Buffalo Bills : l’ombre d’un doute ?

Les Buffalo Bills sont-ils si sereins qu'ils devraient l'être ? La question se pose après la sortie médiatique de Brandon Beane

Buffalo Bills Brandon Beane McDermott

Quarterback MVP, l’un des effectifs les plus solides et complets de la ligue,… Tout semble au beau fixe pour les Buffalo Bills. Pourtant Brandon Beane, manager général, semble tendu. Et peut-être qu’il a des bonnes raisons de l’être.

Lundi matin, le manager général de Buffalo était l’invité d’une émission de radio locale. Ce qui aurait du être une simple formalité a pris une drôle de tournure avec un Beane qui est rapidement monté dans les tours

« J’écoutais les dernières minutes avant de passer à l’antenne, et cela ressemble encore et toujours à 2018 avec vous, les gars » commence le manager des Bills.

Après que le journaliste lui réponde « Comment ça ? » , le manager s’est lâché au micro :

« Et bien, vous aviez râlé en 2018 à propos de Josh Allen, vous vouliez Josh Rosen. Et maintenant, vous râlez sur le fait que nous n’ayons pas de receveur. Je ne comprends pas. Nous venons de marquer 30 points par match sur 8 matchs consécutifs. Il y a un an, vous demandiez pourquoi nous n’avions pas de receveur. Mais maintenant je ne comprends pas. Vous venez de nous voir être en tête des points marqués. Personne n’a marqué plus que Buffalo, même le champion en titre. Donc vous venez de nous voir faire ça sans Stefon Diggs. Le même groupe qu’aujourd’hui.

Comment ce groupe n’est pas meilleur que l’an dernier à la même époque ? Je ne pige pas. Notre job est de marquer des points et de gagner des matchs. Où avons-nous besoin d’être meilleur ? En défense. Nous venons de faire ça. Mais je comprends. Vous avez votre show et vous devez débattre sur quelque chose, mais le faire sur le poste de receveur est une des choses les plus débiles que j’ai entendu. »

Ambiance…

Si les hôtes de l’émission ont tenté d’apaiser la situation en évoquant ce qu’ils ont aimé dans cette sélection de 2025, Beane a remis une pièce dans la machine.

« J’ai compris. Soyons réalistes. Notre travail, ce n’est pas du football fantasy et juste lister les meilleurs receveurs. Vous avez Josh Allen. La première chose à faire est de le protéger. Vous ne pouvez tout avoir. Vous ne pouvez pas avoir des receveurs pro bowlers, une ligne offensive de pro bowlers, un quarterback all-pro et trois excellents coureurs… Bien sûr, j’aimerais jouer au fantasy football, mais il n’y a qu’un ballon. Vous ne pouvez pas le donner à autant de monde. »

Au passage, on appréciera le sempiternel « le foot ce n’est pas un jeu », chose qu’aucune personne extérieure à la NFL ne peut comprendre.

« On en est donc là. Je ne comprends pas ce sujet. Notre boulot est de marquer des points, peu importe quel receveur, quel quarterback. Si vous marquez des points comme on le fait, c’est comme cela que l’on gagne », conclut Beane.

Buffalo Bills : le besoin de gagner

Au-delà d’être d’accord ou non sur l’importance d’un top receveur, sur la possibilité ou non de payer plusieurs excellents joueurs, c’est surtout la réaction de Beane, dans un cadre aussi anecdotique, qui conduit à s’interroger.

Cette réaction n’est-elle pas plutôt liée à un sentiment d’urgence du côté de Buffalo ? Celui de retourner au Super Bowl. Ou d’y aller. Depuis 2020, les Buffalo Bills frôlent le retour au Super Bowl : 3 éliminations en division, 2 en finale de conférence.

Sur ces 5 éliminations, 4 l’ont été contre les Kansas City Chiefs. On pourrait même aller dans le sens du manager concernant les points marqués. 29 points en 2024, 24 en 2023 ou encore 36 en 2021. Des niveaux qui auraient du permettre à Buffalo d’avancer jusqu’au Super Bowl.

Encore plus frustrant pour Buffalo ? L’écart de niveau entre les effectifs, notamment sur les deux dernières confrontations, pourrait sembler en faveur des Bills.

Dans un sport avec un seul trophée par an, on peut légitimement penser que tout le monde ne peut pas gagner. Perdre avant le Super Bowl ne veut pas dire être mauvais ou avoir fait une mauvaise saison.

Sauf que dans une culture qui valorise, peut-être plus qu’aucune autre la notion de « vainqueur », seul le Super Bowl compte. Demandez son avis à Andy Reid, longtemps frustré avec les Eagles avant de trouvé la clé à Kansas City.

Vu sa réaction, Brandon Beane sent donc monter la pression. Il y a un besoin de gagner du côté des Buffalo Bills, pour la franchise, mais aussi pour Beane lui-même ?

Brandon Beane et Sean McDermott bons, mais suffisamment ?

La question peut paraître folle compte tenu des résultats collectifs des Bills. Avant Beane et le coach Sean McDermott, Buffalo vivotait en AFC Est et ne faisait peur à plus personne.

McDermott s’est imposé comme un des meilleurs coachs de la ligue. L’entraîneur tient parfaitement son groupe, Buffalo est rarement pris à défaut ou inexistant dans un match. Il a également su se remettre en cause en confiant l’attaque au coordinateur offensif Joe Brady en cours de saison.

Cependant, McDermott est aussi ce coach défensif qui voit son équipe sortir des playoffs à cause de sa défense depuis bien trop longtemps : 32, 27, 27, 42 et 38 points encaissés par les Bills lors de chacune des défaites en playoffs. Des résultats inacceptables et incompréhensibles par rapport aux saisons défensives des Bills.

Brandon Beane a d’ailleurs repéré cette faiblesse et la mentionne dans l’interview. Mais le manager sait-il vraiment quelle réponse apporter ?

Il est évident que Beane est un bon manager. Buffalo a un des effectifs les plus complets de la ligue et en 7 draft, les « busts » se comptent difficilement sur les doigts d’une main. Il sait aussi se montrer efficace pour prolonger ou attirer des joueurs ayant un effet positif sur l’effectif.

Mais à y regarder de plus près, et surtout en défense, quelle superstar ou joueur d’élite a recruté Beane lors de ses drafts ? Ed Oliver, AJ Epenesa, Cole Bishop, Gregory Rousseau, Boogie Basham, Kaiire Elam et Tremaine Edmunds ont été pris lors des deux premiers tours des différentes drafts réalisées par Beane.

Si Gregory Rousseau pourrait enfin atteindre son plein potentiel après une saison 2024 très intéressante, le reste illustre parfaitement le « bon, mais pas excellent ».
D’ailleurs, pour nos experts draft, la promotion 2025 des Bills rentre parfaitement dans ce moule.

Et c’est là que le bât blesse pour le moment. Si la NFL est un sport collectif, ce sont aussi les joueurs de très haut niveau qui font basculer un match. Chandler Jones, Von Miller ou même le tout jeune Jalen Carter peuvent en témoigner.

Oui, les deux hommes ont plus que remis sur les bons rails la franchise. Mais est-ce suffisant au moment de conclure ? Le doute peut s’installer chez quelques-uns après ces multiples échecs identiques et l’incapacité à trouver la bonne solution.

C’est peut-être ce que ressent Beane au début de cette nouvelle saison. Une saison qui pourrait bien être charnière dans l’histoire des Bills en cas de nouvelle défaite en playoffs.

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