Les Seahawks ont pris un risque. Changer d’entraîneur après une saison en 9-8, à un match des playoffs, deux ans après avoir laissé partir son quarterback star et reconstruit son équipe, est un luxe que bon nombre de franchises NFL ne penseraient pas à s’offrir. Qui plus est quand ledit entraîneur s’appelle Pete Carroll et reste sur 11 saisons gagnantes et 10 apparitions en playoffs en 14 ans, dont une victoire au Super Bowl.
En coupant Carroll, Jody Allen a sacrifié la sécurité pour viser les titres. À voir maintenant si Mike Macdonald est capable de faire franchir un palier aux Balbuzards.
Les tauliers
- DK Metcalf (WR)
- Charles Nwosu (EDGE)
- Devon Witherspoon (CB)
Dans une équipe qui a globalement déçu, DK Metcalf a tenu son rang, malgré les critiques. Avec 1114 yards à la réception et 8 touchdowns, le receveur semble avoir étoffé sa palette. À voir si le système de Ryan Grubb, le nouveau coordinateur offensif, pourra lui convenir.
Seul linebacker extérieur capable de contenir les courses adverses, Charles Nwosu n’est pas qu’une machine à sack. Sa blessure a coûté cher à son équipe dont la défense s’est désintégrée après sa blessure et sa capacité à revenir sera guettée.
Devon Witherspoon est lui le représentant d’une équipe où les jeunes ont pris le pouvoir. Le 5e choix de la draft 2023 est favori pour le titre de Rookie défensif de l’année. Le cornerback, capable de jouer nickel comme à l’extérieur, et précieux lorsqu’il blitze, reste une des seules satisfactions d’une défense qui a vraisemblablement coûté le poste de Pete Carroll.
Mention honorable à Tyler Lockett, toujours précieux même si moins prépondérant en attaque, et à Boye Mafe qui est une des rares satisfactions sur la ligne défensive. Kenneth Walker est également un bon joueur, mais la ligne de Seattle ne lui a pas laissé montrer son talent à la course.
Les indésirables
- Quandre Digggs / Jamal Adams (FS / SS)
- Will Dissly (TE)
48 millions : c’est le poids actuel cumulé des contrats de Quandre Diggs et Jamal Adams sur le salary cap de Seattle. Les deux joueurs pèsent à eux seuls plus de 17% du cap de leur équipe. Un poids non seulement exorbitant pour des safeties mais également terrible quand on considère des performances assez faibles sur le terrain où Adams est apparu dépassé pour son retour de blessure, alors que Diggs a connu une année difficile qui a montré une fois de plus sa faiblesse contre la course.
En l’absence de restructurations, voir les deux rester à Seattle paraît donc difficile. Sauf que ce n’est pas si simple, puisque le contrat d’Adams comptera au minimum pour 10 millions contre le cap (contre 26 s’il joue) et couper Quandre Diggs permettrait d’économiser 11 millions (sur 21). A voir si Macdonald souhaite prolonger Diggs (à qui il reste un an de contrat) pour diluer sa charge salariale et tenter de relancer enfin la carrière d’Adams.
Will Dissly n’a lui jamais vraiment évolué au niveau de son contrat (environ 8 millions par an). Le couper permettrait d’économiser 7 millions : dans une équipe qui a de gros besoins (voir ci-dessous) sans avoir aucun cap disponible actuellement, son statut de chouchou du public ne devrait pas le protéger.
Certains évoqueraient également Dre’mont Jones (DL), dont les performances n’ont pas été à la hauteur de ses 17 millions annuels, mais Seattle pourrait aussi parier sur un regain de performance de sa part après seulement un an dans l’équipe.
L’homme de l’été : Mike Macdonald (entraîneur)
Il était facile de vouloir le départ de Pete Carroll, il sera bien plus dur de le remplacer. Si l’intelligence tactique de Macdonald n’est pas à prouver et qu’une mise à jour tactique de l’équipe est attendue, il va devoir prouver sa capacité à gérer une franchise, ce qui était justement la grande qualité de son prédécesseur, capable de sortir des saisons correctes en toutes circonstances.
Le nouvel entraîneur des Seahawks a du pain sur la planche pour relancer la défense, une des 5 pires de la ligue. Il a des choix forts à effectuer pour redynamiser un effectif et réinstaurer une exigence qui semble avoir fait défaut aux joueurs cette année.
Il sera difficile pour Macdonald de faire l’autopsie d’une équipe qui ne va pas si mal que ça, même si elle donne l’impression constante de sous-performer, et ce quand bien même aucun de ses joueurs n’est une référence absolue à son poste. Les Seahawks sont une drôle d’équipe qui peuvent paraître à la fois solide et mauvaise sur le papier : peu de stars, et peu de joueurs dont le nom rime avec performance catastrophique. D’où la difficulté de faire mieux sans aller à l’encontre du bien, et l’importance d’un entraîneur qui tire l’équipe vers le haut.
Principaux agents libres
- Leonard Williams (DT)
- Bobby Wagner (ILB)
- Jordyn Brooks (ILB)
- Drew Lock (QB)
Arrivé cette saison dans un échange qui aura coûté un second tour pour 6 mois, Leonard Williams a fait sa partie pour mériter un contrat. Il risque d’être cher, mais il serait difficile pour Seattle de ne pas tenter de convaincre un joueur à un poste où la franchise est faible.
La situation des linebackers est, avec celle des safeties, la plus grosse épine dans le pied de la franchise. C’est simple, les trois joueurs capables de jouer à l’intérieur, Bobby Wagner, Jordyn Brooks et Devin Bush, sont agents libres, et seuls les deux premiers sont compétents.
A 33 ans, Wagner n’est plus le même joueur et sert de punching ball aux attaques de Sean McVay (Rams) et Kyle Shanahan (49ers) qui exploitent sa lenteur dans le jeu de passe, mais il reste un leader naturel qui a fait du bien dans la défense contre la course.
Jordyn Brooks a impressionné pour son retour de blessure, mais il n’est pas non plus une référence contre la passe, même s’il n’a sans doute pas été aidé par le schéma défensif de Clint Hurtt. Les Seahawks ont besoin de sang frais à ce poste. Il serait cependant difficile de repartir d’une page totalement blanche. Encore une fois, le choix de Macdonald sera crucial.
Les besoins
- Linebackers
- Ligne offensive intérieure
- Ligne défensive
- Safeties
- Tight ends
Pour aller plus haut, les Balbuzards doivent impérativement muscler leur jeu pour enfin s’imposer dans le combat physique, une priorité qui a été soulignée par Macdonald en conférence de presse.
Seattle doit donc impérativement se renforcer au poste de linebacker où l’après Wagner n’a jamais été géré ni préparé à l’intérieur. A l’extérieur, en imaginant que les Seahawks conservent leur 3-4 hybride, Nwosu est le seul joueur complet, à voir cependant si Macdonald arrive à donner un sens du jeu à Darrell Taylor. Malgré des progrès cette année, la ligne défensive manque de punch et de talent par rapport à ses rivaux de division.
En attaque, les Seahawks sont armés avec des skill players intéressants (Metcalf, Lockett Smith-Njigba en receveurs, Kenneth Walker et Zach Charbonnet en coureur), mais ils ne sont pas aidés par une ligne intérieure incapable de créer des espaces pour la course et friable en protection de passe. Damian Lewis et Phil Haynes, les guards titulaires, et le centre Evan Brown, sont agents libres. Derrière eux, Anthony Bradford (G) et Olu Oluwatimi (Centre) ont montré du potentiel, mais n’ont pas beaucoup joué. Au poste de tackle droit, la blessure tenace au genou d’Abraham Lucas pourrait forcer à considérer une alternative plus solide que Stone Forsythe.
Chez les tight ends, Will Dissly (voir plus haut) est menacé, Noah Fant est agent libre et ne sera pas une priorité. Colby Parkinson ne pourra pas faire l’affaire tout seul.
La cible : Tyrel Dodson (LB, Bills)
En imaginant la prolongation de Leonard Williams, Seattle aura déjà investi une quantité importante de sa faible marge de manœuvre dans l’intersaison, et les plus grands noms du marché paraissent intouchables.
La ligne défensive pourrait sembler être le besoin numéro 1, mais les Seahawks ont montré dernièrement, notamment avec Boye Mafe, et même si Derick Hall n’est pas encore une réussite, qu’ils savaient à peu près sélectionner des linemen défensifs.
Au poste de linebacker, c’est le drame. Si Jordyn Brooks est satisfaisant, il y a bien longtemps que la franchise n’a pas mis ses mains sur une référence à ce poste, et la cuvée 2024 ne s’annonce pas grandiose. En récupérant un linebacker solide comme Tyrel Dodson, auteur d’une incroyable saison 2023 avec Buffalo. Les Seahawks s’offriraient un avenir à ce poste et une amélioration défensive à des prix plus faibles que les edge rushers star. Associé à Jordyn Brooks (avec pourquoi pas Wagner en remplaçant), Tyrel Dodson formerait un duo cohérent permettant potentiellement de mieux contenir les attaques des Rams et des 49ers (0-4 l’année dernière).
Mention honorable à Jadeveon Clowney : déjà passé par Seattle, le joueur de 34 a effectué sa meilleure saison depuis longtemps avec Mike Macdonald à Baltimore. S’il n’est pas une solution de long terme, il permettrait d’améliorer instantanément la capacité des Balbuzards à contenir les courses extérieures. Justin Madubuike (DT, Ravens) serait un renfort exceptionnel aussi, mais pas sûr que les Seahawks puissent se le permettre.
La draft : Taliese Fuaga (OL, Oregon State)
QB or not QB, là est la question. Le cas Geno Smith divise. À 33 ans, Geno Smith ne sera jamais Patrik Mahomes et n’a plus beaucoup de saisons devant lui. De quoi laisser la tentation d’aller chercher un quarterback, notamment avec le joli choix 16 de l’équipe. Mais son contrat (25 millions/an) est tout à fait raisonnable compte tenu de ses performances, et les besoins sont nombreux : aucun quarterback de l’histoire n’aurait fait gagner ce groupe l’année dernière. En ne le coupant pas avant le 15 février, les Seahawks ont activé une clause lui garantissant 12 millions : Geno devrait être là en 2024.
Faire grandir un jeune lanceur sous son aile serait un choix judicieux, et ce d’autant que la légende dit que John Schneider a du flair en matière de lanceur, lui qui avait dépisté Russell Wilson avant de s’intéresser de très près à des joueurs comme Josh Allen ou Patrik Mahomes. Alors, en plus de resigner Drew Lock, qui pourrait ne pas coûter très cher, Seattle pourrait tenter le pari Michael Penix Jr., qui était en plus à l’université de Washington, sous les ordres de Ryan Grubb.
Mais de notre côté, on penche pour renforcer les lignes. Avec l’incertitude Abraham Lucas, les Seahawks se blindent sur la ligne offensive avec Taliese Fuaga (OL, Oregon State). Il aura la capacité de jouer tackle droit ou de renforcer considérablement le poste de guard si Lucas peut tenir son rang. De quoi notamment relancer un jeu de course à la peine, ce qui devrait être une des priorités tant de Macdonald que de Grubb au vu de leurs expériences précédentes.
Kamren Kichens (safety), et Jer’Zhan Newton (DL) sont également à surveiller.