Lorsqu’en 2012 Jimmy Haslam rachète les Browns, la franchise n’est déjà pas au mieux. La dernière participation aux playoffs remonte à 2002, la dernière saison positive à 2007. Pourtant, la franchise de Cleveland a trouvé le moyen de creuser encore plus profondément. Dernier de l’AFC Nord de 2012 à 2017, avec une saison à zéro victoire en 2017, les Browns ont connu une saison plus enthousiasmante en 2018. L’émergence de Baker Mayfield y est pour beaucoup, et la fin de saison a permis aux fans de Cleveland de se montrer optimistes pour l’avenir, ce qu’il ne leur était pas arrivé depuis longtemps.
Dans une ligue qui favorise les équipes en difficulté à la draft, se montrer aussi constant dans la médiocrité est une énigme. C’est pourquoi Seth Wickersham, pour ESPN, est revenu sur ces années noires pour la franchise de l’Ohio, tout en apportant différents éléments de réponses et des anecdotes de l’intérieur. Morceaux choisis de son très long article.
Hue Jackson, pas content
« Le 29 octobre, Haslam et le manager général John Dorsey sont entrés dans le bureau de Jackson pour lui dire que la franchise allait dans une autre direction. Jackson a demandé pourquoi il était viré. L’équipe t’a lâché, lui a répondu Dorsey.
À l’époque, quatre des huit matchs des Browns ont terminé en prolongation.
« Dégagez de mon bureau » », a lancé Jackson.
Un propriétaire très (trop ?) impliqué
Alors que la quasi totalité des propriétaires ne s’impliquent pas dans les affaires sportives de leur franchise, Jimmy Haslam, lui, est extrêmement présent alors qu’il n’y connait pas grand chose. C’est pourquoi il est allé discuter avec des références Jon gruden, Peyton Manning ou Bill Belichick afin d’améliorer sa maitrise du football.
« Il est connu pour parler du plan de jeu avec les coachs le samedi et pour s’assoir avec les recruteurs des Browns pendant la préparation de la Draft. »
« Dans une ligue où les propriétaires sont absents, Haslam est accessible, on le voit dans les couleurs des locaux et s’arrêter pour parler avec les coachs et employés, quel que soit leur niveau dans la hiérarchie, ce qui est à la fois sympathique et problématique. »
La poignée de main de Teddy Bridgewater
Lors de la draft 2014, Ray Farmer a du pain sur la planche. Les Browns disposent de 10 choix de drafts et sont, comme toujours, à la recherche d’un quarterback. Cette année-là, Derek Carr, Blake Bortles, Teddy Bridgewater et Johnny Manziel se présentent. Si le premier choix se porte sur Justin Gilbert, chouchou de Mike Pettine qui vient d’être nommé head coach.
« Avec le choix du second tour, Farmer ciblait le receveur Brandin Cooks. Mais Manziel a commencé à tomber et Haslam voulait Manziel. Certains membres du staff voulait attendre et sélectionner Bridgewater au second tour. Mais l’équipe n’était plus sûre de Bridgewater après son diner d’entretien et un test avec l’équipe. Quelque chose au niveau de la poignée de main de Bridgewater n’avait pas plu à Haslam. C’est ce qu’il avait dit aux dirigeants. Manziel a envoyé un SMS au coach des quarterbacks Dowell Loggains pendant la Draft, en suppliant l’équipe de le sélectionner. Loggains a transmis le SMS à Haslam. Farmer savait qui le propriétaire voulait, dont il a pris une décision qui ressemblait à une concession et est monté dans la Draft pour le sélectionner, malgré de sérieuses inquiétudes sur le jeu de Manziel et son sens aigu de la fête à l’université. Haslam était heureux, mais ceux dans la pièce pouvaient voir que Haslam était frustré. »
A la recherche du « DP »
Un des symboles les plus drôles de l’incompétence de cette franchise. Alors que des responsables marketing tentent de montrer aux employés à quel point les fans sont engagés en faveur des Browns sur les réseaux sociaux, ils vont avoir la brillante idée de projeter sur un des murs la recherche d’un des membres du marketing. Celui-ci a tapé « DP » pour « Dawg Pound », il n’a pas le résultat escompté, puisque le terme est aussi associé à la pornographie. Il faut attendre 20 minutes avant que cette diffusion, qui n’avait strictement rien à voir avec les fans des Browns, soit arrêtée.
Hue Jackson, le choix du prince
S’il est parti fâché, Hue Jackson pourrait pourtant remercier Haslam. Car c’est grâce à lui qu’il était là.
« Après plusieurs entretiens, le staff a voté. C’était 4 votes à 1 en faveur de Sean McDermott, le coordinateur défensif des Panthers, un coach qui avait brillé en entretien et était connu pour être ouvert aux idées nouvelles.
Haslam a voté pour Hue Jackson, l’ancien coach des Raiders et coordinateur offensif des Bengals à l’époque. Jackson était un playcaller et enseignant respecté, surtout avec les quarterbacks. Haslam a expliqué au groupe qu’il pensait que Jackson pouvait être plus proche des joueurs. […] Sashi Brown (le GM de l’époque) a rencontré Haslam et lui a dit qu’embaucher Jackson serait une mauvaise décision. « Je t’entends », lui a répondu Haslam.
Puis Haslam s’est envolé pour Cincinnati et a embauché Jackson, qui devait rendre directement des comptes au propriétaire.
La suite ? Des embrouilles en interne, entre Brown et Jackson, très rapidement. Puis en interne cette année. Jusqu’à l’inévitable licenciement.
Haslam est toujours là. La question est de savoir si les choses vont enfin changer.