L’instant ciné : Two for the Money

Après une petite absence, L’instant Ciné revient cette semaine avec Two for the Money. Dans le monde des paris sportifs Brandon Lang (Matthew McConaughey) était le jeune quarterback talentueux d’une...

Après une petite absence, L’instant Ciné revient cette semaine avec Two for the Money.

Dans le monde des paris sportifs

Brandon Lang (Matthew McConaughey) était le jeune quarterback talentueux d’une équipe de 1ère division en NCAA. Promis à la NFL, le sort en a décidé autrement lorsque lors de son dernier match, il se fait briser le genoux sur un placage. Sa carrière était terminée avant d’avoir commencée. Il rentre alors dans la vie active et gagne une misère en enregistrant des messages vocaux pour un centre d’appel. Lui s’occupe des jeux concours en tout genre. Son collègue des paris sportifs étant malade, il le remplace sur le pouce et décide, plutôt que d’enregistrer ce qui était prévu, de faire ses propres pronostiques. Fin connaisseur de foot universitaire et professionnel, il connaît chaque petit rouage qui font qu’une équipe peut créer la surprise face à une autre. Il prévoit ainsi la victoire des Buccaners sur les Raiders lors du Super Bowl XXXVII, car le coach Jon Gruden, transféré d’Oackland à Tampa, savait bien comment jouer un tour à son ancienne équipe.

Il se fait alors remarquer par Walter Abrams (Al Pacino), pape des paris sportifs par téléphone qui le fait venir à New York. Walter voit tout de suite que les talents de pronostiqueur de Brandon, ajoutés à son côté playboy, sont véritable mine d’or. Il le forme aux techniques agressives de vente des entreprises de courtage et en fait la star de son show TV. Il ne sera d’ailleurs plus Brandon Lang, le bon gars de la campagne, mais John Anthony, le golden boy à qui tout réussit. Enchaînant les bons pronostiques, il joue ce rôle à plein temps et gère son portefeuille de clients d’une main de maître.

Mais tel Austin Powers, il perd son mojo au sommet. Seulement 4 bons résultats le dernier week end de saison régulière, 2 pour le premier week end de play off. La spirale de la défaite ne le lâche plus. Il a beau tout tenter pour retrouver ce qui a fait sa gloire, la chance le fuit comme la peste. Ses clients, dans le rouge, veulent lui faire la peau. La boite de son patron est au bord de la faillite. Il ne reste que le Super Bowl pour un coup de dés.

Les rapports compliqués entre Hollywood et Wall Streettwo-for-the-money2-470-75

Cela ne vous aura sans doute pas échappé, mais cette histoire vous dit sûrement quelque chose. C’est l’histoire hollywoodienne classique du jeune premier plein de valeurs qui débarque comme une fleur à New York et se fait aliéner par le monde de la finance au point de perdre tous ses repères moraux, d’oublier qui il est et d’où il vient. Si Hollywood a toujours aimé les bad guys, qu’ils soient gangsters, maris volages ou sociopathes en tout genre. Mais si ces derniers ont souvent une chance de rédemption qui leur est permise, ce n’est pas le cas des traders, banquiers, courtiers et financiers. Dans les films comme Le Loup de Wall Street, Le Bûcher des Vanités, Wall Street ou encore American Psycho, Hollywood n’adore rien tant qu’à faire chuter ces gens-là, montrer leurs travers, leur amoralité et la misère dans laquelle ils mettent les hommes. C’est qu’au début du siècle, les premiers gros producteurs se sont installés en Californie pour échapper au milieu plutôt hostile aux artistes et largement antisémite que représentait le monde de la finance New Yorkaise. Ces films sont une revanche et Hollywood accordera toujours plus facilement l’absolution au pire terroriste qu’au plus petit banquier véreux. Scorcese l’a accordé à Travis Bickle ou Jake LaMotta, pas à Jordan Belfort.

Un film digne de ces grandes fresques hollywoodiennes ?

Certainement pas. S’il en reprend la structure, Two for the Money n’en reprend pas la substance. Two for the Money est aux films de traders ce que la pâte à tartiner est au Nutella. Tout y est ici très édulcoré. En fait le gros problème du film est qu’il s’arrête à la surface. Il n’explique jamais en profondeur le monde des paris sportifs, ni celui du football ou les rapports qu’il entretiennent. A la place on a un triangle amoureux nul entre les deux compères et la femme de Walter (et étant donné que Walter et sa femme voient Brandon comme leur fils et que lui voit Walter comme le père qu’il n’a jamais eu, bonjour le complexe d’œdipe).

Les personnages sont assez plats. Al Pacino vient ici faire son numéro habituel de mec-pourri-usé-par-le-temps-qui-cherche-à-passer-la-main-et-faire-le-mentor bien loin des grands rôles qui ont fait sa gloire et Matthew McConaughey celui du jeune premier comme on en voit des dizaine chaque années. Même le gimmick de montrer les gens que le golden boy ruine est relativement raté. Quand Brandon se met à foirer ses pronos, son client l’appelle en pleurs parce que sa famille est ruinée… Alors que deux scènes plus tôt, lorsqu’il gagnait, on le voyait faire le mariole en Ferrari. On ne se dit pas « ho c’est terrible ce qu’il lui arrive » mais plutôt « ba écoute t’aurais mieux fait d’ouvrir un livret A a tes gosses plutôt que tout mettre dans des jantes alus ».

Après le film n’est pas mauvais, loin de là. C’est dynamique, clair, filmé sans incompétence. Il se laisse regarder. Disons que c’est le genre de film à mettre en faisant autre chose, pas ennuyeux mais vous ne serez pas perdu si vous ratez 1 ou 2 minutes.

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