C’en est donc fini de la course au MVP et le résultat officiel en sera connu lors d’une soirée évènementielle juste avant le Superbowl au mois de février.
Malgré la lutte intense qu’a fournie Brees et le fait que l’opinion publique semble pencher en faveur du quarterback des Saints, il y a de fortes probabilités que ce soit le quarterback des Packers qui soit récompensé au terme d’une saison individuelle magistrale, en plus d’une saison collective presque immaculée.
1. Aaron Rodgers (-) Quarterback – Green Bay Packers (15-1) / 4643 yards à 68,3% de réussite – 45 touchdowns pour 6 interceptions
Le vote pour Rodgers est unanime au sein de la rédaction de Sports Illustrated et l’on serait bien à mal de mettre en doute ce choix.
Le match de son remplaçant, Matt Flynn (6 touchdowns), a prouvé que le système offensif Packers était une véritable machine de combat mais tout ceci ne doit pas faire oublier la brillance de Rodgers semaine après semaine.
Énorme ratio touchdown/interception (7,5 contre 3,28 pour Brees), meilleur de la Ligue au nombre de yards par tentative (9,25 contre 8,33 pour Brees), Rodgers a été constant dans la performance, n’ayant qu’un seul match avec moins de 2 touchdowns (incidemment, lors de la seule défaite de Green Bay, contre les Chiefs) et encore puisque, au seul touchdown lancé, il avait ajouté un touchdown à la course.
Rodgers devrait donc rentrer dans la tradition des quarterbacks des Packers MVP de la Ligue, à la suite de Bart Starr (1966) et Favre (1995-96-97). Lui reste maintenant à depasser Favre et à rejoindre Starr au titre de champion, au moins, deux années de suite (Starr l’a fait 2 fois: en 61 et 62, mais aussi entre 65 et 67).
2. Drew Brees (-) Quarterback – New Orleans Saints (13-3) / 5476 yards à 71,2% de réussite – 46 touchdowns pour 14 interceptions
Comme prévu, Drew Brees a porte le record du nombre de yards sur une saison à des hauteurs qu’il sera maintenant difficile d’atteindre, même si un jeune comme Stafford peut espérer y accéder un jour. Pour cela, il a atomisé la défense des Panthers avec 389 yards et 5 nouveaux touchdowns pour 1 interception.
Sa saison individuelle reste superbe avec le plus grand nombre de touchdowns (46 contre 45 pour Rodgers) mais ses contre-performances contre Tampa en semaine 6 (1 touchdown-3 interception) et contre St-Louis en semaine 8 (1 touchdown-2 interception) ont sans doute couté aux Saints la seconde place de la NFC et les obligeront à affronter les jeunes Lions dès ce week-end au Superdome. C’est aussi ce qui aura fait la différence pour l’attribution du trophée individuel de MVP.
3. Tom Brady (-) Quarterback – New England Patriots (13-3) / 5235 yards à 65,6% de réussite – 39 touchdowns pour 12 interceptions
Malgré un premier quart-temps difficile (ce qui semble devenir une norme chez les Patriots), Brady s’est vite ressaisi et a rappelé qu’il était le seul double MVP (2007, 2010) de la Ligue à avoir foulé les terrains de la NFL cette année avec, au final, 338 yards et 3 touchdowns (pour 1 interception).
C’est une saison dans les standards de celle de l’année dernière qu’a livrée le quarterback des Pats. Son évaluation est restée très proche (105 contre 111 la saison dernière) et le nombre de touchdowns a légèrement augmenté (39 contre 36).
Par contre, le nombre de yards a explosé (5325 contre 3900) mais, avec ceux-ci, le nombre d’interceptions également (12 contre 4). Il faut y voir une véritable volonté de Bill Belichick d’utiliser à plein ses trois meilleures menaces offensives (Welker, Gronkowski, Hernandez), surtout lorsque son running-back atteint péniblement 663 yards sur la saison.
Les Patriots ont tout de même assuré la première place de l’AFC et de belles performances en playoffs, après deux années de « one and done », sont sûrement plus importantes pour Brady qu’un 3ème titre de MVP, qu’il était difficile de conquérir cette année.
4. Matthew Stafford (+3) Quarterback – Detroit Lions (10-6) / 5038 yards à 63,5% de réussite – 41 touchdowns pour 16 interceptions
Dans sa 3ème annee à la tête des Lions, le jeune Stafford est devenu le 4ème quarterback de l’histoire la Ligue à lancer pour plus de 5000 yards, échouant à 46 yards de l’ex-record de Marino, battu par Brees la semaine dernière. Un réel accomplissement pour celui qu’on considérait comme trop fragile depuis le début de sa carrière (19 matches manqués sur 32 lors de ses deux premières saisons).
La saison s’est terminée par une défaite lors d’un « shoot-out » mémorable à Lambeau mais le quarterback de Detroit aura fait tout son possible, pensant même avoir lancé le touchdown de la gagne à Tony Scheffler à 2 mns de la fin, permettant aux Lions de passer à la 5ème place, en cas de défaite des Falcons, et d’éviter les Saints.
Ce ne fut pas le cas et Stafford devra donc confirmer son nouveau statut dès ce week-end contre une défense des Saints pas au niveau de celle ayant remporté le Superbowl mais dont les schémas diaboliques, imaginés par Greg Williams, lui avait posé des problèmes lors de leur défaite en semaine 13 (17-31), avec un seul touchdown pour une interception et 3 sacks.
5. Eli Manning (-) Quarterback – New York Giants (9-7) / 4933 yards à 61,0% de réussite – 29 touchdowns pour 16 interceptions
C’était comme un premier match de playoffs ce dimanche au Metlife Stadium et Manning, fidèle à sa réputation de joueur décisif, y a lancé 3 touchdowns en 346 yards sans interceptions et avec une réussite de 72,7% aboutissant à une superbe évaluation de 136,7.
Le quarterback a d’ailleurs établi un record NFL en lançant 15 touchdowns en 4ème quart-temps cette saison et il finit l’année au dessus des 300 yards par match (308,3), et seulement à 77 yards des 5000 sur la saison. Avec la capacité des Giants à aller sacker le quarterback et leur jeu de passe, les « G-Men » devraient être de sacrés concurrents dans la NFC. Une nouvelle bague de champion sera très difficile à aller chercher mais, au vu de la saison de leur quarterback, les Giants ont toutes les raisons d’y croire.
6. Arian Foster (-2) Running-back – Houston Texans (10-6) / 1224 yards à la course pour 10 touchdowns – 617 yards en réceptions pour 2 touchdowns
Dans un match qui comptait pour du beurre pour son équipe (qui l’a d’ailleurs explicitement démontré en tentant tout de même la conversion à deux points, malgré un faux-départ, pour en finir avec le match, quitte à le perdre), le running-back des Texans est, bien sûr, resté sur le banc et a laissé la vedette à Ben Tate (97 yards, 1 touchdown).
Au vu de la malchance de Houston cette année (perte de Williams, Schaprton, Schaub et Leinart, entre autres), on ne peut en vouloir à Kubiak d’avoir gardé au chaud sa meilleure arme offensive en prévision du match de 1er tour de playoffs contre les Bengals. Foster aura été le véritable fer de lance de cette équipe qui a gagné la division Sud de l’AFC pour la première fois de son histoire. Il aura gagné moins de yards que l’année dernière (1224 contre 1616) mais les blessures sur la ligne offensive et le manque de menace aérienne auront rendu les défenses plus soucieuses de le bloquer en priorité.
7. Ray Rice (+3) Running-back – Baltimore Ravens (12-4) / 1364 yards à la course pour 12 touchdowns – 704 yards en réceptions pour 3 touchdowns
Les Ravens avaient besoin de gagner contre Cincinnati pour assurer leur titre de champions de la division Nord de l’AFC (et, par la même, la 2ème place de l’AFC et la semaine de repos) et c’est en se tournant vers leur running-back qu’ils sont parvenus à dompter les Bengals. Ses 191 yards et 2 touchdowns n’auront pas été de trop pour aboutir à cette victoire 24-16, surtout lorsque le plan de jeu a limité Flacco à 130 yards (malgré une belle réussite avec 15/19 à la passe).
Cette saison, la petite boule de muscle de Baltimore a fait preuve de sérieux (seulement 2 fumbles), de versatilité (12 touchdowns à la course, 3 en réception et même 1 à la passe) mais aussi de puissance (ses 4,7 yards par course le mettent au niveau de Jones-Drew et d’Adrian Peterson et devant Lynch, Turner ou Foster). Si Flacco parvenait à élever son niveau de jeu, il y a fort à parier que l’attaque des Ravens deviendrait l’une des plus dangereuses (à défaut d’être l’une des plus variées) de ces playoffs.
8. Calvin Johnson (Nouvel entrant) Receveur – Detroit Lions (10-6) / 1681 yards en réception pour 16 touchdowns
Une saison pleine de la part du receveur des Lions, malgré une coupure de courant sur les semaines 12, 13 et 14. Heureusement, les trois derniers matches monstrueux (560 yards en réceptions et 4 touchdowns) ont donné le coup de fouet nécessaire à Detroit pour se qualifier pour leurs premiers playoffs depuis 1999.
L’ex joueur de Georgia Tech est clairement devenu cette année le meilleur receveur de la Ligue, capable d’aller imposer son physique monumental « entre les chiffres » (l’expression américaine pour désigner le milieu du terrain) comme de distancer les meilleurs cornerbacks.
La saison prochaine, avec un calendrier assez favorable hors division (les Lions rencontreront la division Ouest de la NFC et la division Sud de l’AFC), Calvin Johnson aura surement la possibilité d’aggraver encore les dommages qu’il créé et, peut-être, d’aller chercher ce titre de MVP qui n’a jamais récompensé de receveur, même si Jerry Rice en 1987 avait reçu les votes de « Pro-Football Writers », de « Newspaper Entreprise Association » et de « Sporting News », alors que c’est l’Associated Press qui le désigne officiellement pour la NFL (John Elway fut désigné en 1987).
9. Rob Gronkowski (Entrant) Tight-End – New England Patriots (13-3) / 1327 yards en réceptions pour 17 touchdowns – 2 yards à la course pour 1 touchdown
Bien qu’il eut déjà fait forte impression en 2010, son année rookie, avec ses 10 touchdowns, peu de gens aurait parié sur Gronkowski comme le joueur recevant le plus de touchdowns à la passe. Le tight-end de New England vient tout simplement d’effectuer la meilleure saison de l’histoire à cette position, battant le record de yards en réceptions en plus de celui du nombre de touchdowns.
Pour comparaison, les deux meilleurs tight-end de la dernière décennie, Antonio Gates et Tony Gonzalez, n’ont jamais reçu plus de 13 touchdowns (Gates en 2004) et n’ont jamais dépassé les 1300 yards (1258 pour Gonzalez en 2004). Belichick a d’ailleurs dérogé à sa devise du « Tout pour l’équipe » en remettant Gronkowski sur le terrain pour qu’il puisse finir devant Graham au nombre de yards en réceptions, alors même que le match contre les Bills était plié. Un sacré hommage rendu à celui qui compte déjà, en seulement deux saisons, plus de 25% du total de touchdowns que Gonzalez a accumulés (97) en 15 ans.
10. Terrell Suggs (Entrant) Linebacker – Baltimore Ravens (12-4) / 14 sacks – 50 plaquages – 2 interceptions – 6 passes défendues – 7 fumbles forcés
On ne pouvait finir ce Top 10 ultra-offensif (mais la NFL est devenue ainsi) sans y ajouter le probable meilleur défenseur de la saison. Alors que Ray Rice fait un malheur en attaque, le linebacker Suggs sacke, plaque et force les pertes de balle mieux que quiconque.
Avec 5 sacks et 4 fumbles forcés sur les 5 derniers matches de la saison, le capitaine de la défense des Ravens a rappelé à tout le monde qu’un match de playoffs contre ces Corbeaux pouvait être de très mauvais augure.
Nous finirons l’année des Mentions Honorables en rappelant que, en dehors de ce Top 10, certains joueurs auront eu des années individuelles très correctes, voire très reussies.
Malheureusement pour eux, soit les performances de leurs équipes (Eagles, Cowboys, Jags) ou leurs positions (les défenseurs sont rarement cités en tant que MVP) voire le caractère collectif de la performance (49ers), ne leur permet pas de briguer de titre de MVP.
C’est aussi pour ça que la NFL compte les titres de « Joueur Offensif de l’année » (McCoy ? MJD?), « Joueur défensif de l’année » (Suggs?Allen?) ou bien encore « Comeback de l’année » (Stafford? S. Smith?). Le titre, inexistant, de « Joueur ayant le plus progressé » aurait pu donner lieu à une belle lutte aussi, entre Gronkowski, Cruz et Pierre-Paul.
Pour chaque catégorie, voici une sélection de 5 joueurs qui auront marqué la saison régulière 2011 (et classés par le nombre de touchdowns marqués):
Les Quarterbacks:
Tony Romo (4184 yards à 66,3% de réussite – 31 touchdowns pour 10 interceptions)
Matt Ryan (4177 yards a 61,3% de réussite – 29 touchdowns pour 12 interceptions)
Ben Roethlisberger (4077 yards à 63,2% de réussite – 21 touchdowns pour 14 interceptions)
Cam Newton (4051 yards a 60% de réussite – 21 touchdowns pour 17 interceptions)
Tim Tebow (1729 yards à 46,5% de réussite – 12 touchdowns pour 6 interceptions, 660 yards a la course pour 6 touchdowns)
Les receveurs:
Jimmy Graham (1310 yards en réception pour 11 touchdowns)
Wes Welker (1569 yards en réception pour 9 touchdowns)
Victor Cruz (1536 yards en réception pour 9 touchdowns)
Larry Fitzgerald (1411 yards en réception pour 8 touchdowns)
Steve Smith (1394 yards en réception pour 7 touchdowns)
Les running-backs:
LeSean McCoy (1309 yards à la course pour 17 touchdowns, 315 yards en réceptions pour 3 touchdowns)
Marshawn Lynch (1204 yards à la course pour 12 touchdowns – 212 yards en réceptions pour 1 touchdown)
Michael Turner (1340 yards à la course pour 11 touchdowns – 168 yards en réceptions)
Frank Gore (1211 yards à la course pour 8 touchdowns – 114 yards en réceptions)
Maurice Jones-Drew (1606 yards à la course pour 8 touchdowns, 374 yards en réceptions pour 3 touchdowns)
Les défenseurs:
Jared Allen (22 sacks – 48 plaquages – 1 interception – 4 fumbles forcés)
Demarcus Ware (19,5 sacks – 47 plaquages – 2 fumbles forcés)
Jason Babin (18 sacks – 35 plaquages – 2 passes défendues – 3 fumbles forcés)
Jason Pierre-Paul (16,5 sacks – 65 plaquages – 6 passes défendues – 2 fumbles forcés)
Aldon Smith (14 sacks – 31 plaquages – 4 passes défendues – 2 fumbles forcés)
Voici les classements finaux des 2 habituels chroniqueurs américains:
Mike Sando (ESPN):
1) Rodgers
2) Brees
3) Brady
4) Calvin Johnson
5) Stafford
6) Eli Manning
7) Ray Rice
8) Gronkowski
9) Fitzgerald
10) Sproles
Eli Kaberon (Pro Football Weekly):
1) Rodgers
2) Brees
3) Brady
4) Manning
5) Calvin Johnson
6) Foster
7) Gore
8) Stafford
9) Romo
10) Suggs