait du être déclaré perdant. En 1944, 150 000 spectateurs ont assisté à une visite du président Franklin Roosevelt et 116 000 personnes se sont déplacées pour entendre le sermon de l’évangéliste Billy Graham en 1962. Il est aussi le berceau des premiers Jeux Olympiques spéciaux en 1968. Les Cardinals de Chicago l’ont utilisé comme domicile pour leur dernière saison dans l’Illinois en 1959.

Un match des Bears lorsqu’ils évoluaient au Wrigley Field. (Photo : Stadiums of Pro Football).

Après avoir passé 50 saisons au Wrigley Field, les Bears y ont emménagé en 1971, avec un engagement initial de trois ans, contraint de quitter Wrigley Field (domicile des Cubs en baseball) en raison de la politique de fusion entre AFL et NFL, exigeant des enceintes d’une capacité minimale de 50 000 places. Le park de baseball ne pouvait contenir que 41 000 personnes et a été conçu pour la pratique de la petite balle blanche, et sans projecteur. La franchise de football aurait pu évoluer sur les installations du campus de Nortwestern, mais a opté pour le Soldier Field, beaucoup plus grand. Pour le premier match sur place, les Bears ont battu les Steelers 17 à 15 devant 55 701 spectateurs le 19 septembre.

Dans les années 1970, face à l’âge avancé des installations, la franchise de football et le Chicago Park District sont parvenus à un accord. En échange d’un nouveau bail de 20 ans, le bâtiment serait rénové à la charge des deux entités. À l’exception de la saison 2002, ils n’ont plus quitté les lieux; obligés d’évoluer temporairement au Memorial Stadium, sur les installations de l’université de l’Illinois, en raison des travaux de rénovations.

La construction

En 1919, l’ancienne South Park Commision (elle a fusionné avec 22 autres réseaux pour créer la Chicago Park District en 1934) a engagé les architectes Holibird et Roche de Chicago pour concevoir un stade qui servirait de vitrine pour de grands évènements et de terrain de sport. Leur projet pour saluer les soldats américains morts à la guerre a été sélectionné lors du concours organisé.

Il a été construit en trois étapes entre 1922 et 1939 pour un coût total de 13 millions de dollars de l’époque (195 millions actuel), une somme très importante pour cette période. À titre d’exemple, le Coliseum de Los Angeles, plus vieux stade NFL qui a ouvert un 1923, a coûté moins d’un million. Il est l’un des rares monuments de « l’âge d’or du sport » encore debout à l’heure actuelle. Il est entretenu et exploité par le Chicago Park District.

Photo : Curbed Chicago.

Soldier Field a officiellement ouvert ses portes le 9 octobre 1924, date qui coïncidait avec le 53ème anniversaire de l’incendie de Chicago. Il pouvait accueillir 74 280 spectateurs; des sièges supplémentaires pouvaient être ajoutés à divers endroits pour porter la capacité à plus de 100 000 personnes. Les fondations sont constituées de 10 000 pieux de bois géants, d’une profondeur moyenne de 20 mètres, bien enfouis jusqu’aux substrats rocheux qui ont remplacé les eaux du lac. Le nom du stade n’a pas changé depuis plus de 90 ans et reste l’un des six derniers bâtiments sans désignation de société, ce qui le rend facilement identifiable dans tout le paysage sportif.

Le premier événement organisé a été une épreuve sportive policière à laquelle ont participé 1 000 athlètes policiers et qui a attiré 90 000 spectateurs. Le 22 novembre 1924, le premier match de football a eu lieu lors de l’opposition entre Notre Dame et Northwestern. L’inauguration officielle ne s’est tenue que le 27 novembre 1926 avec le match nul 21 partout entre Army et Navy devant 110 000 personnes. Un an plus tard, une foule record de 123 000 spectateurs a vu l’affrontement entre Notre Dame et l’université de Californie du Sud. Le premier match professionnel s’est déroulé le 11 novembre 1926, ce jour là les Bears ont battu les Cardinals, alors résident des lieux, 10 à 0.

En 1948, les ingénieurs du district de Chicago Park ont remporté un prix à l’International Lighting Expo pour la conception d’un système d’éclairage de stade doté de projecteurs de 5 000 Watts qui pouvaient être installés par une équipe de trois personnes selon des modèles prédéfinis.

Photo : Horsch Gallery.

Pourparlers de remplacement

Avant la grande rénovation de 2001, les Bears ont failli plus d’une fois quitter leurs installations légendaires. À la fin des années 1980 et courant des années 1990, plusieurs projets ont vu le jour dans le but de remplacer Soldier Field qui commençait à montrer des signes de fatigue avec le temps. En 1985, la première proposition d’un stade couvert sous un dôme en centre-ville, qui aurait pu recevoir les différentes équipes sportives de la ville, a vu le jour. Mais après plusieurs années de tractations, il a fini par être rejeté par la législature de l’état de l’Illinois en 1990.

Comme le projet initial n’avançait pas, les Bears et la ville ont commencé à étudier le projet de démolition du stade et la construction d’une nouvelle enceinte au Sud de celui-ci pour 120 millions de dollars. Des problèmes de financement et surtout la controverse sur le lieu de construction ont retardé le processus de plusieurs années, avant lui aussi d’échouer.

Face à ces échecs, le président des Bears Michael McCaskey a considéré la relocalisation de l’équipe comme facteur possible dans le but d’obtenir gain de cause. Des options ont été prises à Hoffman Estates, Elk Grove Village, Arlington Heights ou encore Aurora. En 1995, McCaskey et des promoteurs du Nord-Ouest de l’Indiana ont conclu un accord pour construire un complexe de divertissement appelé Planet Park à Gary (Indiana), dont un nouveau stade. Le conseil du comté a toutefois rejeté ce plan. En 1998, le maire de Chicago Richard Daleya a proposé que les Bears et les White Sox partagent le Comiskey Park de l’équipe de baseball, mais là encore cette solution n’a pas été retenue.

Le stade à la fin des années 1980. (Photo : Isfauthority.com).

Les rénovations

À partir de 1978, le stade a fait l’objet d’importants travaux de reconstruction et de rénovation pour essayer de lui redonner une deuxième jeunesse. Les gradins en bois ont été remplacés par des sièges individuels avec dossier et accoudoirs, un système d’éclairage a été installé et les vestiaires rénovés. Une fois ces opérations effectuées, le Soldier Field pouvait accueillir 66 950 personnes.

En 1982, une nouvelle salle de presse, un nouveau tableau d’affichage et 60 suites de luxe ont été ajoutés, portant la nouvelle capacité à 66 030 places. Six ans plus tard, la surface de jeu en gazon synthétique AstroTurf, qui a servi entre 1971 et 1987, a été changée pour une pelouse naturelle Kentucky Bluegrass. 56 nouvelles loges ont pris place, la capacité a légèrement augmenté pour atteindre 66 946 spectateurs, puis 66 950 en 1992. Pour la Coupe du Monde de soccer de 1994, les infrastructures ont connu quelques travaux. Une tribune a été construite dans la partie ouverte de la forme du U du bâtiment. Le but étant de rapprocher les fans plus près du terrain, au détriment du nombre de places assises : les sièges de la première rangée se trouvaient à seulement 17 mètres de la ligne de touche, la plus petite distance jusqu’à l’ouverture du MetLife Stadium en 2010.

Photo : Inman.

Au début des années 2000, Ted Phillips, président et chef de la direction des Bears, a mené la franchise à l’une des plus grandes réalisations hors terrain, avec le plan d’amélioration de tout le secteur du stade, y compris le bâtiment sportif. Les travaux n’ont duré que 20 mois entre le dernier match à domicile contre Philadelphie le 19 janvier 2001 et la réouverture le 29 septembre 2003 face aux Packers. Le projet a d’ailleurs reçu de nombreuses distinctions pour l’excellence de son design et a été désigné projet de l’année par le magazine Midwest Construction en 2003.

En novembre 2000, les Bears et la ville de Chicago ont annoncé leur intention de construire un nouveau stade sur le même site que leur domicile actuel. À l’époque, Soldier Field était le plus ancien stade de la ligue et avait besoin d’une sérieuse mise à niveau pour rester compétitif par rapport à la nouvelle vague de bâtiment fraichement sortis de terre ou rénovés. Pour expliquer le projet, Phillips et son équipe d’experts ont répondu aux questions et préoccupations lors d’une réunion avec les représentants de l’état de l’Illinois. Après trois jours d’échanges, la Chambre et le Sénat de l’Illinois ont adopté le projet de loi 1284 du 30 novembre 2000 autorisant l’Illinois Sports Facilities Authority à émettre à peu près 400 millions de dollars d’obligations, afin d’aider à financer les 630 millions de dollars du projet « LakeFront ». Ces obligations prenant la forme d’une augmentation de 2% de la taxe hôtelière de Chicago, plus une taxe de distribution locale et une subvention de l’état. Il n’y a pas eu de prolongation ou d’augmentation des impôts. 224 millions ont été apportés par les Bears eux-mêmes avec le paiement d’un loyer annuel de 5,7 millions, et la franchise s’est engagée à couvrir tout dépassement de coûts. La NFL a participé à hauteur de 100 millions dans le cadre de son programme d’amélioration des infrastructures. Sur cette somme totale, 365 millions ont été utilisés pour le stade, 75 pour le parking souterrain, le reste pour les autres aménagements structurels.

Malgré les grandes rénovations de 2001, les colonnes historiques sont restées. ( Photo : Soldierfield.net).

Le 15 novembre 2000, le plan d’amélioration du secteur riverain de la ville de Chicago a été annoncé publiquement par le maire Richard Daley. Les terrains de stationnement seraient remplacés par un nouveau parc de 7 hectares qui pourra être utilisé toute l’année par le public. Le projet comprend l’aménagement de l’espace avec divers lieux de rassemblement en plein air, jeux, jardins, un nouveau parking souterrain de 2 500 places immédiatement adjacentes au Field Museum et Shedd Aquarium, un second de 3 100 places à ciel ouvert entre le stade et McCormick Place. Des travaux sur les voies de circulation étaient également au programme afin de fluidifier le trafic dans la zone.

Au-delà des matchs des Bears, le New Soldier Field pourra accueillir un nombre croissant d’événements sportifs, de concerts, de rassemblements culturels. La conception unique peut permettre un démontage facile de la scène. Les colonnes, symboles de fierté et respect des services armés, seront préservées pour conserver le caractère historique de l’installation. L’intérieur du bâtiment sera démoli pour être reconstruit, seule la coque extérieure restera, voilà l’idée directrice des cabinets Wood & Zapata et Lohan Caprile Goettsch Associates en charge des plans. Un projet similaire consistant à construire un nouveau stade dans les limites des murs extérieurs a été achevé à Leipzig. Pour sa Red Bull Arena, un nouveau stade moderne a été érigé dans les limites du Zentralstadion original. Le 5 janvier 2001, le gouverneur George Ryan a signé le projet de loi autorisant le financement des travaux qui ont débuté à la fin de la saison suivante.

Photo : Info-Stades.

Le 19 janvier 2002, après la défaite en playoffs face au Eagles, la démolition a débuté. Le retrait des 24 000 sièges en un temps record de 36 heures par Archer Seating Clearinghouse a été la première étape de la construction du nouveau Soldier Field. Dans la presse, des dizaines d’articles ont attaqué le projet, le décrivant comme un cauchemar esthétique, politique et financier. Au sein de la communauté des architectes, les avis étaient partagés. « un fiasco » pour Stanley Tigerman; pour d’autres, la nouvelle enceinte était décrite comme « un vaisseau spatial ayant atterri sur le stade ». Selon les promoteurs, la rénovation était absolument nécessaire en raison des installations vieillissantes et étroites.

Après 31 ans de football sur les rives du lac Michigan, les Bears ont fait une brève pause d’un an avec le Soldier Field en jouant toutes leurs rencontres à domicile de l’année 2002 au Memorial Stadium de Champaign de l’université de l’Illinois. Il a de nouveau connu les joies d’un match de football le 29 septembre 2003 avec un Monday Night Football contre le grand rival Green Bay. Dès son ouverture, le New York Times a classé le stade rénové parmi les cinq meilleurs nouveaux bâtiments de 2003 et a reçu un prix d’excellence en design de la part de l’American Institute of Architects en 2004.

Photo : Dannys Construction.

Le 23 septembre 2004, un comité consultatif fédéral de 10 membres a recommandé à l’unanimité le retrait du site de la liste des monuments historiques nationaux. La distinction a été officiellement retirée le 17 février 2006.

«Si nous avions laissé cette distinction, je pense que cela aurait abaissé le standard des lieux historiques nationaux dans tout le pays. Si nous voulons conserver l’intégrité du programme, nous n’avions vraiment aucun autre recours.» Carol Ahlgren, historienne de l’architecture au bureau régional du Midwest, dans Preservation Online.

Photo : The Gridiron Fields Database.

Au terme des 20 mois de travaux, la capacité d’accueil a été fixée à 61 500 places, soit 5 000 de moins que l’ancienne configuration, ce qui faisait de lui le second plus petit stade de la ligue à l’époque. Il s’est doté d’un nombre important de sièges latéraux, passant de 40 à 60%, avec une amélioration considérable des lignes de vue. Le nombre de toilettes et points de restauration ont augmenté. Les couloirs de circulation ont été agrandis pour faciliter la circulation dans l’enceinte. Dans le même esprit, une sorte de terrasse/jardin prévue pour la détente a été installée à l’intérieur du bâtiment, côté Sud. Pour les invités de marque, un salon spectaculaire de 9 300m2 pouvant recevoir une variété d’évènements spéciaux et de fêtes a été conçu. Quant au passé de la franchise, il n’a pas été oublié avec un Ring of Honor pour les anciens grands joueurs, et une galerie représentant les moments historiques dont une partie consacrée à George Halas. Du côté image et son, l’installation s’est dotée d’un nouveau système capable de fournir un son clair et net à chaque siège, ainsi que de deux écrans vidéos ultramodernes pour augmenter l’attrait du lieu. Avec tout cela, New Soldier Field ou Soldier Field II est utilisé pendant plus de 200 jours par an. En 2015, dernière fantaisie en date pour améliorer l’expérience des fans pendant les matchs, avec le remplacement des écrans géants par de nouveaux modèles 310% plus grand, mesurant 39 mètres de long sur 12 mètres de haut.

Préservation du patrimoine

Après la rénovation et la réouverture en 2003, Soldier Field et le Chicago Park District se sont fixés comme objectifs d’améliorer les performances et l’efficacité, tout en réduisant l’empreinte carbone. Grâce à des programmes visant à réduire les coûts d’exploitation, à économiser l’énergie et l’eau, à réduire les déchets et les émissions nocives de gaz à effets de serre, le stade a atteint ces objectifs afin de fournir aux spectateurs un bâtiment plus sain et plus sécuritaire. Ils ont ainsi mis en place les programmes suivants :

. Remplacement de l’éclairage traditionnel par les luminaires LED à économie d’énergie.
. Tri et recyclage des déchets (aluminium, plastique, verre, papier, bois…).
. Utilisation de produits de nettoyage écologique.
. Mise à disposition de stations de recharge gratuite pour les véhicules électriques.
. Réutilisation des contenants pour les produits de nettoyage.
. Mise en place de campagnes publicitaires financées par les Bears afin d’inciter le personnel et les fans à réduire, réutiliser, recycler.

Avec tous ces efforts, Soldier Field a complété un processus rigoureux de certification avec le U.S Green Building Council et a obtenu la certification L.E.E.D-EB le 1er décembre 2011. (Leadership in Energy and Environmental Design – Existing Building). Il est ainsi devenu le premier stade nord-américain existant à obtenir cette certification, chef de file dans l’effort de protection de l’environnement aux Etats-Unis.

Photo : Chicago Bears.

Conçu à l’origine comme un hommage aux anciens combattants de la Première Guerre Mondiale, l’établissement n’en a pas perdu son identité ou son nom après les travaux. Au contraire, d’autres monuments sont venus renforcer cette caractéristique. Les colonnes historiques et le mur Sud sont restés intacts à l’intérieur. Aux abords du stade, un mur d’eau commémoratif rend hommage à tous les soldats qui ont servi dans les forces armées américaines. Il sert de pièce éducative pour les familles et les visiteurs du campus et du musée. Cette œuvre de 85 mètres de long en granit vert poli, avec huit médaillons (un pour chaque branche des forces armées), longe la passerelle qui mène à l’entrée Nord du stade. Un voile d’eau coule continuellement sur le mémorial sculpté.

Photo : Flickr.

En entrant dans l’enceinte par la porte O, les visiteurs sont accueillis par une statue de bronze grandeur nature, celle de Doughboy (terme utilisé pour le soldat d’infanterie de la Première Guerre Mondiale). Le long du mur intérieur entourant la sculpture, des panneaux de feuilles mortes rendent hommage aux soldats qui ont perdu la vie au combat. Des bancs sont présents sur le site. Ils contiennent des citations notables concernant les efforts de ceux qui servent le pays. Installé à l’origine dans le Garfield Park de Chicago au début des années 1930, il a été endommagé avant de reprendre une deuxième vie grâce à Andrzej Dajnowski qui a méticuleusement refondu les parties manquantes pour remettre en état l’ensemble de la statue, avant de prendre la direction du Soldier Field pour y rejoindre les autres monuments.

L’histoire de la franchise n’a pas été oubliée avec une promenade dans le hall inférieur de la tribune Ouest qui retrace l’héritage des Bears. Cette zone est symbolisée par une immense fresque de 8 mètres de haut sur 4,78 mètres de large en bronze blanc, gravée au laser sur du granit noir. En hommage à George Halas, l’œuvre a été réalisée par Julie Rotblatt-Amrany. Elle représente une ligne du temps décrivant la contribution de Halas au monde du football et à l’histoire des Bears. Elle montre l’équipe dans les années 1920, une victoire contre les Redskins dans les années 1940, une image de Wrigley Field, une photo de Halas avec George Jr. et Paddy Driscoll, un groupe de fans des années 1980. La fameuse formation en « T » est également intégrée à la composition avec 8 huit joueurs (Mike Singletary, Walter Payton, Dick Butkus, Gale Sayers, Bill George, Sid Luckman, Bronko Nagurski et Red Grange). Les grands joueurs de l’équipe sont honorés au niveau du premier étage avec le Ring of Honor et ses 27 noms gravés.

Photo : Uber.com.

Évènements organisés

. Football professionnel : domicile des Chicago Rockets /Hornets entre 1946 et 1949 (All-American Football Conference), domicile des Cardinals en 1959 (NFL), des Owls entre 1968 et 1969 (Continental Football League), des Fire en 1974 et Winds en 1975 (World Football League), des Blitz entre 1983 et 1984 (United State Football League), des Enforcers en 2001 (XFL). Domicile des Bears depuis 1971.
. NCAA : domicile de l’université de Notre Dame en 1929. Domicile de l’University of Illinois at Chicago entre 1966 et 1973. Quelques rencontres notamment Army-Navy en 1926, le Soldier Field Showdown en 2007, 2011, 2012 entre l’université de Northern Illinois et un représentant de la BigTen, les Shamrock Series 2012 entre Notre Dame et l’université de Miami.
. Football lycéen : Chicago Prep Bowl entre une équipe de la Chicago Public League et de la Chicago Catholic League qui se tient le vendredi suivant Thanksgiving. Il a eu lieu pour la première fois en 1927 puis a repris en 1933 jusqu’à aujourd’hui, à l’exception des années de travaux.
. Soccer : domicile des Chicago Spurs en 1967 (NPSL), des Sting entre 1975 et 1976 (NPSL), des Fire entre 1998 et 2001, puis entre 2003 et 2005 (MLS). Rencontres de la Coupe du Monde masculine en 1994, féminine en 1999, de la Gold Cup 2007, 2009, 2011, 2013, 2015, de la Copa America Centenario en 2016. Matchs amicaux de clubs ou internationaux.
. Hockey : NHL Stadium Series entre les Chicago Blackhawks et les Pittsburgh Penguins le 1er Mars 2014. Parade après la victoire en Stanley Cup (2015). Hockey City Classic en 2013 et 2015 : doubleheader avec quatre équipes universitaires.
. Rugby : Etats-Unis – Nouvelle Zélande en 2014 et 2018. Etats-Unis – Australie en 2015. Irlande – Nouvelle Zélande en 2016. Irlande – Italie en 2018.
. Divers : « Long Count Fight » entre Dempsey et Tunney en 1927 (boxe). Jeux Olympiques spéciaux en 1968 et 1970. Saut à ski, Nascar, Stock-car. Discours de Franklin Roosevelt le 28 octobre 1944, de Martin Luther King les 21 juin et 10 juillet 1966. Plusieurs apparitions au cinéma, à la télévision, dans des séries.

Comment s’y rendre ?

. En voiture : du Nord : prendre l’I-94 South jusqu’à la sortie Congress Parkway. Poursuivre sur Congress Parkway, tourner à droite sur Columbus Drive et continuer jusqu’à 18th Drive.
De l’Ouest : prendre l’I-290 East jusqu’à la sortie Congress Parkway. Poursuivre sur Congress Parkway, tourner à droite sur Columbus Drive et continuer jusqu’à 18th Drive.
Du Sud : prendre l’I-90/94 North jusqu’à la sortie Lake Shore Drive/22nd Street. Continuer sur Lake Shore Drive/Higway 41 North jusqu’à la sortie 18th Drive.
Autre possibilité : prendre l’I-55 North et sortir à Lake Shore Drive/Higway 41 North. Continuer sur Lake Shore Drive North jusqu’à la sortie 18th Drive.
Sur place, le stationnement peut coûter jusqu’à 60$ et nécessite un achat à l’avance. Certains parkings plus éloignés sont disponibles dans le centre-vile ou sur Lake Shore Drive pour 30-40$ avec une navette pour se rendre au stade. Le stade dispose de trois bornes de recharge pour véhicule électrique

. En transports en commun : à privilégier pour éviter les embouteillages.
Avec la Chicago Transit Authority (CTA) : prendre le « L » sur la ligne rouge, verte ou orange. L’arrêt le plus proche est Roosevelt, il faut terminer le chemin à pied (à peu près 15 minutes). En bus, emprunter la ligne 128 Soldier Field Express qui mène au stade depuis le centre de transport Ogilvie et Union Station.
Avec Metra : ligne Metra Electric District (orange) ou South Shore Line (rouge). Sortir à Museum Campus/11th Street ou 18th Street.
Pace fournit également un accès depuis les banlieues Nord-Ouest, Ouest et Sud-Ouest avec quatre lignes express depuis Schaumburg, Lombard, Bolingbrook, Burr Ridge, Palos Heights, Oak Lawn.

. À pied ou en vélo : chemin possible pour profiter des espaces verts alentours. Un pont piétonnier sur la voie ferrée est accessible depuis 18th Drive et mène à un passage souterrain qui le relie directement au stade. Des supports pour garer les vélos sont à dispositions.

Fun facts

Une visite des lieux est possible avec des arrêts au bord du terrain, la cour Sud, les différents monuments, les vestiaires visiteurs, la salle d’interview, les suites VIP et les colonnes. Chaque tour dure entre 60 et 75 minutes, deux options sont disponibles. Pour des groupes d’au moins 10 personnes, elles ont lieu en semaine de 9h00 à 16h30 mais les dates doivent être réservées deux semaines à l’avance (tarif entre 10 et 25 $ par personne). Les visites classiques n’ont pas lieu tous les jours mais les dates sont disponibles un mois à l’avance (tarif entre 5 et 15 $).

Au niveau culinaire, savant mélange de nourritures traditionnelles que l’on trouve dans les stades, de spécialités de Chicago (saucisses polonaises, pizzas Beggars, sandwiches au bœuf italien ou à la viande fumée) et de plats plus originaux (french toast sausage sandwich : pin doré avec une saucisse au bacon et à l’érable, compote de pommes épicées, noix de pécan grillées, cheddar, sirop d’érable caramélisé et sucre en poudre).

L’entrée principale passe par la tribune Sud. Une fois les portes franchies, vous entrez dans une immense place publique dotée de stands, d’une scène pour les spectacles et de grandes peintures murales remémorant les grands moments de l’histoire du bâtiment. Bizarrement, les Bears évoluent dans le troisième plus petit stade de NFL, tout en jouant sur l’un des plus grands marchés du pays avec une base de fans solides et dévoués. Au cours des rencontres, la fight song « Bears Down, Chicago Bears » est reprise à l’unisson après chaque point marqué.

Sources : Chicago Bears, Info-Stades, Stadium DB, Stadiums of Pro Football, Stadium Journey, Football Stadium Digest, Football Ballparks, Pro Football Reference, Thrillist, Sports Pro Media, Go Banking Rates.
Visuels : Ben.
Logo : Romain Therasse.

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