L’instant ciné : The Express

Dans la galerie des « histoires vraies » adaptées au cinéma, il en est une immanquable en NFL, celle d’Ernie Davis. Courir pour échapper aux barrières… et mieux les briser Né...

Dans la galerie des « histoires vraies » adaptées au cinéma, il en est une immanquable en NFL, celle d’Ernie Davis.

Courir pour échapper aux barrières… et mieux les briser

Né en 1939 en Pennsylvanie, le jeune Ernie Davis (Rob Brown) est comme tous les jeunes garçons noirs de son époque : élevé par son grand père dans un milieu modeste et des bastonnades de la part des jeunes blancs, auxquelles il ne faut pas répondre pour ne pas devenir le « nègre violent typique ». A force de courir, il devient un sportif accompli. Football, Basket, Baseball, il excelle en tout. A la télé, il voit Jackie Robinson montrer au pays entier que les noirs peuvent devenir des superstars. A 17 ans, il déménage dans la ville d’Elmira. Les propositions des facs affluent pour le jeune running back. Une retient particulièrement son attention : Syracuse, fac du légendaire full back Jim Brown, l’idole de Davis. Après 4 années record, ce dernier part pourtant vers la NFL chargé d’amertume : aucun titre pour les Orangemen et surtout un Heisman Trophy qui ne revient toujours pas à un joueur noir. Davis doit reprendre le flambeau.

Mais le jeune joueur est loin d’être dans un conte de fée façon Hollywood où le jeune noir finit par trouver une équipe qui le respecte et un coach en avance sur son temps qui lui fera confiance malgré les préjugés. Syracuse est comme toutes les autres facs, raciste ; et les noirs sur le campus dénotent forcément. L’exigeant coach Ben Schwartzwalder (Dennis Quaid) n’a rien de spécialement progressiste, c’est juste qu’il « aime la victoire plus qu’il ne déteste les nègres » dixit le lineman offensif de l’équipe.

Dans cet environnement hostile, Davis devra faire ses preuves plus que tout autre. Ne pas céder face à une réalité qui revient sans cesse lui rappeler sa condition. Gagner le respect de ses coéquipiers et de ses adversaires. Devenir une star, l’Elmira Express. Il comprendra aussi qu’il n’est pas qu’un simple joueur de football. Comme ses modèles Jackie Robinson et Jim Brown, il est une icône politique. Il s’engagera au sein du mouvement des Civil Rights et tentera de faire comprendre à toute son équipe que l’on ne peut être passif. Que prendre des noirs dans son équipe n’est pas neutre, c’est faire partie de la lutte.

Davis félicité par JFK pour son Heisman Trophy

Davis félicité par JFK pour son Heisman Trophy

Très beau…

La direction artistique est très bonne et rend parfaitement les années 50/60, bien aidée en cela par la présence d’images d’archives des matches NCAA du jeune Ernie Davis. La photographie est belle, avec des couleurs virant vers le sépia sans saturer. Côté comédien, Rob Brown dans le rôle principal porte littéralement le film avec un jeu tout en nuances. Il est bien épaulé par un Dennis Quaid incarnant parfaitement le coach tiraillé entre ses préjugés, le bien-être de l’équipe, sa soif de victoires et le respect que lui inspire petit à petit Ernie Davis. Le reste du casting, composé de seconds couteaux est lui aussi très bon.

 … mais Formaté

Alors pourquoi est-ce que ce n’est pas le film de l’année ? C’est qu’il lui manque ce petit truc pour en faire un grand film. The Express, c’est un peu Invincible avec une histoire forte. Tout est bon, mais rien n’est excellent. Le film est parfaitement calibré et formaté pour répondre aux codes hollywoodiens. On ne sent pas la personnalité du réalisateur et l’impression de voir un robot qui exécute un cahier des charges. Le problème, c’est qu’on a déjà vu tout ça. Et ce, même au sein de cette chronique qui n’a qu’une dizaine d’articles. Les couleurs sépia, les acteurs bons sans pour autant crever l’écran, la BO rock-folk, les ralentis sur les actions chaudes etc. C’est du déjà vu mille fois dans quasiment tous les films de sports un peu tire-larme et adaptés d’une histoire vraie sortis dans les années 2000.

Classique et sobre

The Express n’est certainement pas le film le plus incroyable à voir sur le Football US, mais c’est probablement un de ceux qui raconte l’histoire « vraie » la plus belle et dramatique tant le parcours d’Ernie Davis est incroyable. Le film se « contente » donc juste d’être efficace. Un bon film donc, mais peu marquant.

Le plus

Profitez-en pour relire le portrait d’Ernie Davis paru l’année dernière.

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