
Chaque saison draft, le débat fait rage, faut-il préférer le potentiel athlétique démesuré au dépens des qualités techniques de certains joueurs plus polis. Chaque franchise, chaque manager général et même chaque fan a un avis bien tranché sur la question. Les postes les plus alléchants quand ces questions sont soulevées sont probablement ceux des hommes de ligne.
Attaque et défense se livrent des combats avant tout physiques et brutaux sur les lignes. Le paradigme est donc tentant, un bonhomme plus grand, lourd, puissant et rapide que les autres gagnera potentiellement bien plus de duels.
Dans l’histoire récente, depuis 2000, quelques choix du premier tour ont marqué les esprits. Dans le positif comme dans le négatif. Si l’on s’arrête aux choix numéro 1, les sélections et carrières de Travon Walker (DE, Jaguars), Myles Garrett (DE, Browns) ou Jadeveon Clowney (DE, Panthers) sont des allégories intéressantes de ces stratégies de draft.
Préambule : le RAS la métrique de référence pour la draft
Le RAS, acronyme pour Relative Athletic Score est une notation qui agrège toutes les mesures physiques et athlétiques d’un joueur. Cet agglomérat accouche d’une note sur une échelle de 0 à 10 pour un joueur en comparaison avec les autres à sa position.
Exemple : un linebacker avec un RAS de 7,5 fait partie du 75e percentile le plus athlétique à son poste dans la base de données (depuis 1987). Traduction, il est dans les 25 % des linebackers avec les meilleures mesures physiques et athlétiques.
Cette métrique est devenue la référence pour toutes les évaluations pré-draft. Elle offre un élément de comparaison rapide et efficace avec les autres joueurs d’une même draft ainsi qu’avec l’histoire.
Le premier tour de la draft est un marché aux monstres
Si on regarde la distribution par tour selon le RAS. On se rend compte que le premier tour est celui où transitent les joueurs les plus athlétiques, de loin. Depuis 2000, 71 % des joueurs du premier tour ont un RAS supérieur à 8 (653 joueurs avec un RAS sur la période). Dès le second tour, ce pourcentage descend à 56 %. Oui, les équipes NFL veulent des surhommes et cherchent des surhommes avec leurs choix premiums.
Si l’on s’attarde sur une analyse poste par poste, on retrouve une constante « logique ». Les choix sur des postes en désuétude au premier tour comme TE, RB ou LB sont corrélés avec le RAS. Il faut être vraiment au-dessus du lot athlétiquement pour être choisi très tôt lorsque l’on joue à ses positions.
Quid des hommes de ligne ? (cf infographie) il y a une vraie disparité selon les postes. L’intérieur de ligne est à la fois une priorité moins importante ; que cela soit pour l’attaque et la défense. Mais la corrélation est aussi bien moindre avec les profils athlétiques. Les extérieurs de la ligne sont les vrais tributaires de ces stratégies de draft.
Il faut drafter du solide.
Pour couper court au débat, oui, sélectionner des joueurs ultra-athlétiques sur les extérieurs de ligne a un meilleur taux de réussite que de prendre des joueurs tout aussi talentueux mais moins physiques.
En se focalisant sur les premiers tours des drafts récentes sur lesquelles il est néanmoins possible d’avoir du recul (2011-2020), l’évidence apparaît. Parmi les EDGE et les OT repêchés lors de ces événements, 91 au total, on retrouve 57 joueurs avec un RAS supérieur à 8 ; 25 joueurs avec un RAS inférieur à 8 et 9 joueurs sans RAS.
Après analyse de leur carrière, vis-à-vis des attentes de leur haut choix de draft, il est sommairement possible de répartir les joueurs dans deux catégories : « hit » ceux qui ont répondu aux attentes et « miss » ceux qui n’ont pas eu l’impact escompté. (+ Bradley Chubb difficile à classer)
Le RAS moyen des joueurs « hit » est de 8,89 pour 7,83 pour les joueurs « miss ». La différence est significative dans deux groupes équilibrés (46 et 44 joueurs). 76 % des joueurs qui ont fait/font une bonne carrière ont un bon profil athlétique. 41 % des joueurs qui ont déçu ont des capacités physiques et athlétiques moindres.
Redéfinir les critères
Pour aller plus loin dans la prise de décision, les staffs ont commencé à explorer des études plus pointilleuses. Effectivement, il se pourrait que la réussite des joueurs ne dépende pas de capacités athlétiques globales mais plutôt de certains marqueurs dépendants de la position du joueur.
Pour les hommes de ligne offensive, le short shuttle est un exercice du combine très corrélé avec la réussite des joueurs. Depuis 2010, 36 hommes de ligne ont enregistré un temps inférieur à 4,47 secondes. 31 d’entre eux ont été repêchés et ils ont été titulaires 80,1 % de leur match NFL.
Il reste maintenant pour chaque équipe NFL à trouver l’élément physique et athlétique déterminant pour chaque position. Si tant est bien qu’il existe. Dernier petit conseil, pour les nose tackle regardez le RAS.
It is Combine week.
We analyzed the impact of athletic testing by position looking at:
➖Average athleticism of draft picks
➖The correlation of athletic testing (RAS) with NFL success.We combined the results to rank them by importance.
The number one rank may surprise you. pic.twitter.com/sJVdKJROJf
— Gridiron Grading (@GridironGrading) February 27, 2025