Le couperet est tombé ce dimanche, via un communiqué du joueur. A l’aube de sa dernière année de contrat, Earl Thomas veut être prolongé par les Seahawks. Et au juste prix. Le défenseur a d’ailleurs annoncé qu’à défaut d’un accord imminent, il ne reprendrait pas le chemin de l’entrainement. Une position qui n’est pas sans rappeler celle de son coéquipier Kam Chancellor en 2015. Mais les situations sont-elles vraiment comparables ? Au cœur d’une intersaison déjà agitée, la franchise a-t-elle une si grande marge de manœuvre ? Que peut-elle concrètement offrir à sa star ? Éléments de réponse …
Il vient d’avoir seulement 29 ans, et pourtant Earl Thomas III est déjà une référence ultime de la ligue. Il est considéré par beaucoup comme LE leader de la (feue ?) « Legion of Boom ». Il est sans doute aussi et surtout le meilleur free safety NFL. Une donnée qui a son importance depuis février 2017. Moment choisi par les Kansas City Chiefs pour proposer un pont d’or à Eric Berry. 78 millions sur 6 ans (soit 13 millions de moyenne par an) et un salaire de 40 millions garantis. Une « bonne » nouvelle n’arrivant jamais seule, Kam Chancellor obtient gain de cause à Seattle. Deux ans après son bras de fer lancé contre la direction, le strong safety empoche au mois d’août un contrat de 36 millions sur 3 ans, soit 12 millions par saison. De quoi fragiliser l’égo de son coéquipier aux 10 millions annuels.
Problème pour Thomas : sa communication a pu effrayer son General Manager John Schneider. Blessé au tibia lors de la saison 2016, le défenseur avait dû manquer cinq matches avant d’annoncer publiquement des velléités de retraite anticipée. Il n’en fut rien. Un an plus tard, le numéro 29 revient plus fort que jamais, mais manque deux nouvelles rencontres en milieu de saison. A son retour, le bateau Seahawks tangue. A l’approche de playoffs qui s’éloignent inexorablement, celui qui est connu pour son calme et son recul ne prend plus de gant. Quand il ne remet pas en cause la titularisation de Bobby Wagner, touché aux ischios, il propose ses services aux Dallas Cowboys à l’issue d’un match. Devant les caméras, de surcroit. De quoi s’interroger sur l’implication d’un joueur qui a déjà donné énormément en interne et qui s’apprête à vivre un nouveau changement de cycle dans l’état du Washington, avec le départ de cadres comme Michael Bennett, Cliff Avril ou Richard Sherman.
Même après le lancement de la « machine à laver », Seattle ne s’est pas séparé de sa star, agent libre l’année prochaine. Faute d’offre ou de gourmandise ? Le timing est en tout cas devenu mauvais pour la franchise depuis la draft, et sans un bon joueur récupéré comme monnaie d’échange, un exil d’Earl Thomas affaiblirait considérablement les champions 2013. Pete Carroll et son GM se sont d’ailleurs attelés à préparer la suite au sein du backfield défensif intérieur. Si Bradley McDougald a fait office de couteau suisse en 2017, rien n’indique qu’il soit la solution privilégiée par l’organigramme local. Quant à Tedric Thompson, quatrième tour 2017, il est un énorme point d’interrogation, de par ses statistiques très relatives l’an passé (4 petits plaquages en 9 matches joués).
Retour au bercail ?
Earl Thomas est-il voué à quitter Seattle ? Tout dépend du prix qu’il demande. La logique du joueur s’orienterait vers un tarif de 13 millions annuels, soit l’équivalent de Chancellor et Berry. Mais la balance deviendrait sans doute trop lourde pour la franchise, avec un tandem de safeties à 26 millions l’année. Avec Russell Wilson, Thomas et Chancellor représenteraient tout bonnement un quart du salary cap de Seattle ! Le taguer en 2019 reviendrait à peine moins cher, LaMarcus Joyner s’apprêtant à toucher 11 millions de la part des Rams, dans ce type de processus. Une chose parait sûre dans ce dossier : re-signer Thomas à moins de 10 millions par saison est tout simplement utopique.
Reste l’éventualité d’un départ forcé : en tardant à trouver une solution pré-draft, les Seahawks se retrouvent dans la même situation qu’avec Richard Sherman, finalement coupé au printemps dernier après de nombreuses tractations avortées. Dans ce cas précis, Thomas serait tout simplement laissé sur le marché à l’issue de son contrat, pour récupérer a minima un tour compensatoire de draft en 2020. La dernière option conduit logiquement à Dallas. Les Cowboys ont des besoins de safeties après avoir replacé Byron Jones comme cornerback et viennent de faire des économies avec les départs (prévus ?) de Dez Bryant et Jason Witten. Mais quel joueur, au tarif abordable, pourrait faire le chemin inverse ? La’El Collins ? Jaylon Smith ? Plus raisonnablement, plusieurs tours de draft, dont un deuxième de l’an prochain ?
Cette dernière option semble actuellement la plus vraisemblable. En 2015, Seattle avait pu raisonner un Kam Chancellor dont le contrat n’expirait que deux ans plus tard. Cette année, les Seahawks n’ont plus vraiment la main et vont devoir colmater les brèches pour compléter leur renouvellement de cycle. Earl Thomas est un leader incontestable et le meilleur safety de la ligue, mais ses récentes déclarations (plus ou moins) déplacées interrogent sur sa faculté à maintenir de nouveau un groupe sous pression. Les maux de tête ne font en tout cas que commencer pour John Schneider …