Suite de la présentation équipe par équipe de la saison 2015. Au programme aujourd’hui : les Carolina Panthers.
Profitant des errements fréquents des New Orleans Saints, Atlanta Falcons et Tampa Bay Buccaneers, les Panthers ont remporté pour la deuxième fois consécutive la NFC Sud. En playoffs, les hommes de Ron Rivera sont parvenus à passer un tour en battant les Arizona Cardinals (27-16). Peuvent-ils connaître un destin similaire en 2015-2016 ? Difficile d’y croire.
D’abord, les lacunes de Carolina ne semblent pas avoir été comblées pendant l’intersaison. Pire, Kelvin Benjamin, la cible préférée de Cam Newton, s’est gravement blessé au genou gauche et va manquer l’intégralité de la saison. Derrière lui, c’est presque le néant, et même si la défense reste correcte, elle va devoir multiplier les exploits pour compenser toutes les carences de l’attaque. Alors, pour atteindre les hauteurs du dernier exercice, la franchise basée à Charlotte va devoir compter sur une solidarité exemplaire et sur les défaillances des autres membres de sa division.
La saison dernière : 7 victoires – 8 défaites – 1 nul.
Mouvements à l’intersaison : Même s’il a gagné un match à élimination directe pour la première fois de sa carrière, Cam Newton aimerait certainement oublier la campagne précédente. Blessé puis impliqué dans un accident, il a manqué deux rencontres alors qu’il n’avait jamais été éloigné des terrains depuis son arrivée en NFL en 2011. Du coup, l’ex-star d’Auburn a établi ses références les plus basses aux yards lancés (3 127), yards courus (539) ou encore touchdowns cumulés (23). Aujourd’hui, le quarterback de 26 ans a retrouvé la santé et a signé un énorme contrat. Oui mais voilà, ses dirigeants n’ont toujours pas trouvé les solutions pour lui offrir un entourage digne de ce nom.
Ce constat commence par la ligne offensive. Priorité absolue, le secteur a été touché par des changements, mais le chantier est loin d’être terminé. À gauche, le catastrophique Byron Bell a été coupé et remplacé par un autre élément médiocre, l’ancien des Baltimore Ravens et Tennessee Titans Michael Oher. À droite, Nate Chandler n’est plus le titulaire puisque Mike Remmers, pourtant complètement débordé à plusieurs reprises, a reçu une promotion inquiétante pour l’organisation et ses fans. Carolina a aussi utilisé un choix du 4e tour de la Draft 2015 pour faire venir le tacle Daryl Williams, mais celui-ci doit apprendre le métier de footballeur professionnel. Analyse identique pour le bataillon des receveurs qui, après une année moyenne, voit le retour du vétéran Ted Ginn Jr., l’arrivée de Jarrett Boykin et celle de Devin Funchess, sélectionné en 41e position, mais doit surtout subir l’absence de son atout majeur, Kelvin Benjamin. Enfin, si DeAngelo Williams a rejoint les Pittsburgh Steelers, l’escouade terrestre a enregistré les signatures de Jordan Todman et Cameron Artis-Payne pour soutenir le talentueux mais fragile Jonathan Stewart.
En défense, les signaux sont plutôt encourageants. Certaines modifications ont d’ailleurs été effectuées en 2014-2015, notamment au sein de la secondary, où Tre Boston a succédé efficacement à Thomas DeCoud et où le jeune cornerback Bené Benwikere s’est définitivement imposé grâce à de belles performances. Une base arrière solide à laquelle les Panthers ont ajouté l’expérience de Charles Tillman et la polyvalence de Kurt Coleman pour rendre le tout intéressant. Devant, Greg Hardy est parti chez les Dallas Cowboys, mais le turbulent defensive end n’avait de toute façon presque pas joué la saison dernière et cela semblait vraiment être le moment pour tourner la page. Du côté des linebackers, les responsables ont décidé d’appeler le prometteur Shaq Thompson à la 25e place. Jason Trusnik, en provenance des Miami Dolphins, représente lui un renfort précieux pour des équipes spéciales loin d’être dominantes. Bref, le coordinateur Sean McDermott va encore pouvoir mener sereinement ses rangs.
Arrivées notables : Jordan Todman (RB), Ted Ginn Jr. (WR), Jarrett Boykin (WR), Michael Oher (OT), Jason Trusnik (LB), Charles Tillman (CB), Kurt Coleman (S).
Draft : Shaq Thompson (LB), Devin Funchess (WR), Daryl Williams (OT), David Mayo (LB), Cameron Artis-Payne (RB).
Pertes notables : DeAngelo Williams (RB), Byron Bell (OT), Fernando Velasco (C), Greg Hardy (DE), Chase Blackburn (LB), Thomas DeCoud (S).
Les points forts : Dans l’effectif dirigé par Ron Rivera, le duo constitué de Luke Kuechly et Thomas Davis fait figure de point d’ancrage. Le second cité (728 plaquages, 35 passes déviées et six interceptions en 117 participations), qui a prolongé son contrat en juin, remplit parfaitement son rôle et excelle en couverture. Son coéquipier, 473 plaquages, 27 passes défendues et sept interceptions en seulement 48 titularisations NFL, est une vraie terreur, capable de deviner les plans et les trajectoires des adversaires mieux que personne. La défense, 10e lors de l’exercice précédent avec 339,8 yards encaissés par match, doit beaucoup à sa paire de linebackers. Celle-ci permet en effet de stabiliser l’ensemble et pourrait faciliter l’intégration à ses côtés de Shaq Thompson, qui rappelle Thomas Davis à ses débuts par sa capacité à évoluer en tant que safety.
La connexion entre Cam Newton et Greg Olsen est une autre valeur sûre. Le tight end, très régulier, vient d’atteindre le Pro Bowl en produisant ses meilleures statistiques (84 réceptions pour 1 008 yards et six touchdowns) et a obtenu une extension de son bail en Caroline du Nord en mars. À 30 ans, il va être la principale option pour son lanceur et s’il a les moyens d’élever encore son rendement, ce serait un plus non négligeable pour la brigade de Mike Shula.
Les points faibles : Pour développer de bons systèmes offensifs, il faut une ligne au minimum passable. Celle de Carolina n’entre même pas dans cette catégorie. L’an passé, elle a autorisé 42 sacks (21e rang sur 32) et cette marque aurait pu être beaucoup plus importante sans la puissance et l’agilité de Cam Newton. Le centre Ryan Kalil et les guards Trai Turner et Andrew Norwell sont assez fiables, mais sur les extérieurs, les fantômes sont de sortie. Peut-être qu’un miracle va provoquer le réveil des tacles, mais si tout se passe comme prévu, le chef d’orchestre devra prendre ses jambes à son cou et courir pour sa vie.
Une idée confirmée par le niveau général des receveurs, puisque s’il faut lancer de façon précipitée, on ne voit pas quelle cible va se transformer en héros pour se démarquer en un éclair. Désormais orphelins de Kelvin Benjamin, surprenant pendant sa campagne rookie (73 réceptions pour 1 008 yards et neuf touchdowns), les Panthers placent pas mal d’espoirs en Devin Funchess, mais l’ex-pensionnaire de Michigan paraît un peu lent et devrait connaître des difficultés d’adaptation. En attendant sa possible éclosion, Corey Brown et Ted Ginn Jr. sont aussi rapides que brouillons et Jerricho Cotchery fait bien son âge (33 ans). Ce n’est donc pas la joie, bien qu’un recrutement dans cette section ne soit pas d’actualité.
Facteur(s) X : Si l’équipe a fini la saison régulière par quatre victoires, elle le doit majoritairement à Jonathan Stewart. Après le repos en semaine 12, le coureur a avalé 486 yards en 91 tentatives. Malheureusement pour lui et pour les siens, il est souvent gêné par des soucis physiques. Sur les trois dernières années, le running back de 28 ans a loupé 20 rencontres, trop pour pouvoir lui faire totalement confiance. S’il évite l’infirmerie en 2015-2016, il pourrait apporter cette dimension supplémentaire nécessaire pour viser loin. Sinon, il faudra donner les clés à Fozzy Whittaker, Jordan Todman ou Cameron Artis-Payne. Une configuration qui ne rassure pas grand monde.
Concernant la ligne défensive, Greg Hardy a certes fait ses valises, mais les qualités sont présentes. Seulement, Frank Alexander, suspendu quasiment tout l’an dernier, ne reviendra pas à cause d’une déchirure du tendon d’Achille, Star Lotulelei souffre du pied, Kawann Short a des problèmes avec son dos et Charles Johnson n’est pas non plus à 100%. L’incertitude est donc de mise, même si les 100 sacks cumulés sur les deux précédents exercices offrent de vraies garanties.
Calendrier : @Jaguars, Texans, Saints, @Buccaneers, Repos, @Seahawks, Eagles, Colts, Packers, @Titans, Redskins, @Cowboys, @Saints, Falcons, @Giants, @Falcons, Buccaneers.
En résumé : Jamais deux sans trois ? À l’approche de cette cuvée 2015-2016, les Panthers devraient être l’exception qui confirme la règle. Entre la triste blessure de Kelvin Benjamin, une ligne offensive plus que douteuse et des concurrents qui vont probablement se relever, décrocher un 3e titre de division d’affilée serait vraiment exceptionnel. Cam Newton va essayer de se sublimer pour faire briller ses partenaires et les emmener vers les sommets, mais ses efforts ne pourront résoudre toutes les équations. L’enchaînement Seattle, Philadelphie, Indianapolis et Green Bay mis à part, la relative facilité du calendrier peut tout de même permettre à Carolina de limiter la casse.
Le pronostic : 7 victoires – 9 défaites.