Field Advisor : Le Mile High Stadium des Denver Broncos

Focus sur le premier domicile des Broncos.

Nouvelle structure, rénovation, future implantation… qu’importe l’avancée du projet, le stade demeure l’élément de base pour chaque franchise. Il représente à la fois un véritable moyen de pression auprès des municipalités et une extraordinaire machine à cash pour les équipes. Au cours de ce tour d’horizon, TDActu vous propose de découvrir les spécificités de chaque enceinte. Cette nouvelle phase vous emmène découvrir les illustres anciens, pour la plupart, disparus à l’heure actuelle, mais qui ont abrité les plus belles heures de la discipline.  

Direction les Rocheuses du Colorado pour nous plonger dans l’histoire du Mile High Stadium de Denver.

Informations

Nom : Mile High Stadium (1968-2001). Avant cela, Bears Stadium (1948-1967). Il a été construit pour accueillir les Bears, une équipe de ligue mineure de baseball, dans l’optique de voir arriver un jour une formation de ligue majeure. Ce ne fut le cas qu’à partir de 1993 avec l’arrivée des Rockies. Le bâtiment n’a alors servi que d’hôte temporaire en attendant la sortie de terre du futur Coors Field. Finalement, les Broncos ont été la première équipe professionnelle majeure à s’y installer en 1960.
Adresse : 2755 West 17th Avenue, Denver, Colorado 80204
Rénovations majeures :
1975-1977 (25 millions de dollars)
Équipes résidentes NFL :
Denver Broncos (1960-2000).

Propriétaire :
ville et comté de Denver (Denver Parks and Recreation).
Architecte :
Stanley E.Morse
Constructeur : Platt Rogers Construction Company

Surface : pelouse naturelle (1948-2000)
Toit : pas de toit
Capacité : 18 000 (1948-1959), 34 657 (1960-1961), 34 264 (1962-1965), 34 643 (1966-1967), 50 657 (1968-1972), 51 706 (1973-1975), 63 532 (1976), 75 087 (1977-1978), 75 092 (1979), 75 103 (1980-1981), 75 123 (1982-1983), 75 100 (1984-1985), 76 273 (1986-2001).
Suites :  77
Technique : un écran géant, une tribune rétractable à l’Est pour laisser la place au terrain de baseball.

Début de la construction : 1947
Inauguration : 14 août 1948
Coût : 500 000$
Premier match : 14 août 1948, Denver Bears – Sioux City Soos. Football : 2 octobre 1960, Denver Broncos – Oakland Raiders : 31-14.

Fermeture :
8 septembre 2001
Démolition :
janvier-avril 2002
Dernier match : 8 septembre 2001, Colorado Rapids – L.A Galaxy : 2-0. Football : 23 décembre 2000, Denver Broncos – San Francisco 49ers : 38-9

Le stade

La première version du Mile High Stadium, initialement appelée Bears Stadium, a été construite en 1948 et comprenait uniquement des tribunes à l’Ouest et au Nord sur un seul niveau. Ce Bears Stadium était destiné au baseball lorsqu’il a ouvert ses portes en août 1948. L’enceinte a ensuite subi plusieurs transformations au cours de son existence pour devenir l’une des plus grandes de la ligue à sa fermeture au début des années 2000. Ce n’est qu’en 1968 qu’il est devenu le Mile High Stadium, lorsque la ville et le comté de Denver ont pris en charge la propriété et la gestion de l’installation. À sa fermeture, le stade était en forme de fer à cheval dont les trois tribunes s’élevaient sur 3 étages en configuration football. Le tableau d’affichage principal était situé au-dessus du premier niveau de gradins, sur le côté Sud du stade. Le bâtiment était reconnu comme ayant l’un des publics les plus dévoués et les plus bruyants de la ligue. Les spectateurs présents martelaient les traverses métalliques afin de créer une atmosphère assourdissante.

Photo : Stadiums of Pro Football.

Un peu d’histoire

Conçu à l’origine comme un stade de baseball, le Mile High Stadium a été agrandi à plusieurs reprises au cours des années suivantes pour accueillir une équipe de football professionnel, les Broncos, mais surtout pour aider Denver à obtenir une équipe de ligue majeure pour la petite balle blanche. Il est ainsi devenu plus populaire en tant que stade de football professionnel, bien qu’il ait accueilli ces deux sports pendant la majeure partie de sa vie. Pendant près d’un siècle après la naissance des premières équipes locales dans les années 1860, le baseball survolait à peine la région. Jusqu’en 1958, St. Louis était la ville la plus occidentale et la plus méridionale des ligues majeures. À Denver, il y a eu de nombreux sites pour les matchs de baseball, mais lorsque la famille Howsam a acheté les Denver Bears de la Western League en 1947, elle souhaitait un meilleur stade que Merchants Park, avec plus de sièges. Le site choisi à l’initiative du propriétaire Bob Howsam était une décharge infestée de rats à l’Ouest du centre-ville de Denver au 2755 West 17th Avenue. Coïncidence, l’annonce des plans du futur bâtiment a été faite le 16 octobre 1947, exactement 46 ans avant le début des travaux de construction du Coors Field, futur domicile des Rockies de MLB.

En 1948, des fonds privés ont été utilisés pour bâtir l’édifice. 32 000$ ont été nécessaires pour acquérir le terrain. Une colline située à l’angle de la 19th et Clay Street a été nivelée pour accueillir des gradins et le stade a été baptisé Bears Stadium. La seule tribune présente reprenait la forme de l’aire de jeu. D’une capacité de 17 000 places, elle débutait du poteau de faute du champ droit pour revenir au marbre, et repartir jusqu’au poteau de faute à l’opposé. Le match inaugural s’est déroulé le 14 aout 1948 entre les Denver Bears et les Sioux City Soos devant une foule estimée de 11 000 personnes. Ce jour-là, le tout premier home run a été claqué par Luther « Bud » Phillips. Pour sa première saison sur place en 1949, les Bears émargeaient à 6600 spectateurs en moyenne par match, soit la plus forte affluence des ligues mineures.

L’équipe performait mais Hawsam voulait jouer dans la cour des grands. Il s’est associé à l’ancien manager général des Dodgers, Branch Rickey pour monter une équipe de ligue majeure dans les Rocheuses. Celle-ci verrait le jour en 1961 et elle évoluerait dans une troisième ligue principale qu’ils souhaitaient créer, la Continental Baseball League, composée de 8 équipes au total (Atlanta, Buffalo, Dallas / Fort Worth, Houston, Minneapolis, New York, Toronto et Denver). Pour y parvenir, le Bears Stadium a donc été agrandi avec plus de 8000 places ajoutées au Sud, portant la capacité à 23 100 places. Mais la MLB ne l’entendait pas de cette oreille. Plutôt que d’accepter un concurrent, elle a préféré étendre ses activités à Houston et New York en 1962, laissant Howsam avec des dettes et un stade bien trop grand pour une équipe de ligue mineure. Cherchant désespérément une solution, il est arrivé à la conclusion que la seule façon de récupérer sa mise était de prolonger la période d’activité du stade en accueillant du football dans ses murs.

En 1959, Denver a rejoint plusieurs autres villes sans équipes de football professionnel, créant l’American Football League. Les Broncos étaient nés. Avec eux, leur tristement célèbre uniforme usagé comprenant les chaussettes à rayures verticales jaune moutarde et marron. Pour le football, il a fallu encore ajouter des sièges sur le terrain de baseball. La première étape a été la construction d’une tribune au Sud. Pour fournir des places assises sur le côté Est du terrain, des gradins mobiles ont été installés pour la saison de football, augmentant ainsi la capacité à 34 657 places disponibles. Les Broncos y ont joué le premier match le 2 octobre 1960 contre les Raiders d’Oakland (victoire 31-14). Mais au cours des premières années, la cohabitation a posé des problèmes de calendriers, obligeant l’équipe de football a délocalisé quelques matchs à domicile au Hilltop Stadium de l’université de Denver jusqu’à la fin de la saison de baseball. Howsam avait misé beaucoup d’argent dans le bâtiment afin d’obtenir une équipe qui était censée générer des revenus. Mais avec l’endettement croissant, sa propriété a pris fin prématurément. En 1961, il a ainsi été forcé de vendre tous ses intérêts sportifs.

Le stade en 1968 (Photo : Denver Public Librairy).

Améliorations

En 1966, avec la fusion annoncée de l’AFL et de la NFL, le stade devait au minimum pouvoir accueillir 50 000 personnes si la franchise voulait avoir une chance de continuer l’aventure dans le monde professionnel majeur. L’année suivante, les Broncos étaient dans une situation compliquée lorsque les électeurs ont refusé une émission d’obligations pour construire une nouvelle enceinte. Mais les supporters locaux sont arrivés à la rescousse, en formant un groupe à but non lucratif appelé « DOERS ». Ils ont recueilli 1,8 million de dollars pour acheter le Bears Stadium à ses propriétaires privés et ont cédé le bien à la municipalité. En 1968, la ville et le comté de Denver sont devenus les nouveaux propriétaires des lieux, et ils en assureraient également la gestion au quotidien.

Construit à temps pour le début de la saison de football, deux étages ont pris place au-dessus de la tribune Ouest et une tribune permanente a également été érigée au Nord. 50 657 places étaient désormais disponibles au Mile High Stadium, nouveau nom choisi par la municipalité. Les années 1970 ont permis une expansion continue. Depuis la première saison dans la nouvelle ligue réunifiée, la popularité de l’équipe n’a cessé de croitre et toutes les rencontres se sont déroulées à guichets fermés. Pour faire face à l’afflux de demande, les électeurs ont cette fois accepté la demande d’obligations à hauteur de 25 millions de dollars pour agrandir le bâtiment en 1974. Les travaux se sont déroulés en deux phases, entre 1975 et 1977. En 1976, le nombre de places est passé à 63 532 avec la construction d’étages sur la tribune Nord, le long du couloir de 3ème base. Le gros du chantier d’expansion s’est terminé l’année suivante, avec la livraison d’un astucieux système de tribune mobile rétractable sur trois niveaux, le long du côté Est. Le Mile High Stadium pouvait alors accueillir 75 103 spectateurs. Dépliées vers le terrain, les tribunes formaient un fer à cheval en configuration football. En position rétractée, elles permettaient au stade d’accueillir un terrain de baseball de taille normale. Cette structure mobile mesurait 137 mètres de long, 61 mètres de large et pesait plus de 4082 tonnes. Elle se déplaçait de 44 mètres d’avant en arrière en fonction de l’évènement organisé. Pour cela, l’ensemble était positionné sur un système hydraulique composé de 163 paliers qui, en se remplissant, soulevait la structure des fondations. Une nappe d’eau de 8,46 millimètres se formait sous l’armature, et des vérins n’avaient plus qu’à pousser ou rentrer la tribune au rythme de 36 centimètres par minute. Il fallait ainsi près de 2 heures aux techniciens du stade pour déplacer les tribunes du début à la fin.

En 1986, 77 suites de luxe ont été ajoutées au sommet de la tribune Ouest, portant la capacité officielle à 76 123 places assises. Avec cet ajout, le Mile High Stadium était l’un des plus grands de la NFL. Au niveau baseball, les Bears, qui ont changé leur nom en Zephyrs en 1985, poursuivant l’aventure au sein du bâtiment jusqu’en 1992 lorsque la franchise a été déplacée à la Nouvelle-Orleans. Cette décision a été précipitée par l’attribution d’une franchise de ligue majeure, les Rockies du Colorado, après plusieurs décennies d’attente. Et durant la construction du Coors Field, les nouveaux venus ont établi leur camp de base au sein du Mile High Stadium. La grande capacité du stade, combinée à l’enthousiasme du public et aux prix les plus bas de la ligue en termes de billetterie, ont permis aux Rockies d’établir des records de fréquentation en MLB. Pour le tout premier match, l’équipe a attiré 80 227 fans le 9 avril 1993 (une victoire 11 à 4 face aux Expos de Montréal). À la fin de la saison, 4 483 350 spectateurs avaient franchi les tourniquets lors des 79 jours de matchs à domicile (dont deux doubleheaders), soit une moyenne de 56 751 par rencontre. Le record était sur le point d’être dépassé la saison suivante, avant qu’une grève ne vienne écourter la campagne (3 281 511 personnes en 57 rencontres, soit une moyenne de 57 570 par match). De ce fait, le stade n’a jamais connu de dernière officielle. L’ultime apparition reconnue s’est déroulée le 7 aout 1994 ; une défaite 6-2 face aux Dodgers de Los Angeles. À partir de 1995, les Broncos sont redevenus les seuls et uniques locataires des lieux.

Photo : Stadiums of Pro Football.

Fermeture

Le Mile High Stadium était aimé par les fans qui y ont vu jouer de nombreuses grandes équipes. Il était difficile pour eux d’imaginer que l’équipe allait déménager. Cependant, à la fin du XXème siècle, le propriétaire, Pat Bowlen, voulait un nouveau stade doté des mêmes équipements modernes que les autres enceintes de la ligue afin de rester compétitif au niveau financier. Le bâtiment était considéré comme dépassé, surtout en termes d’installations haut de gamme. Compte tenu de la dynamique du design des stades modernes et des impératifs économiques des sports professionnels dans les années 1990, le besoin d’un nouveau site était devenu évident.

Mais avant que de nouvelles installations puissent voir le jour, les électeurs des six comtés de la région de Denver devaient approuver le financement du projet. Celui-ci serait composé en très grande partie d’argent public provenant de l’augmentation d’une taxe de vente déjà en place, 25% étant à la charge de Pat Bowlen. Ce partage était controversé et les adversaires du stade ont décrit le projet comme faisant la part belle aux entreprises et aux VIP. Ils notent que Bowlen aurait le contrôle sur la quasi-totalité des revenus de l’installation, qui comprendrait au minimum 100 suites de luxe et 8 500 sièges haut de gamme. Ils ont insisté sur le fait que les retombées économiques seraient moindres pour les contribuables, aux vues du faible nombre d’années restant sur le bail qui lie la municipalité à la franchise. Celui-ci devait initialement se terminer en 2018.

Le 3 novembre 1998, les électeurs ont finalement approuvé le plan pour bâtir le nouveau stade. Situé sur 34 hectares dans la Central Platte Valley, le nouveau complexe devait être achevé en 2001 et serait à proximité du Pepsi Center, du parc d’attractions Elitch Gardens et de l’aquarium Ocean Journey. Le vieux Mile High et la McNichols Sports Arena à proximité seraient rasés. La construction a débuté le 17 aout 1999. Lors de la dernière saison au Mile High Stadium en 2000, les spectateurs pouvaient observer l’avancée des travaux. Le dernier match de football avant le déménagement a eu lieu le 23 décembre 2000 : une victoire tranquille 38 à 9 face aux 439ers. Au cours de leur histoire sur place, Denver avait battu toutes les franchises en visite, de l’ouverture à la fermeture du stade ; tout en étant resté invaincu face aux Cardinals (3-0), Ravens (1-0), Panthers (1-0), Packers (5-0) et Colts (5-0). Arrivés en 1996, les Colorado Rapids (MLS) ont été la dernière équipe professionnelle à jouer au Mile High Stadium ; une défaite 2 à 0 contre le L.A Galaxy le 8 septembre 2001. L’équipe de soccer devaient jouer le tout premier match professionnel dans le nouveau stade quelques temps après, mais le match a été annulé à cause des attaques terroristes du 11 septembre.

La démolition du Mile High Stadium a commencé en janvier 2002, dès la fin de la saison de football. L’événement a largement été couvert par les journaux locaux et diffusé en direct à la télévision. En raison de la construction unique du stade et de la proximité du nouveau bâtiment, il a été décidé de ne pas procéder à son implosion. La démolition a été effectuée par la Spirtas Wrecking Company de St Louis, et elle s’est achevée en avril. Le site sert désormais de parking pour l’Empower Field at Mile High.

Photo : Denver Post.

Évènements organisés

. Football : domicile des Broncos (AFL/NFL) entre 1960 et 2000. Domicile des Denver Gold (USFL) entre 1983 et 1985. USFL Championship Game le 17 juillet 1983.

. Baseball : domicile des Denver Bears/Zephyrs (AA/Pacific Coast League) entre 1948 et 1992. Domicile des Colorado Rockies (MLB) en 1993 et 1994.

. Soccer : domicile des Denver Dynamos (NASL) en 1974 et 1975, des Colorado Caribous (NASL) en 1978 et des Colorado Rapids (MLS) entre 1996 et 2001.

. Autres : les championnats de fanfare DCI (Drum Corps International) en 1977 et 1978, concerts, sermon du révérend Billy Graham en 1987 (« Rocky Mountain Crusade »), Journées Mondiales de la Jeunesse les 12 et 13 août 1993 en présence du pape Jean Paul II.

Le stade a été utilisé comme toile de fond dans le documentaire Bowling for Columbine de Michael Moore (2002) lors de l’interview de Marilyn Manson lors de la tournée Ozzfest de 2001.

Rencontres notables

. Divisional Round, saison 1977 : Broncos-Steelers : 34-21
Quel meilleur cadeau de Noël pour un fan des Broncos que la toute première victoire de leurs protégés en playoffs ?  Après une saison à 12-2, qui a vu les Broncos remporter leur premier titre de division, Denver accueillait Pittsburgh la veille de Noël.  À égalité 14 partout à la mi-temps, le quarterback des Broncos, Craig Morton, a enthousiasmé le public avec deux passes de touchdown : 30 yards pour Riley Odoms et 34 yards pour Jack Dolbin.  Sa dernière offrande a eu lieu dans le dernier quart-temps, portant l’avance des locaux à 13 points, et assurant ainsi la victoire.

 . Finale AFC, saison 1977 : Broncos-Raiders : 20-17
Peut-être le match le plus important de la rivalité, et sans doute la plus belle victoire de l’histoire de la franchise sur les Raiders. Les Broncos disputaient leurs premiers playoffs et les Raiders étaient les champions NFL sortants. Lors des confrontations directes en saison régulière, chacun avait remporté un match sur le terrain de son adversaire, mais cette fois, un ticket pour le Super Bowl XII à la Nouvelle-Orléans était en jeu. Oakland a ouvert le score, mais le quarterback local, Craig Morton, a trouvé le receveur Haven Moses pour un touchdown de 74 yards. Les Raiders n’ont pas lâché, mais ils n’ont jamais réussi à rattraper leur retard. Moses a terminé avec cinq réceptions pour 168 yards et deux touchdowns. Les Broncos ont gagné le match 20 à 17 et, la foule de Mile High a pris d’assaut le terrain pour célébrer la qualification avec les joueurs.

 . Semaine 15, Saison 1983 : Broncos-Colts : 21-19
Le premier chapitre de la légende de John Elway. Jusqu’au quatrième quart-temps de ce match en semaine 15, la saison rookie du quarterback était en dents de scie. Denver était à 3 victoires – 5 défaites lors de ses huit premières titularisations, et son évaluation statistique ne dépassait pas les 56,2, avec plus de deux fois plus d’interceptions (10) que de passes de touchdown (4). Bien qu’il ait réalisé son meilleur match une semaine plus tôt contre les Browns, il avait du mal ce jour-là, et les Colts dominaient largement (19-0). Elway et les siens se sont finalement réveillés au début du dernier acte. Une passe de touchdown de 21 yards vers Clint Sampson pour le touchdown a lancé la machine à 10 minutes du terme, puis Gerald Willhite a clos les débats avec 44 secondes restantes. Ces trois passes de touchdown en 10 minutes et 8 secondes ont étonné les Colts. Ils se sont retrouvés éliminés de la course aux playoffs par le quarterback qu’ils avaient sélectionné en première position sept mois et demi plus tôt, mais qui avait refusé de jouer à Baltimore. Dans l’autre camp, les Broncos fêtaient leur premier voyage en phases éliminatoires en quatre ans. Les retours au score ont été la marque de fabrique d’Elway durant toute sa carrière mais il n’est jamais revenu d’un retard plus important que celui-ci.

. Finale AFC, Saison 1987 : Broncos-Browns : 38-33
The Fumble. Cherchant à se venger de l’année précédente, au cours de laquelle les Browns avaient laissé Elway remonter 98 yards pour revenir à égalité avant de l’emporter en prolongation, Cleveland effectuait cette fois le déplacement dans les Rocheuses au même niveau de la compétition pour un remake de la finale AFC. Menés 38 à 31 à un peu plus d’une minute de la fin du match, les Browns tentaient de recoller au score et étaient bien positionnés sur le terrain pour y parvenir. Lancé, Earnest Byner allait franchir la end-zone lorsque le defensive back de Denver, Jeremiah Castille, a heurté le ballon, lui faisant perdre la possession. Castille a également récupéré le cuir, envoyant les Broncos vers un nouveau Super Bowl.

. Divisional Round 1989, Broncos – Steelers : 24-23
La magie de Mile High a encore frappé ce jour-là lorsqu’un fumble des visiteurs à la dernière minute a propulsé Denver vers sa 3ème finale AFC en 4 ans. Les Steelers avaient une avance d’un touchdown à la mi-temps, mais le retard a été rapidement comblé deux minutes après le retour des vestiaires. Suite à un fumble de Pittsburgh, John Elway s’est connecté à Vance Johnson pour une passe de touchdown de 37 yards (17-17). Les visiteurs ont ajouté un field goal dans les troisième et quatrième quart-temps, leur donnant une avance de six points.  À un peu plus de sept minutes de la fin du match, les Broncos ont récupéré le ballon sur leur propre ligne de 29 yards. Elway a mené les siens sur un drive de 71 yards qui a été couronné par le deuxième touchdown d’un yard au sol de Mel Bratton de la journée.  Pittsburgh a eu une ultime chance, mais celle-ci s’est évanouie lorsque Bubby Brister n’a pas su gérer le snap sur une 3ème & 10. Les locaux ont récupéré le ballon, assurant ainsi la victoire et plongeant les supporters de Mile High dans la frénésie.

. Semaine 2, saison 1990 : Broncos – Chiefs : 24-23
Connu pour son physique, Steve Atwater a apporté une dureté unique à la défense des Broncos. Le 17 septembre 1990, le safety a fait lever la foule de l’ancien Mile High Stadium lorsqu’il a mis un énorme tampon sur le running back des Chiefs, Christian Okoye. Connu comme le « Nigerian Nightmare », Okoye était l’un des coureurs les plus craints de la ligue. Mais il a perdu la bataille contre le « Smiling Assassin » ce soir-là, comme s’il avait heurté un mur de briques au moment de l’impact.

. Divisional Round, saison 1991 : Broncos-Oilers : 26-24
The Drive II. Ce 4 janvier 1992, les Broncos se sont qualifiés pour leur 4ème finale AFC en 6 ans, en venant à bout des Oilers dans l’un des matchs à domicile les plus palpitants de l’histoire de Denver. Un duel à distance entre les deux quarterbacks futurs Hall of Famers, John Elway (257 yards, 1 touchdown et 39 yards au sol) et Warren Moon (325 yards, 3 touchdowns). Les choses étaient mal engagées pour Denver. Les Oilers menaient 14 à 0 dans le premier quart-temps, mais les locaux possédaient en Elway l’arme fatale pour revenir au score. Le quarterback s’est connecté à Vance Johnson pour un touchdown de 10 yards avant que Houston et Moon ne réduisent au silence les 75 301 personnes présentes au stade ce jour-là en inscrivant un 3ème touchdown consécutif. Le dernier du jour pour les visiteurs. Denver a progressivement refait son retard pour recoller à 24-16 au début du dernier quart-temps. À 7 minutes de la fin, il n’y a plus eu qu’un point d’écart (24-23) lorsque Greg Lewis a inscrit son second touchdown au sol du match. Le tournant de ce drive ayant été la conversion d’une 4ème tentative sur les 41 yards de Houston. Pendant cinq minutes, aucune des deux équipes n’a pris l’ascendant. Puis, le punter de Houston, Greg Montgomery, a frappé un magnifique coup de pied de 44 yards sur sa seule apparition de la journée, acculant les Broncos contre leur ligne des 2 yards avec 2 minutes 07 à jouer. Trop de temps avec Elway aux manettes. Tous se souvenaient de la dernière série à Cleveland cinq ans auparavant. Deux quatrièmes tentatives réussies, Denver a remonté petit à petit tout le terrain, avec l’appui d’un public de plus en plus bruyant. Steve Sewell, a couru pour 10 yards et une première tentative. Deux jeux plus tard, David Treadwell est entré en jeu pour un field goal 28 yards. Le snap était bas, mais Gary Kubiak est parvenu à placer le cuir parfaitement. Le coup de pied est passé et les locaux ont mené pour la première fois de la journée à 16 secondes de la fin. Un court avantage synonyme de victoire finale et de qualification.

. Semaine 3, saison 1995 : Broncos – Redskins : 38-31
À égalité 31 partout en fin de rencontre, Denver a tenté le tout pour le tout pour l’emporter. Bien positionné dans sa poche, John Elway a envoyé une passe « Ave Maria » en direction de la end-zone. Jusqu’ici inconnu du grand public, Rod Smith a réalisé la première réception de sa carrière pour offrir la victoire aux Broncos. Un début de carrière incroyable pour un homme qui allait devenir le meilleur receveur de l’histoire de l’équipe.

. Divisional Round, saison 1996 : Broncos – Jaguars : 27-30
L’une des plus grandes surprises de l’histoire des playoffs. Peu de personnes s’attendaient à ce que les Jaguars aient une chance face à des Broncos tête de série numéro un de la conférence et largement favoris des bookmakers. Denver a pris les devants très tôt (12-0) avec un touchdown d’un yard au sol de Vaughn Hebron, puis un autre sur une réception de 18 yards de Shannon Sharpe. Mais les Jaguars, comme ils l’avaient fait la semaine précédente lors d’une victoire en Wild Card sur les Bills, sont revenus de manière étonnante avec cinq possessions positives consécutives. Trois field goals de Mike Hollis, un touchdown à la course de Natrone Means (8 yards) et un dans les airs de Keenan McCardell (31 yards), ont mis un coup de massue derrière la tête des coéquipiers de John Elway. Un touchdown de 2 yards de Terrell Davis a réduit l’avance des Jaguars à 3 points dans le dernier acte (23-20), mais derrière, Mark Brunell a offert le touchdown de la victoire à Jimmy Smith à 3 minutes 39 de la fin du match.

. Wild Card, saison 1997 : Broncos-Jaguars : 42-17
Le “Denver Broncos Revenge Tour” a démarré avec la réception des floridiens, où l’euphorie a changé de camp. Ce jour-là, ils ont gagné avec le plus grand écart (+25 points) dans l’histoire de la franchise et stoppé Jacksonville sur presque tous les fronts : deux fois plus de temps de possession (40 minutes 59 contre 19 minutes 01) et de yards gagnés (511 contre 237). Pourtant, ils se sont fait peur. Menés 21-0, les Jaguars ont inscrit 17 points consécutifs pour semer le doute dans l’esprit de leurs hôtes. Mais cette fois, Denver n’a pas commis les mêmes erreurs et ont hissé leur niveau de jeu. Offensivement, les Broncos ont piétiné la défense adverse avec un Terrell Davis inarrêtable (184 yards en 31 courses, et 2 touchdowns). Il n’était pas le seul. Le second running back, Derek Loville, qui a remplacé Davis lorsqu’il s’est blessé aux côtes en deuxième mi-temps, a gagné 103 yards en 11 portés, avec lui aussi deux touchdowns marqués. Ce n’était que la troisième fois dans l’histoire de la NFL que deux joueurs avaient couru plus de 100 yards lors d’un même match de playoffs. En plus du jeu au sol dominateur, John Elway s’est chargé de manger l’horloge et maintenir l’attaque des Jaguars hors du terrain en convertissant 16 de ses 24 passes pour 223 yards et un touchdown.

. Semaine 8, saison 1998 : Broncos – Jaguars : 37-24
La saison 1998 a été magique pour les Broncos et cet énorme coup de pied en faisait partie. Le 25 octobre, Denver menait confortablement (24-10) à l’approche de la pause. Juste avant le retour aux vestiaires, Mike Shanahan (HC) a décidé d’envoyer Jason Elam (K) pour une tentative de field goal de 63 yards, qui égalerait le record NFL du plus long coup de pied en cas de réussite. Elam s’est élancé et le cuir a traversé les barres sans sourciller. Il a ainsi rejoint Tom Dempsey (1970) des Saints comme co-détenteur de la marque de référence. Bien que le record ait été battu par un autre Bronco’, Matt Prater, l’exploit d’Elam semble toujours beaucoup plus excitant, car le record de Dempsey tenait depuis 28 ans.

. Semaine 17, saison 1998 : Broncos-Seahawks : 28-21
Le jour où Terrell Davis a franchi la barre symbolique des 2000 yards au sol. Denver a une longue histoire avec Seattle, puisque les deux équipes ont longtemps été membre de l’AFC West et elles s’affrontaient deux fois par an. La saison régulière s’est achevée avec ce duel intra-division mais, outre la victoire 28-21 des locaux permettant à Denver de réaliser son meilleur bilan, l’histoire retiendra surtout un nom : Terrell Davis. Ce jour-là, le running back est devenu le quatrième joueur de l’histoire de la NFL à parcourir plus de 2 000 yards au sol en une seule saison. Denver est resté fidèle à son plan de jeu et a donné le ballon à son coureur. 64 yards dans le premier quart-temps, 18 dans le second soit 82 yards au total à la pause. Dans le troisième, il a inscrit son seul touchdown de la journée ; une réception de deux yards. Mais plus important encore, il avait parcouru 51 nouveaux yards pour tenir en haleine l’ensemble des personnes présentes dans un 4ème quart-temps où la défense de Seattle commençait à montrer des signes de fatigue. La marque a finalement été franchie à neuf minutes de la fin, après une ultime course de 15 yards. Davis a quitté le match sous une ovation, terminant avec 178 yards au compteur sur la rencontre et 2 008 pour la saison. Le même jour, sa production lui a permis de récolter 6 413 yards en carrière, suffisant pour effacer des tablettes de la franchise le légendaire Floyd Little, qui avait établi le précédent record en 1975. Une année prolifique puisqu’il a également battu les records du nombre de portées (392), touchdowns à la course (21), touchdowns cumulés (23), points marqués (138), total de yards en cumulé (2 225) et matchs à plus de 100 yards (11). Suffisant pour être élu MVP de la saison.

. Divisional Round, saison 1998 : Broncos – Dolphins : 38-3
L’unique duel entre Dan Marino et John Elway en playoffs, si alléchant sur le papier, a finalement tourné court. Denver a écrasé son adversaire au sol (250 yards au total contre 14), et a marqué deux touchdowns sur ses trois premières séries offensives. Le ton a été donné dès le premier drive : 7 minutes 55, 92 yards en 14 actions et un touchdown. Les floridiens ne s’en sont jamais relevés. 66 yards en 4 jeux sur le second avec le même résultat à la clé. 21-3 à la mi-temps, Terrell Davis a de nouveau mis la tête des visiteurs sous l’eau dès le retour des vestiaires, avec une course de 62 yards sur la première action de la seconde période. Jason Elam a rajouté 3 points supplémentaires, avant que Denver ne rajoute 2 autres touchdowns dans le dernier acte pour clore les débats. Miami et Marino ne sont jamais rentrés dans la partie. Le quarterback a lancé pour 243 yards, mais n’a pu mener les siens à un seul touchdown et a été intercepté à deux reprises.

En chiffres

Matchs joués : 320, entre 1960 et 2000.

Bilan : Saison régulière : 307 matchs (191 victoires – 109 défaites – 7 nuls). Playoffs : 13 matchs (11 victoires – 2 défaites).
Premier match : 2 octobre 1960, victoire contre les Oakland Raiders 31 à 14.
Dernier match : 23 décembre 2000, victoire contre les San Francisco 49ers 38 à 9.

Leader à la passe : John Elway : 119 matchs, 2183/3736, 27 889 yards, 180 touchdowns, 112 interceptions.
Leader à la course :
Terrell Davis : 36 matchs, 760 courses, 3611 yards, 36 touchdowns .
Leader à la réception : Lionel Taylor : 48 matchs, 283 réceptions, 3657 yards, 26 touchdowns.

Meilleur match à la passe : Gus Frerotte (Broncos, 19 novembre 2000) : 36/58, 462 yards, 5 touchdowns, 4 interceptions.
Meilleur match à la course :
Terrell Davis (Broncos, 21 septembre 1997) : 27 courses, 215 yards, 1 touchdown.
Meilleur match à la réception : Stephone Paige (Chiefs, 17 septembre 1990) : 10 réceptions, 206 yards, 2 touchdowns.

Record d’affluence : 76 197, le 17 janvier 1987 : Denver Broncos – Cleveland Browns.

Fun Facts

En 1975, la statue de Bucky, l’emblématique cheval blanc de 7,31 mètres, a été positionnée au sommet du tableau d’affichage du stade. Denver avait demandé à Roy Rodgers la permission d’obtenir une réplique de Trigger, le cheval qu’il utilisait dans ses films, pour l’exposer au stade. L’acteur de Western a accepté, à condition que la nouvelle statue ne soit pas nommée « Trigger ». Les fans des Broncos ont été interrogés par le Denver Post pour choisir un autre nom, et « Bucky » a été déclaré vainqueur. Peinte en blanc pour correspondre au logo de la franchise, la statue est restée au sommet du tableau d’affichage pendant 25 ans avant d’être déplacée dans le nouveau stade. Elle mesurait 8,2 mètres pour 730 kilos.

Le site de l’ancien stade est désormais un parking depuis sa destruction en 2002. Au niveau de l’emplacement J, il existe aujourd’hui le « Mile High Monument ». Cette petite aire de jeu est une reproduction au 1/8 du Mile High original. Elle présente les moments importants de l’histoire de cette enceinte au travers de panneaux commémoratifs. Pour rendre hommage au baseball, l’emplacement du marbre a été identifié par un marqueur situé aux coordonnées 39°44′47″N 105°01′19″W.

Photo : Denver Post.

La tribune Sud du Mile High Stadium avait, pendant de nombreuses années, la réputation d’avoir les fans les plus bruyants. Bien qu’elle n’ait pas été comparable aux stades d’autres villes en termes de chahut ou de mauvais comportement, elle accueillait néanmoins certains des fans les plus ardents des Broncos. Malgré les espaces ouverts entre les tribunes Sud, Est et Ouest, ils réussissaient à générer un impact considérable sur le niveau sonore du stade en piétinant les marches métalliques.

Qui a été le premier cheerleader masculin de l’histoire des Broncos ? Réponse : Robin Williams ! Lors d’une victoire à domicile en 1979, l’acteur s’est présenté avec des bottes et une mini-jupe scintillante. Avec ses pompons, Williams a rallié 74 000 fans à son personnage extraterrestre de Mork dans la sitcom populaire « Mork & Mindy » sur ABC. Quatorze jours plus tard, des images sont apparues dans un épisode de la saison 2.

Entre 1977 et 2007, le super-fan Tim « The Barrel Man » McKernan a assisté à chaque rencontre à domicile en ne portant que des bottes, un chapeau de cow-boy et un tonneau orange soutenu par des bretelles.

Photo : KDVR.com.

Partagez cet article sur : Twitter Facebook
Afficher les commentaires