La NFL peut-elle encore sauver les kickoffs ?

À la fois spectaculaires et dangereux, les kickoffs sont un véritable casse-tête pour la NFL. Après plusieurs modifications, la ligue espère avoir trouvé la formule pour les faire revivre.

Comme un boomerang, et malgré une retouche notable effectuée l’an dernier, le dossier des kickoffs a fait son retour sur la table de la NFL.

En 2025, en plus de pérenniser le kickoff « dynamique », les 32 propriétaires ont entériné une nouvelle modification de la règle, avec une position de départ suite à un touchback portée aux 35 yards. Une énième modification dans une phase de jeu essentielle.

Le kickoff, une phase de jeu en perpétuelle évolution

Revenons en 1920. Quatorze équipes de football américain, essentiellement issues du Midwest, décident de fonder une ligue professionnelle. L’APFA (qui deviendra la NFL 2 ans plus tard) voit alors le jour avec son lot de règles communes. Parmi elles, le kickoff : un joueur botte le ballon depuis ses 40 yards, et l’équipe adverse peut le retourner afin de déterminer sa position de départ. Aucune règle n’encadre alors la sécurité des joueurs. Les poteaux de but sont même situés au beau milieu du terrain (sur la ligne des 2 yards) ! Seul échappatoire pour les pauvres retourneurs, le touchback permettant de démarrer de ses 20 yards.

Extrêmement dangereuse, la phase ne semble pourtant pas déranger, puisqu’elle ne sera pas modifiée avant 1974. On note alors l’avancée du touchback à 25 yards, le placement des poteaux derrière la zone de but (enfin), et surtout le recul du kicker sur la ligne des 35. On entre dans l’âge d’or des kickoffs : environ 90% des coups de pied sont retournés cette année.

En 1994, et alors que les kickers deviennent de plus en plus performants, la ligue décide à nouveau de reculer le point d’engagement. Pari gagnant. De 68% de coups de pieds retournés en 1993, le taux remonte à 88% dès 1994. Mais les blessures flambent et la ligue prend conscience de la dangerosité de la phase. Plusieurs mesures sont prises, et les « murs » (wedge) de plus de 3 joueurs, ou les départs mobiles sont par exemple interdits.

Au milieu de ces modifications, c’est en 2011 que le changement le plus radical est opéré. Une décision qui va profondément bouleverser l’équilibre : revenir à l’engagement sur la ligne des 35 yards.

Plus de sécurité, moins de spectacle

Un rétropédalage lourd de conséquences. Alors que près de 80% des kickoffs étaient retournés sur l’année 2010, le taux chute drastiquement dès la saison suivante. Ce ne sont plus que 53,5% des kickoffs qui sont exploités dès 2011. Une dégringolade qui se poursuit en 2012 (51,3%), puis en 2013 où moins d’un coup d’envoi sur deux est retourné pour la première fois de l’histoire (48%).

Un point de rupture facile à expliquer : à une époque où tous les kickers de la ligue sont capables de botter sur plus de 65 yards, la question n’est plus de savoir si l’on peut aller chercher un touchback, mais s’il vaut mieux concéder un touchback ou risquer un retour. Et la réponse est facile.

Après une décennie morose, la NFL cherche donc des solutions. Avec le kickoff « dynamique », mesure temporaire en vigueur pour la saison 2024, la ligue a essayé de rendre la phase de jeu plus vivante tout en cherchant à protéger les joueurs. La couverture a été modifiée, empêchant les joueurs de bouger tant que le retourneur n’a pas la possession du ballon, et la position de départ suite à un touchback a été rendue plus punitive (sur les 30 yards adverses). Des changements qui ont porté leurs fruits, puisque 32,8 % des kickoffs ont été retournés la saison passée. Une amélioration par rapport aux faméliques 21,8 % de 2023, mais toujours le deuxième pire taux de retour de l’histoire de la NFL.

2025 : un nouvel espoir ?

Si le pari sur la sécurité des joueurs semble gagné, avec un taux de blessures désormais équivalent sur les phases d’engagement et de jeu traditionnel, il reste du travail pour redynamiser une phase de jeu devenue accessoire.

En ce sens, plusieurs propositions sont régulièrement revenues dans les discussions. Il a naturellement souvent été question de reculer la position du kicker, mais ces derniers ont tellement gagné en technique/puissance qu’il leur semble aisé de décrocher un touchback d’une distance de 70 ou 75 yards.

Une autre éventualité serait d’obliger les retours si le ballon ne sort pas des limites du terrain. Une solution spectaculaire qui pose néanmoins des questions de sécurité d’une part, et qui pourrait largement avantager l’équipe qui engage d’autre part (avec des kickers capables d’aller chercher le fond de la zone d’en-but, augmentant considérablement la distance de retour). C’est donc vers une autre voie que la NFL s’est dirigée.

En conséquence, la nouvelle position de la ligue est de faire démarrer l’équipe à la réception sur ses 35 yards en cas de touchback. Une position de départ avantageuse, qui incite mécaniquement les kickers à chercher une zone intermédiaire située entre l’en-but et les 5 yards adverses. Une mesure que défend Rich McKay, président de la commission des compétitions de la ligue.

« Selon moi, la solution la plus facile pour augmenter le pourcentage de retours est le touchback. Les  kickers sont très bons, et je ne pense pas que reculer la position du kick va avoir un impact. En revanche, je pense que les retours vont augmenter considérablement en ajoutant 5 yards supplémentaires au touchback. « 

Avec cette nouvelle règle, la NFL prévoit que le taux de retour des kickoffs se situera entre 60% et 70%. Un taux qui n’est pas sans rappeler celui que la ligue connaissait… avant 2011. Et qui dit augmentation du nombre de retours dit augmentation du nombre de blessures. Le serpent qui se mord la queue ?

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