C’est la dynastie la plus prolifique de l’histoire de la NFL. La machine à records, à victoires, à bagues. L’équipe qu’on aime ou qu’on déteste. Selon ESPN, c’est aussi un édifice qui ne cesse de craqueler de toute part.
Titrés pour la cinquième fois l’an passé, les New England Patriots feraient face à des sérieuses dissensions en interne, entre les trois principaux artisans du succès de la franchise : le propriétaire Robert Kraft, le head coach Bill Belichick et le quarterback Tom Brady. A en croire de nombreux témoignages relayés par le site américain, c’est d’ailleurs le comportement du quadruple MVP du Super Bowl qui inquièterait le plus.
La première énigme concerne sa relation avec son coach personnel, Alex Guerrero, et les répercussions qu’elle a pu avoir. C’est en 2004 que les deux hommes commencent à collaborer ensemble. La même année, Guerrero publiera son livre « In Balance for Life », mettant en avant les bienfaits de nouvelles méthodes pour se développer et se soigner. Cette nouvelle vision, axée sur une bonne dose de stretching, une surconsommation d’eau et de légumes, ainsi qu’un cycle de sommeil prolongé, se répand de plus en plus grâce à l’aura de son nouveau protégé, d’où la création de la marque « TB12 » en septembre 2013.
« Tom a changé. C’est là que beaucoup de problèmes ont commencé », explique un ami du quarterback à ESPN.
Le ver est dans le fruit
Dans un premier temps, Bill Belichick ne voit pas d’un mauvais oeil cette collaboration et ne va pas manquer de considérer Guerrero comme un membre actif de l’organisation. Mais selon ESPN, l’invité ne se contente pas de prendre le thé. Il pose gaiement les pieds sur la table. Ainsi, l’intéressé aurait profité de l’occasion pour étendre son réseau en convaincant de nombreux cadres des Pats de s’attacher ses services. Si cela n’a rien de problématique en soi, les choses se seraient corsés assez vite. Guerrero aurait profité de ses nombreux accès en interne pour consulter des dossiers médicaux et discréditer les méthodes d’entraînement de l’équipe. Plaçant ses clients devant un choix simple : faire confiance au « gourou » de Tom Brady ou au staff de Bill Belichick.
Ce comportement ne va pas manquer d’agacer le head coach au caractère bien trempé. Il tente pourtant de mettre de l’eau dans son vin en envoyant un premier mail à Guerrero pour apaiser les tensions. Mais ce message sera relayé de manière négative par le coach, lequel prétend que Belichick ne veut plus qu’ils collaborent avec lui. Comme si cela ne suffisait pas, Robert Kraft et Tom Brady se montrent peu coopératifs, et les discussions à ce sujet sont rarement efficaces. Fin décembre, Belichick se voit dans l’obligation de limiter les autorisations de Guerrero, expliquant qu’il n’est pas un employé des New England Patriots.
Une décision trop tardive ? Car deux courants s’opposent désormais en interne, à Foxborough. A la « Patriot Way » de Belichick, prônant l’exigeante et insatiable volonté de tout donner pour gagner, répond la « méthode TB12 » axée sur la protection du corps et de l’esprit pour gagner en longévité. Tom Brady ne manque d’ailleurs pas de moquer certaines techniques d’entraînement de son head coach. Paradoxalement, cette situation n’a pas été améliorée par le come-back historique lors du Super Bowl LI.
Belichick dépité par l’échange de Garoppolo
Selon certains de ses coéquipiers, Tom Brady a pris une ampleur encore plus importante au sein du vestiaire, au point d’être appelé « monsieur » par plusieurs d’entre eux. Si le propriétaire Robert Kraft ne s’abaisse pas à ce genre de flatteries, son regard a aussi changé vis-à-vis de son quarterback. De quoi redistribuer les cartes pour l’avenir.
Nous sommes en 2014, quand les New England Patriots se décident à sélectionner Jimmy Garoppolo au deuxième tour de la draft. Pour un Bill Belichick toujours plus soucieux d’assurer l’avenir de la franchise, la vision est simple : préparer les dernières années de Tom Brady et assurer la transition avec « Jimmy G ». Mais depuis, les plans ont changé et Tom Brady ne cesse de répéter qu’il se voit prolonger l’aventure NFL encore au moins cinq ans.
Un problème de riche au moment où l’agent de Jimmy Garoppolo – le même que Brady – attend une offre intéressante, contractuellement et sportivement. Après une réunion houleuse avec Robert Kraft, Bill Belichick se voit contraint d’échanger son quarterback remplaçant et d’en former un nouveau dès l’an prochain, à son grand désarroi. Une bonne nouvelle en interne pour Brady ? Beaucoup le croient et précisent que TB12 n’a jamais vraiment eu l’âme d’un grand frère, ayant dû atteindre le niveau qui est le sien par ses propres moyens. Il aurait donc plus considéré Garoppolo comme une menace que comme un digne successeur. L’arrivée de Brian Hoyer, grand copain de Brady et loin d’être aussi menaçant, irait d’ailleurs dans ce sens.
« Tom Brady a gagné », confie même un membre du staff à ESPN.
L’art du contre-pied
Cette situation n’empêche pas les Patriots d’avoir terminé premiers de la conférence américaine, avec un bilan de 13-3. Un résultat inespéré pour certains en interne, qui mettent en avant l’énorme travail de Belichick pour recoller les morceaux. Mais pour combien de temps ? S’il reste un professionnel avant tout, l’homme aux sept bagues ne manque plus de prendre le contre-pied de son propriétaire, se gargarisant du bon rendement actuel de Garoppolo, ou devenant ami avec Roger Goodell après l’affaire du « Deflategate » et les propos très durs de son dirigeant envers le commissionnaire.
Les Patriots n’ont pas toujours eu de bons rapports avec ESPN, et la publication de ce papier ne devrait pas réchauffer leurs relations. A court terme, elle aura en tout cas pour but de motiver la franchise de Foxborough, qui ne rechigne jamais à faire taire les bruits de couloir sur le terrain…