On continue notre présentation du Super Bowl LII. Aujourd’hui, on rentre encore un peu plus dans le vif du sujet avec une description détaillée de chacune de ces deux formations dans chaque compartiment du jeu.
Quelle escouade dominera l’autre ? Quels joueurs faut-il surveiller et où ? Analyse de cet affrontement poste par poste.
ATTAQUE
Quarterbacks
Philadelphia Eagles : On commence par le plus frustrant pour les supporters des Eagles. Ici, on aurait dû retrouver Carson Wentz. Le joueur de deuxième année avait livré une saison magnifique avant de se blesser (33 TDs, 3 296 yards et une évaluation de 101,9) au point d’être dans les discussions pour le titre de MVP. Sauf que, comme souvent, le destin et l’infirmerie en ont décidé en ce moment et c’est Nick Foles qui mènera cette équipe pendant le Super Bowl. Reste à savoir quel Nick Foles sera derrière sa ligne. Celui qui a été emprunté en fin de saison et qui doit son salut grâce au jeu au sol et sa défense ? Ou bien celui des playoffs, notamment face aux Vikings, à qui rien ne résistait et qui nous a fait sa meilleure imitation de Carson Wentz ?
New England Patriots : Que dire de plus sur Tom Brady ? Il semblerait que chaque année le quarterback continue d’atteindre le Super Bowl et alimente sa légende. Cette fois, il jouera ce match pour la huitième fois de sa carrière. Il devrait aussi, selon toutes vraisemblances, décrocher un nouveau titre de MVP (32 TDs, 4 577 yards et une évaluation 102,8). Le numéro 12 a déjà vécu toutes les situations au Super Bowl, il est capable de toutes les gérer. Il sait ce qu’il doit faire à quel moment. Les Eagles ? Il les a déjà battus à ce niveau de la compétition. C’était en 2005. C’était, il y a une éternité. Mais le lanceur est toujours là et ne montre aucun signe qui pourrait faire croire qu’il est sur la pente descendante.
Avantage : New England Patriots
Avec Carson Wentz, le duel aurait été différent. Sans lui, et même si Nick Foles a été très bon contre Minnesota, il est impossible de ne pas donner l’avantage au quintuple champion. Tom Brady est meilleur dans tous les compartiments du jeu (technique, précision…) et surtout, on le disait plus haut, il a déjà vécu ces moments. Une expérience qui aide sans nul doute quand on aborde le match le plus important de la saison.
Lignes offensives
Philadelphia Eagles : Qui aurait cru que Philadelphia terminerait la saison avec l’une des toutes meilleurs lignes offensives du pays au moment ou Jason Peters est évacué du Monday Night Football face aux Redskins le 23 octobre. À ce moment-là, le lineman vient de se rompre les ligaments du genou et les Eagles viennent de perdre l’un des tout meilleurs tackle gauche de la ligue. Surtout que le remplaçant, Halapoulivaati Vaitai, n’est pas au niveau. Et pourtant, quelques mois plus tard, on ne peut qu’être impressionné. Pro Football Focus classe même la ligne offensive de Philadelphia tout en haut de son classement de fin de saison. Que ce soit pour protéger Carson Wentz (puis Nick Foles) ou pour ouvrir des brèches à leurs coureurs, cette ligne domine souvent son homologue. Avec Lane Johnson, Brandon Brooks ou Jason Kelce, les Eagles possèdent des éléments de très haut niveau partout sur cette ligne.
New England Patriots : Chose rare à New England, les cinq titulaires de la ligne présents lors du Super Bowl face aux Falcons étaient de retour cette saison. Une bonne chose pour Tom Brady et la stabilité. Seulement, le début de la saison n’a pas donné satisfaction, notamment lors des quatre premiers matchs. Finalement, cette ligne a retrouvé du rythme au fur et à mesure de la saison pour redevenir une valeur sûre. À l’image de ce match contre les Jaguars en finale de conférence. Face à l’une des lignes défensives les plus effrayantes de la conférence AFC, les Patriots ont fait mieux que résister avec seulement deux sacks autorisés. Au sein de cette ligne, on peut ressortir David Andrews et Shaq Mason qui livrent une saison particulièrement réussie.
Avantage : Philadelphia Eagles
On l’a dit, l’escouade des Patriots a mal démarré la saison avant de se reprendre et redevenir très solide. C’est toutefois encore en dessous de ce qu’ont fait les Eagles cette saison. Ils ont dominé la quasi totalité de leur adversaire et même quand ils sont face à un pass-rush de grande classe, contre Minnesota par exemple, personne ne s’affole et tout reste sous contrôle.
Jeu au sol
Philadelphia Eagles : Pour les Eagles, ce sera une des clés du match. On le répète à chaque fois, un jeu au sol performant permet de décharger un peu de pression sur les épaules du quarterback et cela sera d’autant plus vrai pour ce match. Dans ce secteur, Philadelphia a les armes qu’il faut, surtout depuis le trade pour Jay Ajayi. En plus de l’ancien Dolphin, il faut ajouter Corey Clement et LeGarrette Blount, l’ex-joueur des Patriots. Avec ces trois-là, la franchise possède des coureurs de qualités et surtout de style différent. C’est simple, pendant la saison, l’équipe était l’une des mieux classées dans le jeu au sol avec notamment 132,2 yards/match.
New England Patriots : Les Patriots aussi évoluent avec un comité de coureur. Cette fois, ce sont au moins quatre coureurs qui peuvent prendre à toucher le ballon. Avec Dion Lewis, Rex Burkhead, James White ou encore Mike Gillislee (qui devrait être remis pour le Super Bowl), New England a aussi une panoplie diverse et variée à ce poste. Le gros danger pour l’équipe adverse est qu’elle ne sait jamais qui Belichick va sortir de son chapeau pour le match. En playoffs, Dion Lewis a été le plus utilisé et après un très bon match contre les Titans, il s’est fait une frayeur en perdant un ballon face à Jacksonville. Reste à voir maintenant qui sera utilisé et de quelle manière. Ces joueurs sont en tout cas presque plus importants dans le jeu aérien qu’au sol. On se rappelle de James White l’an dernier qui avait livré le match de sa vie.
Avantage : Philadelphia Eagles
À New England, le système est toujours très rodé. Les coureurs savent ce qu’ils ont à faire que ce soit pour une course ou quand Brady décide de passer. Toutefois, il y a tout de même un déficit de talent par rapport au comité d’en face. Les Eagles possèdent l’un des meilleurs jeux au sol du pays et comptent bien l’utiliser pour mettre la pression sur la défense des Pats.
Receveurs — Tight End
Philadelphia Eagles : Au début de la saison, le poste de receveurs posait question en Pennsylvanie. Conscients d’un déficit dans ce secteur, les dirigeants avaient payé Alshon Jeffery et Torey Smith durant l’intersaison pour renforcer ce groupe. Mais des doutes subsistaient. Jeffery est un très bon receveur, mais il sortait de deux saisons moyennes perturbées par les blessures à Chicago et Smith était vu comme un joueur unidimensionnel. À l’arrivée, cette escouade a été monstrueuse. La complémentarité entre l’ancien Bear et l’ex 49er est très bonne. Ajoutez-y Nelson Agholor qui semble enfin devenir le joueur qu’on espérait qu’il soit et vous avez un groupe qui fait peur à n’importe quelle défense aérienne. Au poste de tight end c’est pareil, Zach Ertz apporte exactement ce qu’il faut : une présence polyvalente dans le milieu du terrain et une cible très efficace dans la end-zone (8 TDs).
New England Patriots : Tom Brady doit croiser les doigts (de sa main gauche) pour que Rob Gronkowski soit déclaré apte à jouer dimanche. Certes, le quarterback a gagné sans lui l’an dernier, mais il y avait Julian Edelman. Certes, il a permis à son équipe de revenir contre Jacksonville sans lui, mais sur toute la durée d’un match c’est autre chose. Le tight end est un joueur énorme. Il dicte les matchs-up à lui tout seul et mets la défense dans des situations extrêmement difficiles à gérer. Autour de lui, il aura Brandin Cooks qui fait une très bonne première saison dans le système Belichick et surtout Danny Amendola qui semble se réveiller quand arrivent les playoffs pour devenir la parfaite imitation de Edelman dans les moments chauds.
Avantage : Égalité
Sans Julian Edelman, le groupe des Eagles possède plus de talent, plus d’homogénéité. Mais en face, c’est tout un système qui est réglé au millimètre. Et avec Rob Gronkowski au meilleur de sa forme — selon toutes vraisemblances, le tight end devrait jouer —, la tactique est presque inarrêtable. Difficile donc de départager ces deux escouades.
DÉFENSE
Ligne défensive
Philadelphia Eagles : Voici certainement l’escouade la plus forte chez les Eagles. Peu mentionnée quand Carson Wentz était encore là, elle est devenue la pierre angulaire de cette équipe, le secteur qui a permi à la franchise de tenir son cap. Il faut dur que cette ligne défensive est une accumulation de talent pur. De Fletcher Cox à Brandon Graham en passant par Timmy Jernigan ou Vinny Curry tous font une très bonne saison. Pas étonnant que Philadelphia soit la meilleure équipe face à la course avec seulement 79,2 yards autorisés par match en saison régulière (1e). Des joueurs efficace pour contrer le jeu au sol donc mais aussi capable d’aller titiller le quarterback avec 38 sacks cette saison (15e). Et on sait que Tom Brady n’aime pas ça.
New England Patriots : On parle peu du pass-rush de New England, pourtant il a quelques atouts à faire valoir. Certes cette ligne possède moins de stars que son adversaire de dimanche, mais elle est capable de matchs très aboutis. Les deux derniers matchs de playoffs le prouvent. D’abord au Divisionnal Round contre les Titans quand les Patriots ont enregistré huit sacks (un record de franchise). Puis ensuite, une semaine plus tard, cette fois face aux Jaguars quand l’équipe s’est très bien ajustée à la mi-temps et a quasiment annihilé le jeu de course adverse durant les trente dernière minutes. On a surtout loué Tom Brady lors de ces deux succès mais la défense des champions a aussi su être présente quand il a fallu, à commencer par cette ligne défensive. Elle est en tout cas capable d’être bonne contre la course et face à la passe.
Avantage : Philadelphia Eagles
Peu de ligne en NFL sont à la hauteur de ce que peu faire celle des Eagles. Elle est à la fois efficace dans le jeu au sol et dans son pass-rush. À elle seule peut perturber Tom Brady et l’attaque de New England. Reste maintenant à savoir ce que le lanceur et surtout Bill Belichick auront prévu pour surprendre Philadelphia. Face aux Jaguars, qui eux aussi avaient une très bonne ligne défensive, les Patriots s’en sont très bien sortie. Il faudra en faire de même dimanche.
Linebacker
Philadelphia Eagles : Au moment où Jordan Hicks se déchire le tendon d’Achille le 23 octobre, on se demande comment les Eagles vont pouvoir s’en sortir au poste de linebacker et particulièrement au milieu de cette escouade. Le middle linebacker remplaçant, Najee Goode, n’est pas des plus sereins (c’est d’ailleurs lui qui concède le seul touchdown de Minnesota en finale de conférence) et les coachs doivent trouver une solution. Plus que des hommes, les réponses sont venues du système avec une utilisation beaucoup plus fréquente de seulement deux linebacker (Nigel Bradham et Mychal Kendricks) avec un Malcom Jenkins positionné en safety mais presque utilisé comme un troisième linebacker. Nigel Bradham a lui récupéré le rôle de capitaine du milieu de la défense laissé par Hicks. Il est devenu le leader dont l’escouade avait besoin.
New England Patriots : Tout comme les Eagles, les Patriots ont perdu un joueur extrêmement important à ce poste durant l’année. On l’aurait presque oublié, mais Dont’a Hightower s’est déchiré l’un des muscles pectoral en octobre, mettant un terme à sa saison. Un joueur qui était de loin leur meilleur linebacker et certainement leur défenseur le plus performant. Pendant un moment, l’absence de leur leader défensif a fait beaucoup de mal à une escouade qui avait déjà très mal démarré la saison. Puis, comme d’habitude serait-on tenté de dire, les Patriots se sont adaptés et les remplaçants ont pris le relais. Kyle Van Noy, David Harris, Elandon Roberts et depuis peu James Harrison, autant de joueur qui ont élevé leur niveau de jeu pour redevenir cette fameuse défense qui « plie mais ne rompt pas ».
Avantage : Egalité
La courbe de ces escouades a été très similaire pour les deux équipes cette saison. Philadelphia comme New England a perdu son meilleur joueur en plein milieu de la saison et Eagles comme Patriots ont dû s’adapter. Force est de constater que les deux franchises l’ont fait à merveille, dans des styles différents. Toutefois soyons honnêtes, ce n’est probablement pas là que le match se gagnera. En revanche, il peut se perde si jamais l’un des deux groupes n’est pas au niveau d’un match de la sorte.
Défensive backs
Philadelphia Eagles : En début de saison, peu d’observateurs donnaient de crédit aux défensive backs des Eagles, particulièrement du côté des cornerbacks. Même avec le trade qui leur a permis récupérer Ronald Darby depuis Buffalo, l’escouade ne faisait pas rêver. Certains en étaient même à penser que ce genre de lacune serait rédhibitoire dans la course aux playoffs puis en post-saison. Pourtant, tous ces jeunes joueurs ont donné tort à beaucoup de monde. L’ancien Bill en premier, mais aussi Jalen Mills, Rasul Douglas ou encore Sidney Jones. Accompagnés de deux safeties d’expérience (Malcom Jenkins et Rodney McLeod) et bien aidés par une ligne défensive hors normes, ces cornerbacks fait une très bonne saison. Tout n’a pas été parfait certes, mais ils ne sont pas totalement étrangers au superbe parcours de Philadelphia cette année.
New England Patriots : Nouveau point commun pour ces défenses : les Patriots aussi sont allés récupérer un cornerback qui jouait chez les Bills l’an dernier. La saison de Stephon Gilmore ne restera probablement pas dans ses annales personnels, ni ceux des Patriots. Si on n’est loin de considéré qu’il a été mauvais, on peut lui reprocher son inconstance. Toutefois, s’il y avait victoire finale dimanche, on ne se rappellerai probablement que de cette action dans les derniers instants de la finale de conférence. Cette passe de Blake Bortles magnifiquement déviée dans les ultimes secondes du match et qui aurait pu mettre un terme à la saison de New England. Et c’est bien tout ce qui compte : des actions de grande classe dans les moments importants. Et ce n’est pas Malcom Butler, son homologue de l’autre côté du terrain, qui dirait le contraire. A eux deux, ainsi qu’avec Devin McCourty et Patrick Chung au poste de safeties, les Patriots possèdent des lignes arrières très expérimentées. À noter aussi que certains du côté de New England pourrait vouloir prendre leur revanche. En effet, Eric Rowe et Patrick Chung ont tout deux étaient mis au placard par les Eagles et se sont retrouvés chez les Patriots.
Avantage : New England
Difficile de départager ces deux escouades. L’une comme l’autre ont eu des hauts et des bas cette saison mais ont surtout su répondre présent quand il le fallait dans les moments chauds. Compliqué donc de donner l’avantage aux Patriots plutôt qu’aux Eagles. La différence se fait du coup du côté des stars, elles sont du côté du champion en titre. Trois des quatre titulaires habituels (Butler, Chung, McCourty) étaient d’ailleurs là lors des deux derniers Super Bowl joué par les hommes de Bill Belichick.
ÉQUIPES SPÉCIALES
On y prête rarement beaucoup d’attention amis les équipes spéciales peuvent faire la différence dans un match, en particulier au Super Bowl. À commencer par les kickers. Que ce soit Stephen Gostkowski ou Jake Elliott, les botteurs n’ont pas eu beaucoup de field goal à se mettre sous le pied. Les Patriots en ont tenté deux (un dans chaque match) pour un 1/2 pendant que les Eagles affichent un 4/4. En revanche, les transformations n’ont pas été rares pendant cette post-saison avec un 8/8 pour Gostkowski et un 5/6 pour Elliott.
Avantage : Égalité