Draft 2013 : Le pire premier tour de l’histoire ?

E.J. Manuel, symbole d'un premier tour à oublier ...

En mars prochain, le contrat rookie de nombreux joueurs draftés en 2013 prendra fin. L’occasion de faire l’état des lieux de cette classe, et surtout de son premier tour catastrophique. Manque de glamour, éthique suspecte, mauvaises évaluations … Bienvenue à Bust City !

Remise en contexte. Nous sommes au lendemain du « Har-Bowl » qui a sacré les Baltimore Ravens de John Harbaugh face aux San Francisco 49ers de son frère Jim. Le premier choix revient à l’époque aux Kansas City Chiefs, avec un front office tout neuf et Andy Reid nouvellement aux commandes. Suivent les Jaguars de Gus Bradley, les Dolphins de Joe Philbin et les Eagles de Chip Kelly. Le décor est planté pour le 78e épisode de la saga draft. Mais les futurs figurants n’ont pas vraiment la carrure du blockbuster.

Première constatation dès l’inscription des prospects universitaires : le niveau des quarterbacks. Une classe dont les têtes de gondole s’appellent Geno Smith (West Virginia), Matt Barkley (USC) et Ryan Nassib (Syracuse). En règle générale, ce sont les stars offensives qui tardent à être identifiées. Seul Tavon Austin (West Virginia) intrigue par son explosivité et les running backs commencent à être boudés le jeudi, dans une ligue toujours plus axée sur le jeu aérien.

La situation est encore moins idyllique en défense : c’est morne plaine du côté des linebackers, et les pass rushers hybrides n’impressionnent guère, étant corrects dans beaucoup de secteurs, sans véritablement exceller dans un domaine. Cette draft va donc devenir une cuvée expérimentale, où un groupe va tirer le gros lot : celui des linemen offensifs.

25 avril 2013. Le grand jour est venu pour les Kansas City Chiefs. Arrivé sur le podium, Roger Goodell annonce avec excitation le choix de la franchise du Missouri : Eric Fisher, tackle de Central Michigan. Survoltés par le lancement des hostilités, les fans du Radio City Music Hall acquiescent, faute de mieux, devant ce choix de la « facilité ». Ce n’est que partie remise, puisque les Jaguars sont enfin prêts à faire sauter la banque pour les débuts de Gus Bradley à sa tête. « Jacksonville sélectionne … Luke Joeckel, tackle, Texas A&M ». Certes, le joueur est côté mais là encore, le star-system n’est pas vraiment à l’ordre du jour.

Miami enchaîne et met la main sur … Dion Jordan, pass rusher d’Oregon, attendu entre le milieu et la fin du premier tour. Décision étonnante mais qui a le mérite d’enfin enflammer la Grosse Pomme. Pour un temps en tout cas. Plus les choix se suivent, plus ce premier tour de draft a des airs de guerre de tranchées. Sur les 10 premiers choix, 8 joueurs évoluent sur les lignes. Deux linemen intérieurs, Jonathan Cooper et Chance Warmack, font même partie du top 10, une première depuis 1958. Au final, ils seront 17 joueurs de ligne (offensive comme défensive) à trouver preneur dès le premier tour.

La surprise Erik Junior …

Et les quarterbacks, pendant ce temps ? Ils comptent les heures, à l’image de son principal représentant Geno Smith, lassé en salle d’attente. Il le sera encore plus quand les Buffalo Bills se jetteront enfin à l’eau. E.J. Manuel, quarterback de Florida State, est choisi à la surprise générale par la bande de Doug Marrone. Il sera d’ailleurs le seul de son poste à faire parti des 32. Une première pour la NFL de l’époque.

En cette fin du mois d’avril 2013, les réactions sont globalement mitigés sur le niveau de ce premier tour. Elles le sont d’autant plus quatre ans plus tard. Jugez plutôt : 16 joueurs ont déjà été poussés dehors par la franchise qui les a drafté. Les raisons sont multiples : erreur de casting (Bjoern Werner à Indianapolis, Jarvis Jones à Pittsburgh, Matt Elam à Baltimore), caractère ingérable (Dion Jordan à Miami, Sheldon Richardson aux Jets) ou encore des contrats plus courts (Sylvester Williams à Denver). Mais le mauvais jugement des franchises sautent clairement aux yeux.

C’est le cas notamment des cornerbacks : cette année-là, les vedettes s’appellent Dee Milliner (Alabama) et D.J. Hayden (Houston), deux joueurs partis dans le top 12, respectivement chez les Jets et à Oakland. Les Raiders prennent même le risque de sélectionner un joueur à la santé fragile, avec même une hémorragie interne quelques mois plus tôt. Atlanta et Minnesota en profiteront pour mettre la main sur Desmond Trufant et Xavier Rhodes en fin de premier tour, deux des cornerbacks les plus prometteurs de leur génération. L’exemple vaut aussi pour les receveurs, avec une équipe de Houston qui aura patiemment attendu son heure pour récupérer DeAndre Hopkins au 27e (!) choix.

La comparaison fait mal entre le début et la fin du premier tour, mais c’est encore plus le cas en comparant avec les tours suivants : Si Kawann Short a pâti du bon niveau global des defensive tackles, rare position prolifique de cette classe, Le’Veon Bell, Kiko Alonso, Jamie Collins (deuxième tour), Travis Kelce, Keenan Allen, Tyrann Mathieu, Jordan Reed (troisième tour) ont été laissé au second plan, au profit d’un groupe de linemen relativement quelconque (D.J. Fluker, Justin Pugh, Barkevious Mingo, Datone Jones).

Simple hasard ou pas : seuls 2 des 12 premiers coaches à avoir choisi lors de cette draft sont toujours en poste (Andy Reid et Bruce Arians). Preuve que cette classe 2013 a laissé beaucoup de plumes au sein des franchises, en annihilant définitivement toute dynamique potentielle pour les années futures.

Certes, ce jeudi 25 avril n’était pas tout noir, avec l’arrivée dans la ligue de futurs stars comme Ezekiel Ansah, Lane Johnson, Star Lotulelei ou Eric Reid, pour ne citer qu’eux. Mais à n’en pas douter, ce premier tour de la draft 2013 restera comme une triste page de l’histoire de la ligue. Une intersaison où les décisions trop basiques ont été payées cash par beaucoup de franchises NFL.

Tags →  
Partagez cet article sur : Twitter Facebook
Afficher les commentaires